Une nécrologie est un article sur une personne récemment décédée. Les journaux publient souvent des nécrologies sous forme d’articles de presse. Écrire une ‘nécrologie’ n’est pas un art facile. Cette tâche est encore plus fastidieuse et complexe, lorsqu’elle doit décrypter une personnalité de premier rang—Un grand homme d’État. Des illustres personnalités comme Paul Biya, Jimmy Carter, la reine d’Angleterre, Mouammar Kadhafi, Fidel Castro,...Pour réduire les difficultés rédactionnelles d’un tel papier et pour répondre à la course à l’actualité, les nécrologues constituent une banque de nécrologies ‘anticipées’ ou ‘pré-écrites’ ou ‘pré-éditées.’ 
Paul Biya/Photo/AFP
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Cameroun/Biya: difficile équation pour les nécrologues

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Une nécrologie est un article sur une personne récemment décédée. Les journaux publient souvent des nécrologies sous forme d’articles de presse. Écrire une ‘nécrologie’ n’est pas un art facile. Cette tâche est encore plus fastidieuse et complexe, lorsqu’elle doit décrypter une personnalité de premier rang—Un grand homme d’État. Des illustres personnalités comme Paul Biya, Jimmy Carter, la reine d’Angleterre, Mouammar Kadhafi, Fidel Castro,…Pour réduire les difficultés rédactionnelles d’un tel papier et pour répondre à la course à l’actualité, les nécrologues constituent une banque de nécrologies ‘anticipées’ ou ‘pré-écrites’ ou ‘pré-éditées.’

Le facteur ‘scoop’ recherché, le ‘hoax,’ la méchanceté, l’inaptitude politique, ou le désir de vengeance, conduisent très souvent à des dérapages. Alors, les rumeurs et/ou une annonce prématurée du décès d’une personne encore en vie, circulent dans l’opinion, les cercles politiques et dans les rédactions. Le Cameroun a une expertise en la matière.

Nécrologies ‘d’histoires’

L’‘artisan’ ou le rédacteur de la nécrologie doit se cantonner sur les faits ayant existé. Et s’exiger un rendu poli. Puisque les nécrologies des personnalités qui ont marqué leur ère, sont des ‘nécrologies d’histoire.’ Elles devraient être une collection d’informations ou de sources d’informations importantes. Ces informations peuvent alors être organisées pour constituer une base de recherches ‘anthropolo-sociologiques,’ facilement consultables.

Peu importe la ‘personne humaine’ de la personnalité, les éléments du contenu ne doivent pas être construits sur le mensonge et la criminalisation…Surtout pas de règlement de compte. Encore moins une politisation rédactionnelle des faits. Ces ‘nécrologies d’histoire’ sont différentes de celles qui paraissent dans la rubrique payante d’un journal connu sous le nom d’avis de décès ou d’une annonce commémorative. Ces avis, généralement diffusés sous forme de petites annonces, omettent la plupart des détails biographiques.

Nécrologies prématurées

Des nécrologies ‘pré-écrites’ ou ‘pré-éditées’ ou encore ‘anticipées’ de personnalités célèbres encore en vie, enrichissent la banque de données de certains grand organes de presse. The New York Times,’ ‘The Washington Post,’ et ‘The Hollywood Reporter,’ ont les plus grandes réserves de ce type de nécrologies. Paul Farhi, qui fut journaliste pour ‘Le Washington post,’ explique la particularité de ce genre de papier. ‘Le fait de «morguer» les nécrologies, dans le jargon macabre du métier, rend les nécrologies uniques dans le journalisme. Aucun autre type d’article ne peut être écrit aussi longtemps avant qu’un événement ne se produise, guidé par une grande certitude: à un moment donné, les célébrités, les infâmes et tous les autres mourront.’

En règle générale, une nécrologie ‘anticipée’ est rédigée pour des personne ayant atteint un âge avancé. Ces nécrologies ne sont pas statique. ‘Elles subissent de modifications, des ajouts, et des révisions.’ Affirme le journaliste et auteur britannique, Nigel Farndale. Cette pratique permet au journal d’éviter d’être rattrapé par l’annonce du décès. C’est pourquoi, ‘en règle générale, lorsque les vies sont suffisamment longues, accomplies et complexes pour que nous préférions ne pas être pris de court en les écrivant dans les délais, des avances sont attribuées.’ Explique l’ancienne rédactrice de nécrologies du ‘New York Times,’ Margalit Fox.

