Les parents des nouveau-nés souffrent le martyr depuis plusieurs mois.
Le sérum BCG se fait rare au Cameroun. Le vaccin administré aux nouveau-nés pour lutter contre la tuberculose est devenu précieux dans les centres sanitaires du pays. Devenu grand-père depuis deux semaines, Bienvenu Mbappe est au bord des larmes. Il a peur de perdre sa petite-fille. «Elle est née ça fait déjà deux semaines, mais il n’y a pas de vaccin dans tout le Cameroun. J’ai déjà appelé tous les médecins de mon répertoire. Même au centre national de vaccination, à l’hôpital Laquintinie, à l’hôpital Général, il n’y a pas de vaccin. C’est terrible ! On veut même acheter, mais il n’y a rien dans les pharmacies. On m’a dit qu’à Laquintinie, il reste très peu de vaccin, mais la priorité et l’exclusivité reviennent aux enfants nés dans cet hôpital.»
Bienvenu Mbappé a également contacté des proches à Yaoundé, Garoua, et Bafoussam, sans succès. Au centre national de vaccination, il a eu confirmation de la rupture de stock. «Ils disent que le vaccin peut arriver jeudi ou vendredi,…», rapporte l’écrivain.
Silence radio à Yaoundé
Coordonnateur du Groupe technique régional du Littoral pour le Programme élargi de vaccination (GTRLT-PEV), Léonard Ewane confirme la rupture du vaccin BCG : «C’est une rupture nationale. …Je ne peux pas vous en donner la raison. Ce n’est qu’au niveau central. La région du Littoral n’est qu’une chaîne. Pour avoir les raisons fondamentales, ce n’est que Yaoundé. Mais au niveau local, il n’y a pas de vaccin».
Alphonse Ayissi Abéna, président de la Fédération camerounaise des consommateurs (Fecaco) suit la crise du BCG de près depuis plusieurs mois. Le défenseur des consommateurs camerounais constate que «le ministre de la Santé publique a fait un approvisionnement qui n’a pas tenu sur un mois. Il y a eu une première rupture il y a trois mois. Au mois de juillet, le ministre a fait un approvisionnement qui n’a pas tenu sur un mois. Ceux du mois d’août se plaignent de n’avoir pas reçu leur protocole». Depuis la semaine dernière, poursuit-il, «on enregistre des plaintes du coté de Yaoundé aussi. Au niveau de Douala, quand vous contactez les autorités sanitaires, elles vous renvoient à Yaoundé. Et quand vous appelez la direction centrale, c’est toujours le silence radio.»
Contre la tuberculose
Roger Etoa, médecin de santé publique rappelle l’importance du BCG : «C’est un vaccin très important pour la prévention de l’infection de la tuberculose chez le nourrisson. Il prévient les cas graves de la maladie. C’est un vaccin capital. C’est d’ailleurs le premier qu’on administre à l’enfant dès sa naissance. Il fait partir des vaccins obligatoires.»
En attendant que le ministre de la Santé publique, Dr Manouada Malachie prenne des dispositions pour approvisionner les centres de santé du Cameroun, des mesures d’hygiène sont recommandées pour mettre les enfants à l’abri des infections. «En cas de rupture du vaccin BCG, il ne faut pas alarmer les parents. Ils doivent respecter les règles d’hygiène. Protéger l’enfant de l’environnement, éviter de le faire porter par tout le monde, éviter qu’il ne reçoive les bisous. Il ne doit pas sortir de la maison sans avoir reçu son vaccin», prescrit Vanessa Adrienne Kouatchouang, épidémiologiste.
Didier Ndengue et Ruffine Moguem
Comments