Dans cette interview exclusive accordée à La Plume de l’Aigle et à La Voix du Koat, le président national du Nouveau mouvement populaire (Nmp) et panafricaniste fait une analyse profonde de l’assassinat du journaliste camerounais Martinez Zogo, chef de chaîne de la radio Amplitude FM, basée à Yaoundé. L’homme politique propose quelques pistes de solution pour neutraliser les clans qui s’affrontent pour le contrôle du pouvoir suprême après Paul Biya.
La dépouille de Martinez Zogo en dit long sur l’acharnement inhumain de ses bourreaux. Comment en est-on arrivé là au Cameroun ?
Je pense que les phénomènes de ce type, si on les isole de l’histoire du Cameroun, on va se limiter à des émotions superficielles. Mais si on les raccorde à l’histoire du Cameroun, on n’est pas surpris. Le Cameroun est né dans le crime absolu, dans la corruption. La liquidation de l’Upc (Union des populations du Cameroun) est un crime absolu. La répression criminelle, quasi génocidaire qui s’est abattue sur les patriotes camerounais pour imposer une indépendance mondaine, a jeté les fondements criminels de l’Etat du Cameroun. Après l’indépendance, on a continué avec Ahidjo qui va canaliser cette matrice criminelle de l’Etat camerounais, dans le parti unique, avec les lois d’exception et des pratiques de main de fer dans la gestion des contradictions politiques ; qui se soldaient par les meurtres. Le régime d’Ahidjo n’hésitait pas à assassiner. Combien de Camerounais sont allés en exil ? C’est l’histoire du Cameroun. Au moins, cet instinct criminel de l’Etat camerounais on l’a converti politiquement, avec des lois de répression, et d’exception qui ont normalisé politiquement ces violences. C’est ça le parti unique. De longues années de stabilité ont fait croire à certains que l’Etat camerounais était devenu civilisé fondamentalement, que sa nature avait muté, qu’il est devenu un Etat normal, un État ordinaire. C’est ce long sommeil qui a trompé beaucoup, qui justifie le réveil brutal qu’observent certains aujourd’hui, à la faveur du retour au multipartisme, mais avant avec la grande crise économique qui a affaiblie les bases matérielles de l’Etat, ont appauvri les populations et la corruption va remonter en surface. La corruption c’est l’autre pied du caractère criminel de l’Etat du Cameroun. Quand la corruption monte en surface, c’est la haute corruption des hauts fonctionnaires qui, à la faveur du multipartisme, chacun estime qu’il peut devenir président, il faut s’enrichir. On l’a vu avec l’URSS avec ce qu’on a appelé le bradage de l’héritage communiste après la chute du mur de Berlin. C’était grave, on vendait tout, on vendait même des armes nucléaires. Ça a créé un type de citoyen, amoureux de l’argent facile ; c’est-à-dire que les rêves de changement du monde vont se transformer en règles d’enrichissement par tous les moyens. Les gens veulent être riches et les mesures draconiennes qui nous ont été imposées par le FMI vont transformer une bonne partie de l’Etat en comptoirs pour s’enrichir. Et ceux qui avaient les bons comptoirs étaient de hauts fonctionnaires. Avec cette autorisation terrible pour les ministres de faire des affaires. Des hommes qui sont ministres mais en même temps hommes d’affaires. Les gens ne s’imaginent même pas de la gravité de cette dérive déontologique, de cette dérive dans l’éthique de la fonction publique. La fonction publique est incompatible avec l’enrichissement. Est-ce qu’il faut rappeler ça ? Il y a une incompatibilité radicale entre la volonté de s’enrichir et la fonction publique. Mais au Cameroun, dans les années 82, 90 et 86, la haute fonction publique a transformé l’éthique et la déontologie de l’administration en un lieu d’enrichissement criminel. Les ministres, des généraux deviennent multimilliardaires ; les colonels veulent devenir riches. Alors quand on arrive à un tel niveau, l’Etat va en pâtir parce que ceux qui s’enrichissent comme ça transforment l’Etat en marchandise dont le patrimoine est vendu et pillé en complicité avec l’étranger, avec les réseaux de la criminalité mondiale. Une telle situation va accentuer le caractère criminel de l’Etat parce que ceux qui s’enrichissent vont tout faire pour ne pas rendre gorge. Or, il s’est avéré que depuis un bon moment, le Président a accéléré la guerre contre la corruption, qui fait partie de l’un de ses idéaux originels.
