Messanga Nyamding est un personnage truculent. Cet universitaire au verbe haut est membre du Comité central du RDPC, le parti majoritaire. Connu pour être un soutien inconditionnel du président de la République, cet affidé du régime vient d’être relevé de ses fonctions pour d’obscures raisons. Une descente aux enfers qui doit tous nous interroger et tous nous questionner, gravement.
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L’arrêté est tombé comme un couperet. La politique du sécateur. Signé du ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo. Le 19 mars dernier, le très médiatique Messanga Nyamding était relevé de ses fonctions à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (l’IRIC).
Eu égard à ses états de service, à sa notoriété qui n’est pas usurpée et à sa crédibilité, on aurait pu croire que ce serviteur zélé serait promu à un autre poste. Sans doute plus élevé sinon plus prestigieux. Même si on n’est pas du même bord politique que lui, force est de reconnaître que Messanga Nyamding a servi son pays et dispensé son enseignement à des générations d’étudiants.
Un homme blessé, qui reste combattif. La nouvelle de ce limogeage sans motif avéré a vite fait le tour des réseaux sociaux et enflammé la toile. Pas étonnant que Messanga Nyamding écume les plateaux de télévision et soit invité par les médias du pays.
Le scandale est retentissant. Comment un enseignant de cette envergure peut-il du jour au lendemain être congédié d’un trait de plume comme un sous-fifre? Dans quel état de droit sommes-nous? Qui dirige le Cameroun? Qu’est-ce qui se joue dans les coulisses de notre République? Qu’est-ce que cela préfigure pour l’avenir?
Membre du Comité central et détenteur de secrets d’alcôve. Nous avons assisté atterrés aux révélations de Messanga Nyamding. Nous avons vu un homme blessé dans son orgueil. Blessé dans sa dignité. Un homme écœuré. Ce laudateur, ce griot patenté connaît mieux que personne, les plis et les replis de ce régime qu’il a toujours servi.
« Regardez les gens qui sont promus aujourd’hui par le Secrétariat général à la Présidence. Si vous n’êtes pas proches de Ferdinand Ngoh Ngoh vous n’avez rien. Je prends mon cas. Tant que Ngoh Ngoh sera là, je ne serais rien… »
Messanga Nyamding homme d’appareil est par la force des choses, également détenteur de secrets qui potentiellement sont autant de bombes à retardement. Son limogeage c’est une grenade qui vient d’être dégoupillée. Avec des risques de déflagrations difficilement mesurables.
Messanga Nyamding, anciennement Chef de département au prestigieux Institut des relations internationales du Cameroun a donc été limogé et mis à disposition d’une annexe de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Ngaoundéré à Garoua.
A l’ironie de cette affectation on peut voir un zeste de cruauté. Si c’est pour voir du pays, c’est sûr que le dépaysement sera au rendez-vous à Garoua. On peut également imaginer que ses futurs étudiants seront flattés et honorés d’accueillir ce très médiatique enseignant.
Une question reste cependant en suspens. Comment vont réagir dans la capitale, les étudiants privés de leur enseignant? Personne n’est irremplaçable. Certes.
Question : A quel poste Messanga Nyamding est utile pour son pays? The right man in the right place disent les anglo-saxons.
Si l’éviction de Messanga Nyamding vers une voie de garage est due à de sourdes querelles au sein du RDPC ou dans l’appareil de l’Etat, cela laisse à penser que d’autres têtes vont tomber. Sans motif et sans raison apparentes. C’est le fait du prince ou de ceux qui se voient déjà calife à la place du calife. Nous entrons sans nous en apercevoir dans une zone de très fortes turbulences. Qui peut préjuger des secousses telluriques? D’une réaction en chaîne.
Cyrille Sam Mbaka, homme politique
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