La COP29 s’est conclue par une annonce majeure : les financements mondiaux pour l’adaptation au changement climatique destinés aux pays en développement passeront de 100 milliards à 300 milliards de dollars par an. Une décision qui se voulait ambitieuse, mais qui suscite l’insatisfaction des pays africains, toujours en quête de justice climatique.
Ali Mohamed, chef des négociateurs africains, n’a pas mâché ses mots et a jugé ce financement « trop faible, trop tardif et trop ambigu ». Pour lui, « cet accord de 300 milliards de dollars par an est une promesse creuse face aux réalités climatiques dévastatrices sur le continent. Les engagements financiers restent déconnectés de nos besoins réels et de l’urgence de la situation. »
Un continent en première ligne, mais négligé
Les pays africains, responsables de moins de 4 % des émissions mondiales, subissent les pires conséquences des dérèglements climatiques : sécheresses, inondations, dégradation des terres et déplacements massifs de populations. Malgré cette vulnérabilité, les fonds alloués à l’adaptation et aux pertes et préjudices demeurent largement insuffisants.
Des besoins financiers exponentiels : Selon des estimations de la Banque africaine de développement (BAD), le continent aurait besoin de plus de 2 000 milliards de dollars d’ici 2030 pour faire face aux impacts climatiques. Les 300 milliards par an annoncés, partagés entre tous les pays en développement, ne représentent qu’une fraction de ces besoins.
Un accès limité aux fonds : Les procédures actuelles pour accéder aux financements internationaux, souvent bureaucratiques et complexes, limitent leur efficacité.
Les attentes des pays africains
Les délégations africaines ont exprimé des demandes claires et urgentes lors des négociations :
- Un financement juste et accessible : Les mécanismes doivent être simplifiés pour garantir une répartition équitable et une utilisation rapide des fonds.
- Une priorité à l’adaptation : La moitié des financements devrait être dédiée à des projets qui renforcent la résilience des communautés locales face aux catastrophes climatiques.
- Reconnaissance des pertes et préjudices: Les pays africains appellent à la création d’un fonds distinct pour couvrir les dommages irréversibles causés par les crises climatiques.
Un sentiment de promesse non tenue
La frustration des négociateurs africains reflète un sentiment d’abandon persistant dans les discussions climatiques mondiales. Alors que les grandes puissances polluantes multiplient les annonces, le manque de concrétisation et d’engagement contraignant reste un obstacle majeur.
« Ce n’est pas de nouvelles promesses dont nous avons besoin, mais d’actions concrètes et immédiates », a insisté Ali Mohamed.
Un défi pour l’avenir climatique mondial
Alors que la COP29 s’achève, les attentes des pays africains restent insatisfaites. Le triplement des financements, bien qu’il marque une avancée symbolique, ne répond ni à l’ampleur des besoins ni à l’urgence de la crise climatique sur le continent.
Pour l’Afrique, cette nouvelle COP s’inscrit dans une longue série de rendez-vous manqués, où la solidarité internationale, tant promise, tarde encore à se matérialiser. Le message est clair : sans une véritable justice climatique, l’avenir du continent – et celui de la planète – reste en péril.
Anne Stéphanie Ndonko
Juriste d’environnement, militante écologiste, Consultante indépendante en Environnement, RSE et Développement Durable;
Présidente de l’association Action pour le Développement Durable (A2D)
anne.stephaniendonko@yahoo.com
Tel : 652141363 Douala
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