Après une énième violation de son espace aérien par l’armée d’occupation française, les nouveaux dirigeants Maliens prennent une décision radicale. Celle de rompre définitivement l’accord de coopération militaire avec la France. Le gouvernement Gaulois et ses alliés voient rouge.
C’est un fait inédit et historique en Afrique francophone. Ces pays rencontrent le plus de difficultés dans leurs entreprises de renaissance souveraine. Il leur est en effet très compliqué de couper le cordon ombilical d’avec les Gaulois car la plupart de leurs accords ont été signés dans un contexte d’Union. L’accord monétaire autour du franc CFA, l’accord économique autour des Ape, l’accord culturel autour de la Francophonie ainsi que l’accord militaire. Des accords signés par groupes d’Etats qui ne partagent malheureusement pas les mêmes ambitions d’indépendance et d’autodétermination. Une véritable entreprise souveraine réussirait sans trop de difficultés si elle était solidaire. Cependant des pays qui s’engagent dans ce combat sont souvent non seulement seuls mais subissent des pression à la fois du colon et des pays africains voisins. Ce qui rend une véritable révolution souveraine improbable et impensable. Cependant depuis la chute de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, le Mali montre à la face du monde que la souveraineté ne se quémande pas, elle s’arrache.
De quoi s’agit-il exactement? Après avoir renforcé ses liens avec le Kremlin, renvoyé l’ambassadeur de France et mis fin aux opérations Barkane et Takuba, le pays de Modibo Keïta frappe de nouveau dans la fourmilière et rompt les accords militaires liberticides d’avec la France.
De quels accords s’agit-il exactement?
Le Mali a signé deux accords par échanges de lettres en 2013 et en 2020. Le premier accord était à Bamako le 7 mars 2013 et à Koulouba le 8 mars 2013. Le second à Koulouba les 6 et 10 mars 2020 sur le statut du détachement non-français de la force « Takuba ».
Ces accords sont résumés ainsi: « Le personnel du détachement français circule sans restrictions sur le territoire de la République du Mali y compris son espace aérien en utilisant les moyens dont il dispose et sans qu’il ait à solliciter un accompagnement par les forces de la partie malienne. »
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Il s’agit là d’un abandon délibéré de sa souveraineté entre les mains de l’armée d’un pays étranger. De surcroît un pays qui a à cœur de maintenir sa domination coloniale sur ses anciennes possessions. Les États n’ont pas d’amis mais beaucoup d’africains continuent à croire que si. De tels accords sont suicidaires et ne peuvent être signés que si la partie d’en face est soumise aux ordres du colon. C’est donc tout à fait normal et évident que les nouvelles autorités maliennes, soucieuses du devenir souveraine de leur nation, décident de les rompre.
L’UE et la France voient rouge
Depuis le 2 mai, les réactions occidentales autour de cet acte historique ne cessent de pleuvoir. Du côté de la France, le gouvernement parle de « décision injustifiée (…) sans fondement juridique véritable « . Le 4 mai dernier, c’est l’UE qui a jugé « regrettable » la décision du Mali d’accéder à son indépendance en mettant fin à des accords de violation de sa souveraineté.
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Justifier l’injustice et condamner la justice
Nous sommes donc face à des Etats et groupes d’Etats qui n’ont aucune honte à justifier l’injustice et condamner la justice. La colonisation serait légitime et il est regrettable de vouloir y mettre fin. Ceux qui se croient libres ne le sont pas. Notre siècle nous le montre ouvertement. Cependant la fermeté des autorités Maliennes ne souffre d’aucune rayure. Le peuple africain sera -t-il aussi ferme dans son soutien au Mali?
Il faut dire que le contexte géopolitique offre aux Etats puissants une marge d’action encore plus grande. Les paroles liberticides ne relèvent plus du secret d’Etat. Le combat médiatique et la guerre de propagande a atteint son paroxysme. Ceci fera l’objet d’un autre numéro. Pour l’heure, le peuple Malien a besoin du soutien inconditionnel des fils et filles du continent. Il fait fasse aux Etats qui ont délogé Gbagbo de son palais présidentiel et hôter la vie à Kadhafi. Ils subissent des pressions aussi bien internes qu’externes. Dans une Afrique solidaire, vigilante, consciente et encore plus éveillée, ces égarements ne seraient plus possibles.
Dolly Afoumba
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