Peut-on dire que le Président de la République est toujours engagé contre la corruption?
Vous vous souvenez de la rigueur et la moralisation quand il arrive au pouvoir. Il a engagé le combat, il a démantelé des réseaux très importants de la haute administration. Plusieurs personnalités sont en prison. Il fallait passer à un niveau supérieur. Le Président a décidé de continuer et est arrivé à ce que j’appelle la ligne rouge, le lieu très saint de la corruption : les fameuses lignes 94 et 65. Aussi, sa volonté de faire la lumière sur les scandales liés à la Can et à la Covid, ont fait basculer le Cameroun dans le lieu très saint de la corruption. Mais évidemment ces corrompus, ces baronnies, ces sectes qui se sont incrustés au cœur de l’Etat utilisent tous les moyens de l’Etat pour se défendre. Les moyens même les plus perfectionnés en matière de sécurité. Vous avez vu de plus en plus aujourd’hui, des voix qui se lèvent pour dire que ce type de meurtre –de Martinez Zogo- ne peut être fait que par des spécialistes. Donc, il y a des indices qui montrent que ce sont des spécialistes militaires, des spécialistes de la sécurité de troisième catégorie qui peuvent se livrer à ce type d’opération. Donc, c’est comme ça qu’il faut comprendre ça. L’endo-colonial camerounais est arrivé à un niveau de criminalisation qu’il n’hésitera pas à brûler le Cameroun pour maintenir ses privilèges. C’est à ce niveau qu’on se situe. Une guerre terrible est organisée entre ce que j’appelle les forces saintes de l’administration camerounaise (n’oubliez pas que l’armée c’est la fonction publique) et la partie criminalisée. Le débat qui se pose est celui-ci : Est-ce que le Chef de l’Etat, les forces les plus organisées, les plus saintes de la fonction publique sont à mesure de créer un rapport de force au sein de l’administration qui leur permet de prendre le dessus sur la partie criminelle ? C’est ça l’enjeu de cette bataille, c’est à ce niveau qu’on se trouve et les Camerounais se demandent qu’elle est la position du Chef de l’Etat par rapport à ce meurtre.
Justement, comment expliquer le silence du Chef de l’Etat concernant l’affaire Martinez Zogo. Est-il légitime ?
Est-ce que le Chef de l’Etat vous a habitué à parler ? C’est un grand silencieux. Dans le drame d’Eséka, il n’a pas parlé. Du moins, il a parlé très peu. Mais il avait fait des promesses avec la commission d’enquêtes et il y a eu des résultats qui étaient clairs. Le silence du Chef de l’Etat peut être interprété de plusieurs façons, ça dépend du degré d’information qu’on a, par rapport à ce silence. Il faut être très proche du Président pour être informé. Il est réputé être très distant, même de ce propre peuple. Donc, c’est un mystère. Ce qui est sûr c’est que dans l’opinion publique, les gens se disent que le pays n’est plus gouverné ; que les les terroristes –parce que ce qu’ils ont fait c’est de la terreur, qui utilisent les moyens sécuritaires de l’Etat pour assassiner à ce degré Martinez Zogo, sont à mesure d’imposer leurs lois au Chef de l’Etat. C’est ça l’inquiétude. C’est ça qui fait grandir la peur au sein du pays. Maintenant si on veut faire une simple politologie de cette affaire, on peut se dire que c’est quand même le Président qui a engagé l’audit sur les lignes budgétaires. On ne peut pas nier la parfaite connaissance que le Président a de l’administration, y compris l’armée, la partie civile de l’administration. C’est quand même lui qui a déclenché les opérations d’audit. Il sait très bien quelle est la force des réactions des clans qui ont bénéficié par le biais des opportunités de corruption, de ces lignes budgétaires. Donc, nous supposons qu’en déclenchant cette opération, il a pris la mesure de la situation. Donc à partir de ce moment, si on se base sur cette grille d’analyse, il faut lui faire confiance. Maintenant il y a d’autres grilles d’analyse. D’autres diront que c’était une velléité. La résistance d’en face peut amener le Chef de l’Etat à différer ou bien à biaiser le combat contre ceux qui ont pillé le pays par le biais de ces lignes budgétaires.
