Exclue définitivement du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) le 13 juillet 2023, Michèle Ndoki crache enfin la vérité.
C’est dorénavant un secret de polichinelle. Le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le Pr Maurice Kamto n’a pas gagné l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. Le tissu de mensonge créé de toutes pièces par l’ancien ministre délégué chargé de la Justice et soutenu par ses partisans au lendemain du scrutin, alors que le dépouillement des votes était encore en cours, s’est écroulé comme un château de carte.
Le slogan de « président élu » a de plus en plus de mal à passer dans les médias et les réseaux sociaux. Plusieurs cadres qui ont quitté le navire pour éviter le naufrage pour certains, exclus pour d’autres, délient leurs langues. Le cas le plus récent vient de Michèle Ndoki. Après plusieurs mois de tension, la vice-présidente du parti dirigé par Maurice Kamto a définitivement été exclue le 13 juillet 2023 pour son « refus de se conformer à la ligne politique et à la discipline du parti », selon la décision de la direction du MRC. Plusieurs leaders d’opinion bottent en touche ce motif et soutiennent la thèse de la volonté de Ndoki à candidater pour la présidence du parti.
Depuis son exclusion, l’avocate au barreau du Cameroun a décidé de passer à table et de révéler la vérité sur le prétendu hold-up de 2018. Dans un entretien accordé à la journaliste Mimi Mefo, Michèle Ndoki, revenant sur la présidentielle d’octobre, éventre le mensonge : « Nous à Douala, avec tous les procès-verbaux, avions fini nos compilation autour de 10h du matin. A 15h, Maurice Kamto annonce ‘’on m’a donné un pénalty à tirer, je l’ai marqué’’. Ça c’est l’annonce officielle à nous, à l’intérieur du parti. Il nous dit ‘‘effectivement j’ai gagné les élections présidentielles’’. Quelque chose me dit, nous avons eu à peine le temps de lui envoyer les résultats de Douala, comment il a fait pour Kolofata, pour l’Extrême Est, pour le Sud’’. Mais je ne peux pas m’interroger. Je le crois, parce que nous sommes des millions à l’avoir cru… Sauf que quand le gouvernement commence à dire qu’il n’a pas le droit de publier les résultats, je me rends compte que c’est parce que le gouvernement lui-même n’a pas les vrais résultats en ce moment-là, alors qu’il a trois représentants dans les bureaux de vote (représentant du RDPC, d’Elecam et de l’administration). Ce que je dis c’est que le MRC n’a jamais eu les résultats qui justifiaient que le président Kamto avait gagné les élections. Deux semaines plus tard, quand je prépare les plaidoiries que je vais défendre au Conseil Constitutionnel, la première chose que je fais c’est de demander les résultats des Pv. Je sais que les résultats dans le Wouri et dans le Littoral en général ne sont pas contestables. Et vous noterez qu’ils n’ont jamais été contestés parce que nous avons nos propres Pv qui disent la même chose que ce qui a été publié. Mais je n’ai pas les Pv des autres départements. Je les demande. Et je vais passer les 36 prochaines heures avec une petite équipe, à appeler chaque responsable départemental dans les 36 départements dans lesquels nous avons contesté les résultats. Je ne vais même pas avoir 2 Pv. Il n’avait pas les résultats, et c’est pour ça qu’il ne pouvait pas dire qu’il avait gagné ces élections ».
Si Michèle Ndoki affirme avoir eu de la peine à envoyer les résultats de Douala à Yaoundé, Maurice Kamto avait déjà réuni ses hommes de main (Christian Penda Ekoka, Emmanuel Simh, Olivier Bibou Nissack, Albert Dzongang,…) et convoqué la presse nationale et internationale au lendemain du scrutin pour se déclarer vainqueur de l’élection présidentielle.
« J’ai reçu du peuple camerounais un mandat clair que j’entends défendre fermement jusqu’au bout. J’invite le président de la République (Paul Biya) sortant à organiser les conditions d’une transmission pacifique du pouvoir », avait-il affirmé.
Beaucoup d’eau a coulé sous le pont depuis lors. De 2018 à 2023, Michèle Ndoki, encore membre du MRC, a soutenu cette thèse et les différentes marches « pacifiques » qui en ont découlé pour revendiquer la « victoire » de Maurice Kamto. Une situation qui a failli dégénérer en guerre civile au Cameroun. On se souvient même que plusieurs représentations diplomatiques du Cameroun à l’étranger ont été saccagées par des militants proches du MRC, devant le silence approbateur de Maurice Kamto.
Rappelons que les résultats de la présidentielle du 7 octobre 2018 qui font foi sont ceux proclamés par le Conseil Constitutionnel et qui indiquent la victoire de Paul Biya avec 71, 28%. Maurice Kamto arrive en deuxième position avec 14, 23%. Le MRC et ses avocats sont conscients de ce que la loi n°2016 portant Code Pénal, punie les propos mensongers en son article 162.
Didier Ndengue
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