Sa grand-mère a été violée, puis tuée le 10 septembre 2018, sous son regard impuissant.
Paul Tetka est un jeune Camerounais déplacé interne que nous avons rencontré dans la ville de Mbouda, frontalière avec Bamenda, dans le Nord-ouest du Cameroun.
Comme des millions de personnes qui subissent au quotidien les affres de la crise anglophone, il est terrifié à l’idée d’y remettre les pieds un jour.
Son histoire tout aussi bouleversante que révoltante, lui fait perdre la tête constamment. Il vit dans une peur constante : celle de faire à nouveau face aux ambazoniens, qui ont ôté la vie à sa grand-mère et le conjoint de cette dernière.
Les mains sur la joue, les yeux remplis de larmes, il balbutie quelques mots afin de nous raconter ce qui s’est passé : « J’ai refusé de prendre les armes pour rejoindre les rangs des ambazoniens et ils ont tué ma grand-mère ainsi que son mari, sous mes yeux, question d’intensifier leurs menaces ».
Paul Tetka n’a pas connu ses parents. Depuis tout petit, c’est sa grand-mère maternelle qui a pris le soin de l’élever et de l’éduquer. Il a vécu avec ces derniers depuis pendant 15 ans, à Manka, une petite localité où ne vivent que 1 553 âmes.
Difficile pour ce dernier de vivre avec ce traumatisme qui lui rappelle à chaque fois qu’il aurait pu prendre les armes et épargner la vie de ses tuteurs.
« C’était terrifiant. Ils ( les ambazoniens Ndlr) étaient au nombre de quatre. Après avoir roué le mari de ma grand-mère de coups, l’un d’entre eux ne s’est pas gêné de violer ma Mami et un autre s’est chargé de leur lettre des balles dans la tête.»
Paul Tetka a eu la vie sauve le 10 septembre 2018 après avoir eu le réflexe de s’enfuir et de se réfugier dans une fosse à 1km de leur maison.
« Lorsqu’ils ont su qu’ils ne pouvaient plus me rattraper, ils sont rentrés chez nous et ont mis le feu à notre maison avec mes tuteurs à l’intérieur. Je n’ai pas pu les enterrer, ni les revoir pour une dernière fois. J’ai pu par la grâce du Seigneur me faire aider par un frère qui m’a porté jusqu’à Mbouda alors que je n’avais même pas un seul sous sur moi ».
Aujourd’hui, le jeune garçon doit sa survie à la générosité des villageois qui lui ont prêté une maison abandonnée afin qu’il s’y installe le temps de trouver un endroit où partir.
Simon Keng
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