Les nécrologies ‘anticipées,’ motivées par la course à l’exclusivité filtrent quelque fois plus tôt que prévu. Dans ce contexte, elles s’inscrivent dans la rubrique des nécrologies ‘prématurées,’ qui sont une fausse déclaration du décès d’une personne encore en vie. Ces fausses annonces circulent très souvent autour des célébrités de ‘grosses factures,’ et des grands hommes d’État. Ces boulettes ont plusieurs origines. Elles peuvent être dues à un ‘hoax’ ou un ‘bug’ informatique. La radio d’État français, ‘RFI’ (Radio France Internationale), avait publié le 16 novembre 2020, une centaine de nécrologies ‘pré-écrites.’ Elle attribua ce dérapage mortifère à un ‘hoax.’

Outre le ‘bug,’ l’erreur peut provenir de l’organe de presse. C’est le cas de la ‘BBC’ (British Broadcasting Corporation) qui, le 3 juin 2015 publia un article sur le décès de la reine Elizabeth II. Sur cette droite ligne, une annonce erronée de la mort de Martin Bouygues, avait été rendu publique le 1er mars 2015 par l’‘AFP.’  Le 15 octobre 2019, Le Monde’ publia la nécrologie de l’homme d’affaires et homme politique Bernard Tapie (26 January 1943 – 3 October 2021). Une année plus tard, le 28 août 2020, c’est la ‘Chaîne L’Equipe’ qui dans une ‘breaking news’ annonça à son tour, le décès de Tapie. Commentant sa fausse mort dans le journal ‘La Provence,’ il dit. ‘Je ne suis pas au mieux mais ils semblent pressés. Il faudra encore attendre.’ Ce type de bévue a pour cause la concurrence ardue au sein de media pour la primauté de l’information et une mauvaise communication entre les journaux et leurs sources.

Au Cameroun comme partout sur le continent, la pudeur africaine et le respect des défunts, détournent les journalistes des articles sur les morts à venir. Bien que cela soit inévitable. Même si l’envie d’une telle ‘mésaventure’ trotte dans la tête de certains, le frein culturel a eu raison du pognon qui leur aurait été proposé pour se jeter à l’eau. Alors, personne n’est prête à écrire, ne serait-ce qu’un papier canular sur la mort de qui que ce soit.

En ligne, la réalité et toute autre. ‘Les réseaux sociaux ont donné le droit à la parole à des légions d’imbéciles qui avant ne parlaient qu’au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel.’  Éclaircit Umberto Eco. En plus, sans éthique ni moral, ils ont transformé les réseaux sociaux en comptoir de dénigrement et de désinformation au service du plus offrant en espèces sonnantes et trébuchantes.

Survivre à son auteur

Assez souvent, le sujet de la nécrologie ‘pré-écrite’ survit à son auteur. Mel Gussow, auteur de la nécrologie de Elizabeth Taylor du ‘The New York Times,’ est décédé en 2005 alors que Taylor a vécu jusqu’en 2011. Michael T. Kaufman qui a participé à la rédaction de la nécrologie de Henry Kissinger, meurt en 2010, et Kissinger en 2023.

Certains spécialistes de la nécrologie ‘anticipée,’ ont été/sont très fertiles. J.Y. Smith, premier rédacteur en chef des nécrologies du ‘The Post,’ est de ceux-là. Il a tellement écrit de nécrologies ‘anticipées’ que plus d’une douzaine d’années après sa mort en 2006, des papiers nécrologiques portaient son nom. Et pendant qu’il était lui-même à un doigt de la mort dans un hospice, il a fait une demande à Carl Bernstein (The Washington Post).‘Ne les laissez pas perturber ma nécrologie [de Fidel] Castro!.’ Nécrologie écrite plus de deux décennies avant la mort de Castro. Périodiquement actualisée, elle a survécu à Smith, et publiée une décennie après la sienne. La nécrologie de Colin Powell, ancien secrétaire d’État américain, agitateur d’un flacon vide aux Nations Unies, avait été rédigée 12 ans avant sa mort par Bradley Graham, ancien rédacteur en chef du ‘The Post,’ peu avant qu’il ne quitte ce journal en 2009.

