C’est à se demander si le ciel est tombé sur la tête de près de 300 familles, occupants légaux, plongées permanemment dans l’angoisse. L’Etat devrait se pencher sur ce problème qui ne concerne pas uniquement la localité de Ngoma, mais qui devient itératif sur toute l’étendue du territoire national.
Ahurissement, colère, invectives, désolation. Ces ressentiments sont devenus le quotidien des populations de cette localité située dans l’arrondissement de Douala 5ème depuis quelque temps au regard de la tournure que prennent les évènements et au lendemain de l’introduction au Mindcaf d’un recours gracieux en vue de l’annulation du titre foncier 36540/W.
Pourtant, à la considération de la correspondance n°029217/Mindcaf/A100/A110/BE du 23 juillet 2024, Ref : Lettre n°005596/L/MINDCAF/A100/A110 du 7 février 2024, du ministre des Domaines, du cadastre et des affaires foncières (Mindcaf) à Maitre Madoum Marie Noël, conseil de Monsieur Beak Maurice, ayant en objet : « Recours gracieux aux fins de l’annulation de l’arrêté n°4210/MINDCAF/A100/A110 du 21 juillet 2023 portant réhabilitation du titre foncier n°36540/W », un espoir était perceptible. Ce d’autant qu’on pouvait y lire : « Faisant suite aux instructions contenues dans ma lettre citée en référence relative à l’affaire dont l’objet repris en marge, j’ai l’honneur de vous faire connaître que Monsieur Bell Emmanuel, cadre à la Direction du Cadastre du Mindcaf, a été désigné pour effectuer un état des lieux exhaustif du site en cause à l’effet de déterminer les mises en valeurs présentes sur le site ainsi que leurs auteurs ». Mais jusque-là, cette « piste » ne semble avoir prospéré. Près de 300 propriétaires installés sur 148 hectares du titre foncier n°36540/W dans cette partie de la ville, sont en permanence dans l’angoisse à la seule idée de penser qu’ils peuvent du jour au lendemain, être dépossédés de leur bien le plus cher si jamais cette annulation de titre foncier datant de 2007, était effective. D’ailleurs, pour ces derniers, une décision d’annulation de ce titre foncier collectif obtenu en 2007, serait injustifiée.
Le grabuge qui sévit à Ngoma, selon toute vraisemblance, serait à mettre à l’actif du jeu trouble(multiples ventes d’un même espace) que mènent les enfants d’anciens vendeurs de terrain et par des personnes venues d’autres régions du fait des guerres d’indépendance. Un aspect que partage largement le promoteur immobilier Maurice Beack. Ceci suite aux déclarations de certains qui estiment que le titre foncier 36540 avait annexé leurs mises en valeur et quand bien même, il avait abrogé la partie concernée. « Nous sommes surpris », s’entend-on dire.
A la considération des failles mises en lumière du système foncier camerounais autant qu’il soulève des questions sur la protection des droits de propriété, la réaction du chef de l’Etat à travers la décision du 23 juillet 2024, via le Secrétaire général de la présidence de la République, a ordonné la création d’une commission mixte gendarmerie-police pour un cas s’étant produit à Yaoundé. Ce qui devrait s’appliquer sur tous les autres cas similaires. Car des situations d’atteinte à la propriété foncière impliquant le ministère des Domaines, du cadastre et des affaires foncières (Mindcaf) ne se limitent pas seulement sur la période 2020-2024 concernée par l’ordonnance du chef de l’Etat. Au regard de la vitesse avec laquelle agissent les prédateurs fonciers agissant soit avec la complicité de « supposés » propriétaires terriens, soit avec la complicité de certains administrateurs et autres responsables du Mindcaf, il y a à craindre que beaucoup de familles se retrouvent dans la paille. Et bonjour les soulèvements populaires.
Martin Paul Akono
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