Au-delà de l’assassinat, il y a les symboles. Des membres sectionnés, la sodomisation… Il y a de quoi penser que Martinez Zogo a été victime d’un crime-rituel ?
Oui, on peut dire que Martinez Zogo est un symbole de la société camerounaise. Pourquoi ? Parce que le personnage dans la pratique de son métier, incarnait toutes les contradictions de notre société. Les gardiens du temple de la prétendue déontologie journalistique au Cameroun, mettent en avant ses nombreuses dérives. Mais dans quel secteur notre société n’a pas de dérives déontologiques et éthiques ? Qui peut donner des leçons à Martinez Zogo au Cameroun ? C’est l’Etat camerounais qui a détruit la déontologie journalistique. Donc, il n’est pas question ici de justifier l’injustifiable par les dérives ou les manquements déontologiques de X ou Y. A sa manière, il a incarné les travers de la société camerounaise. La dimension rituelle de cette affaire se traduit par les méthodes utilisées. Je pense que si on prend le communiqué de ceux qui se sont présentés comme les chefs traditionnels de la Lékié, quand on fouille, on voit très bien que l’art qui a été mis en œuvre pour le traiter moins qu’un chien, relève d’un type de rite. Et on peut comprendre ça si on procédait à une analyse des circuits exotériques qui ont pris la nation camerounaise en otage. On les connaît. Et leur pratique ici n’est pas différente de leur pratique au niveau mondial. Vous voyez très bien au niveau mondial, on vous parle très bien de ce qu’on appelle le sado-satanisme, la sado-pédophilie, tous ces rituels effrayants qui sont l’apanage de certains milieux puissants dans le monde. Le Cameroun n’y échappe pas. On connaît très bien les adhérences exotériques de nos dirigeants, et dans ces milieux-là, on est habitué à ritualiser les pratiques de l’Etat, à ritualiser les actes publics. On les ritualise par ce que l’acte public dans ce cas-là n’a pas de valeur sans une signature exotérique. La signature exotérique étant une manifestation de pouvoir. La manifestation de pouvoir parce que les codes mystico ésotériques sont l’apanage de ces groupes-là, ils en ont le monopole. Ça fait partie de nos traditions. Ils récupèrent nos traditions, ils dominent nos traditions, ils infantilisent nos traditions, ils les prennent, ils les récupèrent et les mélangent. Ils les synthétisent avec des pratiques apprises venant d’ailleurs. Tout cela crée un cocktail explosif qui, la plupart du temps, a besoin de ce type d’atterrissage pour transformer les citoyens, comme le cas de Martinez Zogo, en un hôtel sacrificiel qui permet de montrer qu’on a mangé un pays, on est puissant, qui va faire quoi ? Donc je pense que c’est à ce niveau qu’on peut se ressaisir et voir comment réagir à ce type de situation.
Que devrait faire la presse face à ce crime, elle qui est accusée d’indolence?