L’entrepreneur rumoral Guy parfait Songuè, universitaire et ‘homme de Dieu(?)’ controversé, a prédit le 31 Janvier 2018, sur ‘Afrik-Infor tv,’ un Web-media, la mort du président Biya.‘Il n’a absolument aucune chance d’arriver vivant à l’élection présidentielle de[octobre] 2018.’ Il a ajouté, ‘je suis radical dessus, je parle depuis ma position d’autorité…Cet homme va mourir en 2018 ainsi que tout son régime.’ Songuè n’a pas survécu à cette annonce qui pourrait être assimilée à une nécrologie ‘pré-écrite.’ Il est décédé le 21 février 2022 en Louisiane aux États-Unis où il s’était installé. Avant sa mort, il expliqua pourquoi sa prophétie n’avait pas été réalisée. ‘Vous avez oublié qu’en science les faits sont têtus, nous tenons des faits matériels contre vous, et vous ne pouvez non plus tuer tous les membres des familles ni effacer toutes les vidéos.’ Un mea culpa très nuancé.

Mort comme ressource de communication politique

Les rumeurs sur la mort du président Paul Biya sont récurrentes et à usages politiques. L’objectif étant de résister et d’exister à partir de la désinformation. Ce marketing politique mortifère est soutenu par une campagne de mots. ‘Paul Biya n’est plus,’ ‘Paul Biya est mort,’ ‘Pourquoi Paul Biya ne parle pas,’ ‘Où est-il passé?,’ ‘Qu’il se présente à la fenêtre de son hôtel comme le pape, s’il est vivant,’ ‘The end of Biya,’ ‘Where is Paul Biya?,’ ‘Death of Paul Biya,’ ‘Cameroonians wait for news on President,’ ‘The ‘missing’ President,’ ‘President Paul Biya is still alive,’ ‘Cameroonians demand proof of missing 91 year President,’ ‘En attendant Paul Biya,’ ‘Biya’s prolonged absence fuels death rumors,’ ‘L’absence de Paul Biya met le Cameroun en ébullition,’ ‘Où est passé le président Paul Biya?,’ ‘L’absence prolongée de Paul Biya interroge,’ ‘Paul Biya a disparu des radars,’ ‘Le Cameroun dans l’incertitude face à l’absence prolongée du président Paul Biya,’ ‘Cameroon’s President has disappeared and citizens are being discouraged from asking why,’ ‘President Paul Biya’s health is on everyone’s mind, but no one is allowed to talk about it,’ ‘Where has Cameroon President Paul Biya gone?,’ ‘Cameroon insists President is well despite long absence,’ ‘Cameroon won’t say where the President is,’ ‘Rumors of Cameroon President Paul Biya’s death spark political succession controversy,’ ‘Cameroon President disappears,’ ‘Cameroon’s unseen President,’ ‘Uncertainty Envelopes Cameroon Over Rumored Death Of President Paul Biya,’ Where Is Cameroon’s Missing President Paul Biya?,’ ‘Cameroon’s 91-year-old President Biya in good health, government says,‘Cameroon takes unusual step of insisting its President has not died,’ ‘Cameroon President Biya ‘missing’ since China-Africa summit, minister says he’s in Europe,’…la liste n’est pas exhaustive, tant une absence de Biya fait jaser.

Utiliser la mort du Chef de l’État constitue donc une ressource de communication. Une stratégie politique de contestation pour attirer sur soi la visibilité. La mort présumée de Paul Biya le 25 mars 2020, en pleine épidémie de Covid-19, avait sorti l’armée des politiques sans réel projet de société et leurs gangs sur les réseaux sociaux, pour qui, le décès du président de la République leur ouvre les grilles du Palais de l’Unité. Maurice Kamto (président national du MRC) en premier. Il monte au créneau le 30 mars 2020 et s’interroge. ‘Où est Paul Biya? Le pays est-il gouverné?.’ Puis donne au chef de l’État ‘sept jours pour s’adresser aux Camerounais.’ Ensuite, prévient. ‘le peuple camerounais sera en devoir de constater sa défaillance et d’en tirer toutes les conséquences politiques.’ Cet usage de la politique de menace, de leçon, d’ultimatum, faite de désinformation ne résiste pas à un brillant argumentaire. Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du RDPC, trouve ‘honteux’ que Kamto utilise le ‘coronavirus comme munition politique.’

