Alors qu’une sagesse chinoise a toujours appelé à apprendre à pêcher à un individu plutôt que de toujours lui donner du poisson, les conclusions qu’on viendrait à tirer au sujet de la vente promotionnelle de riz initiée par le ministère du Commerce, confirmeraient tout simplement que le Cameroun est un pays de contradictions.
Luc Magoire Mbarga Atangana, ministre du Commerce du Cameroun
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Cameroun, ce pays de paradoxe 

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Alors qu’une sagesse chinoise a toujours appelé à apprendre à pêcher à un individu plutôt que de toujours lui donner du poisson, les conclusions qu’on viendrait à tirer au sujet de la vente promotionnelle de riz initiée par le ministère du Commerce, confirmeraient tout simplement que le Cameroun est un pays de contradictions.

La politique gouvernementale qu’on dit adossée sur la Snd 30, fait cas de l’import-substitution qui appelle à produire ce que nous consommons ou alors à consommer ce que nous produisons et donc à œuvrer pour développer le tissu industriel local. Mais, comment expliquer le fait que depuis bientôt quatre ans que cette vision a été évoquée, le ministère du Commerce soit encore là, et à grand renfort de publicité et ou de campagne médiatique, à organiser des « ventes promotionnelles  de riz » prétendant lutter contre la vie chère ? La manipulation des consciences est telle qu’on assiste à des revendications d’autres régions autre que celles du Centre et du Littoral, appelant à être logées à la même enseigne, c’est-à-dire bénéficier aussi de ces ventes promotionnelles. Qu’adviendra-t-il une fois que les stocks dont disposerait le ministère du Commerce seront épuisés ? Ne sombrerait-on pas dans les mêmes travers quand on sait que ce ne sont que des actions ponctuelles ?

Comment expliquer que l’on soit à « stocker des tracteurs agricoles pour privilégier la distribution du riz importé aux producteurs au lieu de distribuer des tracteurs aux producteurs pour stocker du riz local »,  alors que dans le même temps, et dans le cadre de l’appel à la « promotion d’une agriculture de seconde génération » lancé par Paul Biya en 2011 lors du Comice agropastorale d’Ebolowa, il était question de renforcer l’offre agricole du pays, « non seulement pour assurer l’autosuffisance alimentaire au Cameroun, mais également conforter la place du pays comme le grenier de l’Afrique centrale ». Il avait alors été annoncé la création d’une usine de montage de tracteurs à Ebolowa et une autre devant voir le jour à Douala, afin de permettre aux Camerounais de se procurer à moindre coût des outils pour promouvoir l’agriculture mécanique.

 Belligérance entre l’Ukraine et la Russie 

Avec la pénurie de farine de blé au Cameroun, suite à la guerre enclenchée entre la Russie et l’Ukraine, le chef de l’Etat a ordonné que soit débloqués 100 millions de Fcfa à l’Irad pour l’intensification de la recherche pour cette spéculation, étant entendu que la culture du blé est possible au Cameroun. Ces fonds ont-ils été débloqués ? Pas trop d’information ne filtre. Tout au contraire, on parle d’exonération des droits de douanes. Une attitude qui vise plutôt à encourager les hommes d’affaires camerounais (ces commerçants) à intensifier les importations tant du riz que du blé dont on sait qu’il est de grade 3 ou 4, beaucoup plus propice à l’alimentation du bétail.

Cette vente promotionnelle de riz s’est même transformée en action politique. En témoigne cette note du ministre du Commerce par ailleurs chef de la délégation permanente départementale du comité central pour le Rdpc dans le département de la Mefou et Afamba, demandant aux présidents de sections d’exprimer leur demande afin d’être rapidement servi. Comme quoi, tout pour le Rdpc, rien pour les autres. Le fait le plus navrant dans tout ça, c’est le fait que le riz paddy de très bonne qualité produit à la Semry ou dans les plaines de Ndop dans la région du Nord-ouest, est presqu’entièrement exportée hors du Cameroun.

Pourtant, aucun pays industrialisé au monde ne l’a été sans le développement de son agriculture. Comment expliquer le fait que les hommes d’affaires ne privilégient que les importations au détriment d’un investissement dans la recherche agricole notamment ? On se plait plus à évoquer de grandes théories, passant à côté de l’essentiel. Le Cameroun a près de 400 km de côte. Mais ne dispose pas du moindre bateau de pêche. On se limite aux importations. Paradoxalement, le Premier ministre, chef du gouvernement vient d’inaugurer à Douala, un débarcadère dédié à la vente des produits halieutiques. On parle même du développement de l’aquaculture qui pourrait aider à combler le gap alors que les alevins utilisés sont le fruit des importations du Nigeria voisin. Il en est de même des parentaux pour l’élevage de la volaille et des bovins.

Ne donnerait-on pas assez de moyens à l’Irad dont la notoriété est plutôt reconnue hors des frontières nationales pour intensifier la recherche dans divers domaines ? Combien de Camerounais sont au courant de l’existence d’une structure appelée herbier national plutôt indispensable pour le secteur agricole ? Des exemples concernant divers autres secteurs agropastoraux mis en berne, sont légions. Sans compter l’enclavement de la quasi-totalité des bassins de production qui entraîne des pertes post-récoltes énormes. Mais on parle de la lutte contre la vie chère. Comment cela peut-il être possible avec autant de manquements, avec autant de paradoxe ? Feu Ateba Eyene se retournerait dans sa tombe.

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