Face aux scènes et messages obscènes de Canal+ qui polluent les ménages, Yaoundé est au banc des accusés.
Depuis quelques jours, des voix se lèvent dans le milieu de la presse pour dénoncer la puanteur des contenus homosexuels diffusés sur des chaînes du bouquet Canal+ au Cameroun. Les organes chargés de la régulation et de la censure des productions médiatiques se taisent dans un silence de cimetière. Les ministères de la Promotion de la Femme et de la Famille, de la Communication, de la Jeunesse et de l’Education physique ne se sentent pas concernés par les dérives sexuelles qu’engendrent ces films, et bandes dessinées sur la jeunesse.
Journaliste et enseignant de Journalisme, Charles Cacharel Nforgang, se souvient que « le Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) a travaillé un moment sur la problématique Canal + à la suite des plaintes de certains de nos membres dont un est par ailleurs Directeur d’un groupe de presse. J’avais été mandaté pour travailler sur la question et nous étions arrivés à la conclusion qu’il fallait engager une action contre Canal +. »
Conseiller en ingénierie musicale, Houajié Nkouonkam pense qu’il faut interroger les choix sociétaux que le politique opère au Cameroun. Aussi, « j’en veux au Snjc parce qu’il ne fait pas assez pression. On ne voit pas le contre-pouvoir qu’il exerce par rapport à cette déviance qui attaque notre civilisation. Les médias ont le pouvoir. Je ne connais pas de vrai dossier que le Snjc ait fait sur cette affaire. Vous avez une émission sur le bouquet Canal + Afrique, Canal 450 Dorcel Tv Africa. Tous les jours, il y a un talk-show d’une camerounaise qui passe de minuit à 6h, où les Camerounais viennent raconter leurs vies déviantes, les lesbiennes et les homosexuels racontent leurs ébats. Il y a même des diffusions de films pornographiques camerounais. Vous ne verrez pas ça sur le bouquet en Europe. Mais chez nous, on laisse faire. 99% des séries européennes jeunes, diffusées chez nous ont des messages homosexuels.»
Pour des observateurs, si les instances compétentes ne veulent pas interdire ces contenus, la parade serait de rendre compétitif le cinéma camerounais. En la matière, l’entreprise camerounaise Cinaf s’est établie. Cinaf se targue d’être le roi du streaming vidéo pour les films et séries africaines. Sa chaîne de télévision couvre 43 pays en Afrique francophone. Son application (www.cinaf.tv ) enregistre à ce jour 360.000 téléchargements, 450.000 utilisateurs. Sa page Facebook compte 688.000 abonnés. Qu’est-ce qui explique que les opérateurs économiques camerounais ne fassent pas de cette structure, le Nollywood du Nigéria, qui a réussi à dompter l’Afrique ?
« La seule chose qui peut permettre que les hommes d’affaires s’intéressent et financent le cinéma ou la culture, c’est que l’Etat du Cameroun mette la culture dans une considération patrimoniale. En faisant du sport un patrimoine, les Hommes d’affaires ont commencé à y investir. Le jour où l’Etat va se rendre compte que la culture est aussi un patrimoine, les investisseurs vont commencer à y mettre de l’argent et tout changera », explique l’opérateur culturel et promoteur des Rencontres audiovisuelles de Douala (Rado), Rémi Atangana Abega. Et de poursuivre : « Mercredi, au colloque du Rado, l’OIF –organisation internationale de la Francophonie, ndlr- a soulevé une question centrale : ‘‘Qui décide lorsqu’on doit faire un film ?’’ La réponse : c’est celui qui finance. Vous avez des gens très haut placés au ministère de la Culture qui vous disent que pour un projet, il vous faut aller chercher de l’argent ailleurs. Chez qui faut-il aller chercher cet argent ? Comme si les autres étaient plus intéressés par la culture camerounaise que nous-mêmes. L’argent de l’Union européenne c’est l’argent des Etats ; l’argent de la Coopération française c’est l’argent des Etats ; l’argent de l’Unesco c’est l’argent des Etats ; l’argent du Burkina Faso pour organiser le Fespaco c’est l’argent de l’Etat. Il n’y a qu’au Cameroun où l’Etat n’a certainement pas envie de voir son argent dans sa culture. »
Houajié Nkouonkam soutient la même idée : « Les séries que Canal+ financent ont des contenus homosexuels. On finance une production pour des idéaux qu’on veut passer à travers la culture. C’est ça le soft power. » Quant aux Hommes d’affaires camerounais, « sans accuser quelqu’un, je pense qu’il faudrait espérer qu’ils ne soient pas des adeptes de cette déviance. Parce quelqu’un ne peut pas combattre chose qu’il pratique. »
Valgadine Tonga
Source: La Voix du Koat
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