La chaîne de télévision privée est accusée d’ «incitation répétée à la révolte populaire». Son président directeur général nie tout en bloc non sans relever les lacunes contenues dans la mise en garde du gouverneur de la région du Littoral.
Le climat est délétère entre le gouvernement et Equinoxe Télévision. Le média privé émettant depuis la capitale économique camerounaise, est accusé d’ « incitation répétée à la révolte populaire » dans une correspondance de Samuel Dieudonné Ivaha Diboua datant du 18 mars 2022. Dans cette lettre adressée au président directeur général de la « chaîne du peuple », le gouverneur de la région du Littoral constate qu’Equinoxe TV « s’illustre par une ligne éditoriale outrancièrement belliqueuse ». A travers certaines de ses productions, précise l’administrateur civil, la chaîne «s’active avec véhémence dans l’apologie de la violence et de la déstabilisation qui consiste à présenter ou à commenter des faits très souvent malicieusement déformés avec un cynisme déconcertant, en vue d’attiser les passions dans l’espoir de susciter une révolte contre les institutions républicaines».
La goutte d’eau qui a débordé le vase, selon Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, provient de l’émission « Droit de réponse » du dimanche 28 février 2022, au cours de laquelle «l’un de vos panélistes, au terme d’une analyse incongrue, a clairement appelé les parents et les élèves à rejoindre le mouvement d’humeur des enseignants, l’objectif étant d’obstruer les efforts du gouvernement dans la recherche d’une issue heureuse à la crise».
Séverin Tchounkeu accuse Paul Atanga Nji
Séverin Tchounkeu a réagi à la mise en garde du gouverneur. Face à Cédric Noufele et Serge Alain Ottou sur le plateau d’Equinoxe Soir hier lundi, le président directeur général de la télévision bleue, qui dit avoir appris l’existence de la correspondance du gouverneur sur les réseaux sociaux, nie en bloc toutes les accusations contenues dans ledit document. Non sans rappeler que la chaîne a mis plus de 20 ans pour « assoir une crédibilité certaine ». Par ailleurs président de la Commission de délivrance de la carte de presse, Séverin Tchounkeu souligne au rouge les «fautes de grammaire» de la correspondance. L’émission qui y est mentionnée, selon lui, aurait été diffusée le «dimanche 27 février 2022 et non le 28 février».
Après investigation, le Pdg d’Equinoxe Télévision affirme, sans ambages, que le gouverneur de la région du Littoral n’est pas le rédacteur de la mise en garde. « Si le gouverneur de la région du Littoral est le signataire de cette correspondance, il n’en est pas le rédacteur. Le rédacteur de cette correspondance c’est le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji », a-t-il déclaré sur les antennes de sa télévision.
Ce mardi 22 mars, le président du Conseil national de la communication (Cnc), Joseph Chebongkeng Kalabusu a signé un communiqué allant dans le sens de la correspondance adressée à M. Tchounkeu dans lequel il dit avoir constaté, «dans le contexte sociopolitique actuel de notre pays, notamment caractérisé par des revendications corporatistes et des mesures courantes prises par des autorités administratives dans le cadre de leurs compétences, que certains médias s’illustrent, à travers des émissions à caractère interactif ou des déclarations outrageuses, par la diffusion de propos tendancieux, de jugement inappropriés, de commentaires séditieux ou de réactions discourtoises ». Sans mentionner un média, le patron du Cnc prévient qu’il «sanctionnera sans faiblesse tout comportement anti-professionnel conformément aux procédures prescrites par les lois et réglementations en vigueur».
Didier Ndengue
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