Ça me fait rire ce type de critique. Pourquoi demander aux journalistes d’être des supers camerounais ? Le phénomène de l’impuissance est mondial. On a vu en faveur du covid. On a vu une montée en puissance des partisans de l’obscurité et des ténèbres qui ont pris le monde en otage. Il n’y a pas deux façons d’analyser le covid. Mais comment on est venu à bout du covid ? Ce n’est pas par la force, c’est par la grâce de Dieu et la puissance spirituelle de quelques groupes de personnes qui se sont investies dans la bataille au péril de leurs vies, mais en usant des moyens spirituels de manière fondamentale. Il ne s’agit pas de sombrer dans une tristesse de spiritualité, de la défaite ou de la lâcheté. Mais, sauf à vouloir accabler les journalistes, qui fait mieux dans son secteur ? Les exactions, les privations de droits, les violations de droits au Cameroun ne se font pas comme dans les commissariats, les gendarmeries, les banques, les églises, les familles, partout. Pour moi, c’est une façon de justifier une espèce de ponce pilatisme à l’égard de la situation qu’a subi Martinez Zogo. Deuxièmement, la situation de votre métier montre qu’il y a longtemps que vous avez perdu le contrôle. Ce n’est pas parce qu’on a assassiné sauvagement Zogo que la presse découvre qu’elle est impuissante, c’est depuis longtemps qu’elle a perdu ses repères. C’est organisé par le gouvernement camerounais. Il faut bien connaître quelle est la nature des forces en présence au sein de l’Etat, leur histoire et leurs croyances. Quand on étudie l’histoire du Cameroun, on comprend ce qui est en train de se passer. Il y a ici une tribulation de l’histoire dans différents aspects des appartenances historiques des uns et des autres. D’où est-ce qu’ils viennent ? Qui sont leurs tuteurs historiques ? Comment leurs pères politiques les ont fabriqués ? Qu’est-ce qu’on leur a enseigné? Quand on voit ça, on n’est pas surpris de ce qui arrive. Tout à l’heure, je vous ai convoqué l’histoire du Cameroun qui explique tout ça. Les Um Nyobe, les patriotes camerounais ont fait face glorieusement. S’ils n’ont pas pris le pouvoir à l’indépendance, ils ont gagné la bataille de l’esprit. Qu’est-ce qui a fait leur force ? C’est la foi d’abord au Cameroun, la capacité à dire qu’on donne sa vie pour le Cameroun en toute conscience, pas en subissant la mort mais on donne sa vie pour le Cameroun. C’est Ouandié, c’est Um Nyobe, c’est les patriotes face aux Allemands, pendant l’esclavage. C’est une longue tradition de résistance. Il faut aller visiter ça pour puiser des forces et enfin proposer une force spirituelle saine mais décidée face à ces forces des ténèbres qui ont pris l’Etat en otage. Je pense que c’est tout ça qu’il faudra conjuguer pour relever ce défi. On peut le relever. Qui vous dit que ce n’est pas l’erreur fatale qu’ils ont commise ? Moi je vais vous dire que contrairement à ce que les gens croient, politiquement ils ne dominent pas le Cameroun. Ils vous font croire qu’ils vous dominent. Regardez par exemple avec le covid. On nous a fait croire qu’on ne pouvait rien faire mais qu’est-ce qui s’est passé ? Il faut que les gens réfléchissent même au Cameroun comment on a vaincu le covid ? Comment les Africains ont fait pour s’en sortir devant cette machine mondiale ? Il faut réfléchir à cela. Et il y puiser les forces pour affronter les voyous criminels qui, au cœur de l’Etat, veulent nous faire peur. Il faut voir, la première victoire de l’ennemi c’est de te faire croire qu’il est plus fort que toi dans ta tête, te faire croire qu’il a déjà gagné. Ils n’ont pas gagné.
S’ils n’ont pas gagné, comment se fait-il que presque une semaine après la découverte du corps de Martinez Zogo, personne ne soit encore inquiété ?
