Chassé de ses terres ancestrales depuis 1963 par arrêté préfectoral, ce peuple a mené des actions sur le terrain afin de voir sa communauté retourner aux sources. Un souhait qui, malgré les batailles, tarde encore à se réaliser. En réaction à cette situation, les Banen, à travers l’association Munen retour aux sources, ont organisé une messe d’action de grâce le dimanche 15 décembre 2024 à Douala, pour demander à Dieu de prendre le relais à leur place.
Quelques membres de l’association Munen retour aux sources.
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Forêt d’Ebo au Cameroun : le peuple Banen confie son destin à Dieu

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Chassé de ses terres ancestrales depuis 1963 par arrêté préfectoral, ce peuple a mené des actions sur le terrain afin de voir sa communauté retourner aux sources. Un souhait qui, malgré les batailles, tarde encore à se réaliser. En réaction à cette situation, les Banen, à travers l’association Munen retour aux sources, ont organisé une messe d’action de grâce le dimanche 15 décembre 2024 à Douala, pour demander à Dieu de prendre le relais à leur place.

La forêt d’Ebo, située en partie dans la région du Littoral et du Centre (département du Nkam, de la Sanaga maritime et Mbam & Inoubou, arrondissement de Yingui, de Ngambé et de Ndikiniméki), est depuis plusieurs années le théâtre d’un litige foncier qui a causé le déguerpissement des Banen, principal peuple qui y vivait. Le conflit dans cette forêt de plus ou moins 2000 Km² remonte en 1963, lorsque le préfet de l’époque, Ferdinand Koungou Edima, a signé l’arrêté préfectoral N⸰ 135/DNK du 31 juillet 1963 faisant de ce vaste territoire une zone interdite. « Les 27000 âmes qui y vivaient ont été chassées manu militari. Ceux qui montraient des velléités de résistance ont vu leurs maisons brûler avec tous leurs biens », apprend sa Majesté Victor Yetina, chef du village Ndikbassogog 1-canton Lognanga et par ailleurs, président de l’association Munen retour aux sources.

Ces populations essentiellement agricultrices vont d’abord se réfugier à Esseing dans la Sanaga maritime, à Ndokbassaben dans l’arrondissement de Ndikinimeki ; à Iboti et Maninga Makombè dans l’arrondissement de Yingui avant de se disperser dans les quatre coins du Cameroun. En 2002, une population résiduelle de gorilles est découverte dans cette forêt par la biologiste anglaise en service à cette époque au zoo de San Diego (USA), Bethan Morgan. Suite à cette découverte, le World wide fund for nature (WWF) a saisi en 2006 le gouvernement camerounais pour un projet de parc national dans cette forêt. Les Banen s’insurgent contre et le projet est aussitôt rejeté par le gouvernement camerounais.

Le repos ne sera pas de très longue durée pour le peuple Banen. Le 14 juillet 2020, le Premier ministre va signer le décret N⸰ 2020/3216/PM, portant classement au domaine privé de l’État d’une portion de forêt de 68385 hectares constituée en unité forestière d’aménagement dénommée UFA 07 006. Ledit décret sera retiré le 6 août 2020, par le Premier ministre sur instruction du président de la République, Paul Biya. Loin de toutes attentes, « le 27 avril 2023, alors que les faits qui ont prévalu au retrait du précédent décret n’ont pas changé, un autre décret, copie conforme de celui qui avait été retiré est à nouveau servi à la communauté Banen de la forêt d’Ebo », renseigne sa Majesté Victor Yetina. C’est donc en réponse à tous ces évènements que l’association dont il est à la tête a organisé une messe d’action de grâce dimanche 15 décembre 2024, à l’église baptiste du Cameroun, située au quartier Pk 9, dans la capitale économique camerounaise.

Pourquoi une messe d’action de grâce ?

« Le but premier c’est remercier Dieu pour avoir veillé sur nous depuis la création de notre association. Nous croyons que toutes les actions que nous avons menées jusqu’ici, c’est grâce à sa main. C’était aussi l’occasion pour demander à Dieu de prendre le relais à notre place, de toucher le cœur de nos dirigeants pour qu’ils comprennent que ce qui va se faire là-bas, c’est une injustice vis-à-vis du peuple Banen et donc, il faudrait que ce décret soit retiré comme le premier », a expliqué le président de cette association.

Pour lui, classer ces terres dans le domaine privé de l’État reviendrait à dire que « nous n’aurons plus de terres à nous. Les Banen seront des apatrides dans leur propre pays ».

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