Agé de 32 ans, ce jeune camerounais gère depuis trois ans, ce petit commerce situé au lieu-dit «Hôtel Sportif» au quartier Bonapriso à Douala, au Cameroun. Son lieu de travail est situé à un jet de pierre de son domicile.
C’est à 6 heures du matin que Clément Messe débute son affaire. Ce sont les bruits d’œufs crus battus à la fourchette et le bourdonnement de quelques gouttelettes d’huile raffinée sur la poêle posée sur la plaque à gaz qui réveillent les habitués du coin. C’est avec un grand sourire aux lèvres et les odeurs d’œufs, de spaghetti frits que «Petit Papa», comme on l’appelle affectueusement ici, accueille ses clients tous les matins.
Ce lundi 30 mai 2022, entre 10 heures 45 minutes et 11 heures 15 minutes, son café foisonne de monde. Huit clients à servir, dont deux par table. Clément Messe est débordé. Bien qu’il soit habitué à ce genre d’affluence tous les jours, «Petit Papa» se fait aider ce matin par l’un de ses fidèles clients. Le volontaire fait la vaisselle pendant que le chef des lieux sert les autres clients.
Les commandes fusent de partout. «Petit Papa donne-moi un pain, un œuf spaghetti sardine», lance un client assis à la troisième table, à l’extrémité gauche du café. Un autre, depuis la première rangée, juste à l’entrée de la cafétéria, de rappeler : «Petit Papa, n’oublie pas, on veut un pain, deux œufs, spaghetti, mayonnaise pour chacun, avec deux tasses de lait.»
Esprit entrepreneurial
Camerounais, originaire de la région du Centre, le gérant de cette cafétéria n’opère dans ce domaine que depuis trois ans dans la ville de Douala. Il se lance dans ce business à Limbé, dans la région du Sud-ouest aujourd’hui en proie au séparatisme. Il y a tenu un « café-resto » pendant de nombreuses années avant de mettre le cap sur Malabo, en Guinée Equatoriale à la recherche des conditions de vie plus favorables.
Il justifie le choix de la cafétéria: «J’ai grandi avec ma mère. Tout petit, je faisais déjà cette activité. Etant donné que maman avait un restaurant et une cafétéria, mes frères et moi y travaillions.»
Quand il se lance à son propre compte, Petit Papa n’a réellement pas une heure d’arrêt. Il sait intérieurement qu’il doit travailler dur pour subvenir à ses besoins. «Je n’ai pas une heure fixe à laquelle je ferme ma cafétéria. Parfois, je ferme à 17 heures, parfois je suis là jusqu’à 22 heures», explique le trentagénaire.
Son travail acharné porte des fruits. Le jeune entrepreneur reçoit en moyenne « 10 clients» par jour.
En ce qui concerne son gain journalier, Clément Messe n’a pas de chiffre arrêté. «Je ne sais pas. Ça dépend. Je peux avoir par jour 5000 FCFA, 7000 FCFA, 10 000 FCFA ou plus en fonction du nombre de clients», précise-t-il, en balbutiant.
Pour le jeune célibataire, le café est une véritable source d’eau vive. Un business juteux. «Je suis fier de ce travail. Malgré qu’il soit fastidieux et stressant, il me permet de joindre les deux bouts», se réjouit-il, tout en encourageant la jeunesse camerounaise à se lancer dans l’entrepreneuriat.
Fadira Etonde, stagiaire
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