Depuis que les ministres des affaires étrangères du Burkina, du Mali et de la Guinée-Conakry se sont rencontrés à Ouagadougou et ont envisagé de mutualiser leurs forces, la peur s’est emparée des «nègres de maison». Par cette expression, nous voulons désigner les Africains qui croient qu’il n’y a pas de salut en dehors de la France, que la fédération que les 3 pays veulent créer est vouée à l’échec et que quiconque les soutient dans ce noble projet est un doux rêveur stipendié par Moscou. Sans en apporter les preuves, ils estiment en outre que la Russie ne fera pas mieux que la France et que seules les ressources naturelles du continent intéressent Poutine.
Par cette expression, nous voulons désigner les Africains qui croient qu’il n’y a pas de salut en dehors de la France, que la fédération que les 3 pays veulent créer est vouée à l’échec et quiconque les soutient dans ce noble projet est un doux rêveur stipendié par Moscou. Sans en apporter les preuves, ils estiment en outre que la Russie ne fera pas mieux que la France et que seules les ressources naturelles du continent intéressent Poutine.
La majorité de ces nègres de maison se trouve en Côte d’Ivoire. Ils craignent que la révolution qui a commencé à Bamako, à Conakry et à Ouaga n’arrive à Abidjan. Ils ont tort de défendre bec et ongles l’ex-puissance colonisatrice car la France est, avec le Portugal (5, 8 millions) et la Grande Bretagne (3, 2 millions), l’un des pays ayant le plus déporté d’êtres humains (1, 3 million), parce que «les déportations, les massacres, le travail forcé, l’esclavagisme ont été les principaux moyens utilisés par le capitalisme pour augmenter ses réserves d’or et de diamants, ses richesses et pour établir sa puissance» (Frantz Fanon, «Les Damnés de la terre», 1961), parce que le bilan des fausses indépendances est largement négatif pour l’Afrique, parce que même Senghor, dont la docilité et la fidélité à la France étaient indiscutables, reconnut en 1945 que ce pays «a porté la mort et le canon dans mes villages bleus, qu’elle a dressé les miens les uns contre les autres comme des chiens se disputant un os, qu’elle a traité les résistants de bandits, et craché sur les têtes-aux-vastes-desseins». Avait-il la haine en lui quand il stigmatisait cette France «qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié… qui hait les occupants et m’impose l’occupation si gravement, qui ouvre des voies triomphales aux héros et traite ses Sénégalais en mercenaires, faisant d’eux les dogues noirs de l’Empire, qui est la République et livre les pays aux Grands-Concessionnaires, qui, de ma Mésopotamie, de mon Congo a fait un grand cimetière…, cette France dont nombre de missionnaires ont béni les armes de la violence et pactisé avec l’or des banquiers» (cf. «Hosties noires», 1956) ? Non. Il ne disait que la vérité. Puissent les adorateurs de la France découvrir cette vérité et rejoindre la lutte pour la vraie indépendance !
Jean-Claude DJEREKE, Journal Intégration
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