Dans sa conquête du pouvoir avec l’‘arme du décès,’ le président national du MRC initie plusieurs petits coups politiques. Il s’attaque à la délégation de la gestion de la crise sanitaire par le président Biya à son premier ministre, Joseph Dion Ngute. Cette fois, la réplique vient de Jacques Fame Ndongo, secrétaire à la communication du RDPC. ‘Paul Biya n’est pas un autocrate, il sait déléguer et a donné des instructions précises.’ Le 3 avril 2020, Kamto, toujours dans la tartuferie et l’artifice, lance ‘Survie-Cameroun Survival Initiative (SCSI).’ Une organisation difficilement ‘définissable,’ ‘dite(?)’ de collecte de fonds pour la lutte contre le coronavirus.

Dans la foulée, il demande au parlement dans son tweet du 30 mars, de constater la vacance du poste de président de la République, suite à la rumeur de la mort de Paul Biya. Là, Kamto dévoile son intention. Créer l’anarchie, la confusion, pour espérer prendre le pouvoir. Car, il croit son temps venu pour assouvir sa soif de trôner à la tête du Cameroun, accroché à la France et à un ‘supposé’ cadavre. Christophe Mien Zok perçoit cette démarche des ‘morguiers’ politiques. Dans son éditorial du 9 juin 2020 dans le Journal l’‘Action,’ il écrit.‘Ils ont commencé par susurrer, puis insinuer et distiller la rumeur de la mort du président de la République dans l’espoir qu’une telle issue funeste provoquerait une élection anticipée ou le chaos. Mal leur en a pris: Paul Biya est bel et bien vivant.’ Jacques Fame Ndongo, dans un communiqué publié le 16 avril 2020, rappelle à Maurice Kamto que ‘le décès, la démission ou l’empêchement définitif,’ qui sont les conditions juridiques pouvant déclencher le constat de vacance de la Présidence de la République, ne sont ni ‘avérées’ ou ‘validées.’

Fantôme actif de Biya

Le nombre de fois que Paul Biya est donné pour mort est effroyable. Dans sa thèse de doctorat, Nga Ndongo, enseignant de sociologie à l’Université de Yaoundé 1, a énuméré onze (11) rumeurs publiques sur le président camerounais de 1983 à 2004. L’hebdomadaire ‘Première Heure’ du 17 octobre 2024, comptabilise‘Trente neuf (39) fois, la rumeur qui l’a annoncé mort, et treize (13) fois déclaré malade et dans un état comateux.’  Cependant, 2004 et 2024 sont des années où des rumeurs folles et nourries sur sa mort ont embrasé le monde entier.

Mais à chaque fois, Paul Biya défie les nécrologues. En 2004, alors qu’il séjourne en occident, des supputations sur sa mort certaine envahissent le monde. Reclus dans le silence, il laisse libre court aux rumeurs. Sans couper les spéculations, il revient au Cameroun le 9 juin 2004, à 16h30, par l’aéroport de Nsimalen. Sur une pointe d’humour, il déclare. J’étais en visite privée en Europe. J’ai appris comme tout le monde que j’étais mort.Ironique, il poursuit. Il paraît qu’il y en a qui s’intéressent à mes funérailles.Un peu railleur, il conclut. ‘Eh bien, dites-leur que je leur donne rendez-vous dans une vingtaine d’années’ 

Depuis lors, personne ne trouve le chiffre exact correspondant à l’indéchiffrable Paul Biya. Beaucoup en cherchant la clef du mystère, ont construit un cocon autour de lui. Renforçant sa capacite énigmatique et le rendant plus opaque. Alors, sa mort est devenu le ‘programme politique’ de ses adversaires, dont le ‘fantôme’ bat sans ménagement aux élections présidentielles—11 octobre 2004 il récolte 70,8% des suffrages. 9 octobre 2011 il rafle 77,99% des voix. 7 octobre 2018 il obtient 71,28% des suffrages.

Questions pharisaïques, réponses artificieuses

Les media français et occidentaux s’intéressent à la rumeur circulant sur la mort du président Biya. Leur désir presque libidineux à vouloir connaître plus que ce qui est su et dit, interroge. La curiosité voudrait aussi savoir s’ils recherchent à travers les questions électorales, des éléments pour étoffer leur nécrologie ‘pré-écrite,’ ou ouvrir une vanne de rumeurs bien synchronisées devant alimenter l’inaptitude du président camerounais à continuer à gouverner son pays.