Ce n’est pas nouveau au Cameroun. Vous connaissez qui avait tué Djomo Pokam ? Qui l’a défenestré au Hilton après des pratiques rituelles ? L’enquête a abouti à quoi ? On peut remonter plus loin. Le père Mveng, les parties vitales de son corps avaient été enlevées, mais on a désigné quel coupable de sa mort ? Personne. Récemment c’était Mgr Balla Balla décédé. Il y a toute une tradition comme ça au Cameroun, des situations extrêmement graves, avec des enquêtes inabouties. Donc, le cas de Martinez Zogo arrive à un moment où il y a des réseaux sociaux, c’est devenu quelque chose de planétaire. D’autres avant lui n’ont pas bénéficié de ça. C’est peut-être cette situation-là qui pourrait faire pousser l’Etat camerounais, du moins sa partie consciente à avoir honte et à dire qu’il faut faire quelque chose, quitte à présenter des sous-fifres. C’est dans les moments pareils que les ressources de la vraie foi sont utiles, parce que quand tout semble perdu, soit vous dites qu’on a tout perdu, soit vous dites qu’on a encore des ressources. La véritable foi est extraordinaire. Martinez Zogo ce n’est pas un chien. Il a été créé par quelqu’un. Il a de la famille, il est dans une communauté. Nous avons des ressorts historiques spirituels forts, puissants. Nos parents, nos ancêtres ne nous ont pas menti. Tout ce que nous pensons en termes de divinité de ce que le monde n’est pas un hasard, de ce que nous ne tombons pas du ciel, ce n’est pas un jeu. Donc, il faut mobiliser tout ça pour faire face à ces gens-là. Moi je crois profondément à ça. Rien ne prouve que ce n’était pas le meurtre de trop et que la puissance divine peut agir. Dans ce pays quand même, il y a plusieurs religions. Notre pays est infesté de forces spirituelles qui disent que Dieu existe. C’est le moment de se mobiliser sérieusement. Je pense que cette puissance spirituelle peut, si c’est bien gérée, nous aider à comprendre, à reprendre la force pour affronter cette énergie-là.
Que dites-vous par rapport à ceux qui disent que cet assassinat entre dans le cadre de la guerre d’après Biya ?
Mais c’est évident. Moi, depuis plus de 22 ans aujourd’hui j’ai compris qu’on était déjà entré dans l’ère de l’après Biya. Moi je l’ai dit depuis très longtemps. C’est clair et net qu’on est là dans la phase finale de la lutte pour la succession et ces divers clans s’affrontent, mais en même temps sont conscients de ce qui les lie : l’impunité. Il faut conserver l’impunité. On ne doit pas les punir, il ne faut pas qu’on les arrête, il ne faut pas qu’on les neutralise. Les enquêtes sur la corruption ne doivent pas les neutraliser. C’est la vraie bataille qu’il y a là. Il faut amener le Président à stopper les tentatives visant à faire la lumière sur le scandale de la Can, d’Olembé, des lignes budgétaires. La lutte des clans a pour site d’affrontement, ces différents lieux de corruptions que je viens de citer. Alors est-ce que le Président en déclenchant ces opérations s’est préparé ? La logique nous emmène à dire oui, mais ce n’est pas la bataille du Président seul. Et ça a été une des grandes erreurs politiques que nous avons commises dans ce pays. J’ai attiré l’attention des uns et des autres là-dessus depuis 22 ans. J’ai subi des insultes. Je leur disais que, la grande erreur serait de laisser le Président être otage des clans qui se sont dégagés à la faveur de l’évolution de l’Etat du Cameroun et qu’on le paierait cher. Parce qu’après une analyse objective sur le plan politique, on peut tout reprocher au Président mais on connaît quand-même ses mœurs, son rapport à l’argent public. On connaît son rapport aux «droits de l’homme», on sait que s’il pillait les caisses de l’Etat on l’aurait su depuis. Donc, à partir de là on aurait quand-même pu être à mesure de gérer les contradictions de l’Etat camerounais de manière à éliminer, à neutraliser les différents clans qui se battent pour la succession. Le Président est au soir de sa vie mais eux, ils se sont donnés les moyens de contrôler l’avenir. Moi je le dis souvent, le président Biya n’est plus un homme de l’avenir. Même s’il dit qu’il a encore 10 ans ou 20 ans, il n’est plus l’homme de l’avenir. Mais ses gros bras se sont donnés les moyens d’incarner l’avenir de manière que l’après Biya soit la continuité de la main basse qu’ils ont fait sous couvert de maintenir le Président Biya au pouvoir, qu’ils ont fait sur le pays. L’enjeu est là, mais tout n’est pas perdu. Je pense que les forces les plus saines de notre administration, n’ont pas dit leur dernier mot. Il y a quand-même des ressources politiques et géopolitiques qui n’ont pas encore été suffisamment mobilisées de mon point de vue. C’est à elles de donner les moyens au Chef de l’Etat et à la partie la plus saine de notre administration de prendre le dessus sur les criminels qui veulent détruire le pays.
Entretien réalisé par Didier Ndengue et Valgadine Tonga
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