Mais le mystérieux Biya est une équation difficile pour tous.  Plus difficile parce qu’il est un coutumier du silence. Ulysse Gosset lors d’une interview le 30 octobre 2007 pour ‘France 24,’ l’a dit. Je dois rappeler aussi que l’on vous a surnommé le Sphinx, puisque vous êtes un homme qui parle peu et donc quand vous parlez, on vous écoute avec attention. Et ‘Quand un chef d’État choisit de parler, surtout quand il accepte de se soumettre volontiers à l’exercice des questions-réponses, sorte de maïeutique socratique en journalisme, c’est toujours un événement médiatique.’ Note le journaliste Essama Essomba. En fait,‘la dernière interview de Paul Biya remonte à 20 ans.’ Rappelle Gosset. Faisant référence à un entretien du Chef de l’État avec Yves Mourousi, le 21 juillet 1990, alors à Radio Monte Carlo. Au cours de cette interview qui est l’une des plus citées, il a déclaré, ‘je voudrais que l’histoire retienne de moi l’image de l’homme qui a apporté à son pays la démocratie et la prospérité.

Aux questions pharisaïques des media occidentaux, il a des réponses visqueuses et artificieuses. Le 3 juillet 2015, répondant à Gérard Grizbec (France 2) sur son intention de ‘passer la main et considérer qu’une retraite serait peut-être bien méritée,’ sa réponse porte d’abord sur sa longévité au pouvoir. ‘Je commencerai par dire que ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut.’ Ensuite, sur le respect des normes démocratiques à l’occidental. ‘Les élections présidentielles camerounaises de 2018 sont certaines, mais encore lointaines.’ Enfin, sur le temps indiqué pour son retrait ou pas de la scène politique. Nous avons le temps de réfléchir et le moment venu, les Camerounais et les amis français et tout le monde sauront si je suis candidat ou si je prends ma retraite.’

Cette question de Gérard Grizbec lorsqu’il a accompagné François Hollande au Cameroun, revient le 26 juillet 2022, lors de la visite de Emmanuel Macron dans ce pays.  Amélie Tulet (RFI) demande. Monsieur le président Paul Biya, espérez-vous briguer un nouveau mandat en 2025 ou souhaitez-vous qu’une nouvelle génération porte les couleurs de votre parti à la prochaine présidentielle?’ Sur un ton instructif et ludique, Biya enseigne la classe politique française. Le Cameroun est dirigé conformément à sa Constitution. Selon cette Constitution, le mandat que je mène a une durée de sept ans.’ Ensuite, cet ancien séminariste met la France au travail. ‘Essayez de faire la soustraction et vous saurez combien de temps il me reste à diriger le pays.’ Il ferme cette question en encourageant tous ceux qui s’attendent à sa démission ou à sa mort prochaine à la patience. ‘Quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informé sur le point de savoir si je reste ou si je m’en vais au village.’

Avant Gérard Grizbec et Amélie Tulet, il y a eu Ulysse Gosset. Au cours de son entretien avec le chef d’Etat camerounais le 30 octobre 1990,  il lui pose la question sur l’éventualité de sa participation à l’élection présidentielle d’octobre 2011.‘Ce que je peux déjà dire, c’est que les élections présidentielles camerounaises en 2011 sont certaines. Mais je les considère comme lointaines. J’ai un mandat de sept ans et j’ai fait la moitié de ce mandat.’ Sur ce, il précise. J’estime que ces problèmes d’élections sont posés prématurément.’ Le président Biya par Ulysse Gosset, informe les autorités françaises, qu’il a des préoccupations plus ‘urgentes’ que les élections présidentielles. ‘Nous avons d’autres urgences: lutte contre la corruption, contre le Sida, contre la pauvreté. Il faut assurer la stabilité en Afrique centrale.Explique t-il.

De la somme de toutes ces questions sur son intention à briguer ou pas un autre mandat présidentiel, une chose semble évidente. Tous ces ‘journalistes-agents’ recherchent une faille communicationnelle qui pourrait les situer sur l’état de santé réel de ce chef de l’État, qui a fait du silence son ami fidèle. Mais Biya n’est pas naïf. Il a dix coups d’avance sur eux, et sait ce qu’ils retournent. Il a été instruit par le coup que les impérialistes ont assommé au président Amadou Ahidjo, son prédécesseur. Il sait que ça peut se répéter sur un schéma plus ou moins similaire. Puisque c’est connu, ‘le chien n’abandonne jamais sa façon déhontée de s’asseoir.’ A écrit Ahmadou Kourouma dans ‘Allah n’est pas obligé.

Coup d’État ou ‘awu nsigena’

Si certains ‘journalistes-agents’ de la France ont utilisé la voie ‘soft,’ Alain Juillet, ex-patron des espions français (DGSE) prône la boucherie au Cameroun pour qu’enfin, Paul Biya meurt. Puisque la mort serait ‘indulgente’ avec lui. ‘Au Cameroun, Biya est très malade, à plus de 90 ans et n’est jamais surplace. Il est évident que le coup d’État au Cameroun est pour bientôt.’

La prophétie de ce ‘prophète-de-malheur’ du ‘tabernacle’ de la françafrique ne s’est pas réalisée. Le putsch n’a pas eu lieu. Alors Macron a utilisé la voie de l’humiliation. Sur ‘InfoTv,’ Saint Eloi Bidoung décèle le nœud caché de cette mortification. Il explique.‘La France, en choisissant le président Paul Biya pour le discours [commémoratif du 80e anniversaire du débarquement de la Provence, le 15 août 2024], voulait qu’il vienne tomber dans le ridicule, pour que l’on puisse dire au monde entier: ‘vous voyez ce qu’on vous avait dit. Mais cela ne s’est pas produit.’.’ Tout au contraire, le chef d’État camerounais avait fait un discours très éloquent, unanimement félicité. Même par ses adversaires et ceux qui le poussent dans la tombe avant le temps. Un discours pointu et poignant qui a rendu un hommage appuyé aux héros de cette guerre. Une allocution qui a souligné avec élégance que ‘la contribution de l’Afrique a été significative pour rompre les chaînes de l’occupation allemande.’ Et que les ‘valeureux soldats’ africains ont payé ‘un lourd tribut.

Dans ce combat opiniâtre et confus de la communication et de l’espionnage, François Soudan (Jeune Afrique) dans un papier publié le 18 octobre 2024 s’inscrit insidieusement dans la même logique que Alain Juillet. Son plan s’articule autour de sa théorie (?) de la ‘finitude’ avec trois angles d’attaque. Il met en exergue l’âge de Paul Biya avec en fond son impossibilité à vaincre la mort. Il écrit. Lorsqu’on a atteint l’âge de 91 ans et que l’on fréquente assidûment les médecins suisses, on est mieux placé que quiconque pour savoir que, quels que soient les efforts pour en inverser le cours, on ne sort jamais vivant de la vie.’ Une ineptie digne des rats ingrats de palais. Car, consulter un traitant n’est pas synonyme d’une vie éternelle. En plus, même les cerveaux malades savent qu’‘au bout de la vie, il y a la mort.’ Mieux, ‘la mort est une fin nécessaire.’ Malheureusement, l’obsession de voir Biya mal ‘finir’ annihile le bon sens.

A l’image des prophètes des ténèbres, il scelle le sort de Biya à Genève. Il énonce. ‘Il existe dans l’idéologie funéraire une bonne et une mauvaise mort. La mauvaise c’est de mourir loin de chez soi dans la solitude d’un hôpital parisien ou genevois, à la suite d’une agonie interminable ou pire, de cette mort subite que les  Béti—le peuple auquel appartient Paul Biya—appellent ‘awu nsigena,’ ‘le mal qui surprend en terrifiant’.’ Disciple du chaos, il force insidieusement la main aux imposteurs pour s’accaparer du pays avant que la ‘mort subite’ du chef de l’État, ‘loin de chez lui, à la suite d’une agonie interminable,’ ne plonge le Cameroun dans la chienlit. Parce ‘Toute mort est un saut dans l’inconnu.’ Surtout quand on ne ‘sait [pas]la regarder en face et s’y préparer, quand il est encore temps.’ Ce qui sous entend que le président camerounais n’aurait pas ‘préparé’ son-après-lui. Langage arrogant typique à la France nulle, décadente, et donneuse de leçons.

Nécrologues et vacance du pouvoir réclamée

D’ailleurs, les rumeurs qui ont circulé sur le décès du président camerounais suite à son voyage asiatique et Européen débuté le 2 septembre 2024, ont été amplifiées par les media occidentaux qui en ont fait une très mauvaise publicité. Et l’on sait, ‘il n’y a pas de mauvaise publicité, sauf votre propre nécrologie.’ Ecrit l’auteur irlandais Brendan Behan. A cet égard, ‘Jeune Afrique’ et ‘France 24’ ont pris la tête des semeurs la confusion. Malgré les communiqués officiels sur ‘l’excellent état de santé du chef de l’Etat,’ et la confirmation qu’il se porte bien et rejoindra le Cameroun dans les prochains jours, leur activisme malsain n’a pas baissé d’intensité.

Au contraire, la manipulation des consciences engagée par les media français, s’est poursuivie avec une interprétation erronée de la vacance du pouvoir si le président Biya se trouve hors du Cameroun après 45 jours d’absence. Cherchant à rajouter une couche de torpeur, de psychose, et de peur, à l’atmosphère déjà lourde par l’absence du chef de l’Etat. Un canal bien huilé pour créer un désordre social. Un chaos. Leur vacarme est nourri par leur méconnaissance des textes de lois du Cameroun. Stéphane Ballong, rédacteur en chef Afrique à ‘France 24,’ est en cela une catastrophe. Il s’est illustré en introduisant dans son analyse, une tranche de temps (45 jours) en dehors duquel, Paul Biya pourrait être frappé de la vacance du pouvoir.

Pourtant, ‘La constitution camerounaise, telle qu’elle est en vigueur, ne contient pas de disposition spécifique mentionnant un délai de 45 jours d’absence du président à l’intérieur du pays pour déclarer une vacance du pouvoir. Cependant, la vacance du pouvoir est abordée dans l’article 6 alinéa 4 de la Constitution de 1996 (modifiée en 2008).’ Explique Me. Jean de Dieu Momo, Foó Dzakeutonpoug 1er, qui poursuit. ‘Cet article dispose que si le président de la République est ‘‘empêché de manière définitive’’ d’exercer ses fonctions (décès, démission ou incapacité permanente constatée par le Conseil constitutionnel), la vacance est alors déclarée, et le président du Sénat assure l’intérim. Si ce dernier est empêché, c’est le bureau du Sénat qui exerce les fonctions présidentielles.’ En revanche, conclut-il, ‘aucune référence spécifique à une absence de 45 jours n’est faite dans le texte constitutionnel.’ Sur la base de cette exploration des lois par Me. Momo, il est clair que le raisonnement mensonger, erroné et chaotique de Ballong ne répond pas seulement au besoin de l’‘agi-prop.’ Il dévoile son incapacité de déchiffrer un texte simple.

Nécrologie de Biya et Castro dans le même tuyau

Paul Biya, ce vieux-président qu’on tue régulièrement sait faire le mort. A tel point que la fabrication de sa mort n’est pas déterminant dans le jeu politique. En plus, elle n’ajoute rien au capital de crédibilité de ses auteurs/acteurs. Pour ce qui est de sa nécrologie ‘anticipée,’ il n’est pas évident que les journalistes aient pu mettre en exergue une pratique commencée par Alden Whitman en 1966. Et qui consiste à arracher des interviewes pour écrire spécifiquement les nécrologies ‘anticipées’ des personnalités.

Néanmoins, tout porte à croire que, compte tenu de la pluri-dimension du président Paul Biya, béni par l’âge, sa nécrologie ‘pré-écrite’ se trouve dans le réservoir des nécrologies ‘anticipées’ des grands journaux et magazine—Ecrite. Corrigée. Actualisée. Annulée. Reprise—. Nécrologie logée dans la même enseigne que celle du Líder Máximo Fidel Castro, qui ‘a coûté plus d’heures de travail que n’importe quel article que nous ayons jamais publié.’ Confiait en 2016 Bill McDonald, rédacteur en chef des nécrologies du ‘New York Times.’ Epuisant travail de rédaction ‘qui a commencé en 1959 et a connu de nombreuses itérations ultérieures.’

Feumba Samen

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