Réunis à Niamey ce 21 novembre 2022 autour du thème « Accélérer l’industrialisation et la diversification économique inclusives et durables de l’Afrique grâce à des solutions locales et à un soutien ciblé au développement des PME », de nombreuses personnalités issues de multiples institutions internationales ont donné leur avis quant aux actions à mener pour l’atteinte des objectifs.
L’économie africaine est portée par les Petites et moyennes entreprises (PME). Elles représentent un minimum de 90%. Contre toute attente, la part des femmes dans les PME frôle la barre des 60%. Autrement dit, elles sont le moteur longtemps ignoré de l’économie du continent. Il y’a donc lieu désormais de composer avec les PME pour l’atteinte des objectifs d’industrialisation du Continent. Plus encore, de mettre un terme au déni de l’entrepreneuriat féminin en facilitant l’accès aux financements aux femmes.
Nardos Bekele Thomas appelle donc à placer les PME au centre des politiques d’industrialisation, tant au niveau national qu’au niveau du continent. Le CEO du NEPAD rappelle que l’institution qu’elle préside a initié ces derniers temps des programmes de soutien académique et financier à l’adresse des acteurs de l’industrialisation africaine, avec un accent sur les PME portées par les femmes.
Pour sa part Babajide Sodipo, parlant pour le compte d’Afreximbank, déplore le faible niveau de financement des PME. Il appelle à un renforcement des capacités, un accès au marché et surtout un plaidoyer continue auprès des autorités. L’institution bancaire africaine a lancé récemment un programme d’incubation et travaille de ce fait avec quelques sociétés. Insuffisant toutefois ! Car de l’avis de Babajide, l’urgence de mettre en place une foire africaine des PME se fait ressentir. Le financier note pour finir que « même si on donne tout l’argent qu’il faut aux sociétés, elles seront inefficaces aussi longtemps que leur marché n’est pas identifié. »
Aller vers la création des marques
Devant la lenteur dans la réalisation des projets sur le continent, Albert Muchanga, invite les décideurs à l’action dare-dare. Celle-ci doit consister essentiellement à faire émerger des marques africaines. Il s’agit pour se faire de créer, un environnement autour d’une marque commune ; ce qui devrait permettre un financement bancaire rapide du fait du nombre d’acteurs engagés dans le processus. Toutefois la marque doit être créée au niveau continental et même au niveau local.
En parlant des femmes africaines transformatrices, Pamela Coke Hamilton, le Directeur exécutif du Centre du Commerce International suggère une mutualisation des efforts de toutes les candidates à l’industrialisation, au moyen des coopératives et autres groupements d’intérêt économique. Il s’agit dans un premier temps de fédérer toutes ces forces autour des coopératives avant de migrer vers des structures plus aptes à porter la marque au niveau continental voir mondial. Cette mise en commun des efforts devrait permettre une production continue ainsi que l’arrimage de la production aux standards tant nationaux qu’internationaux.
Force est donc de constater que les candidats à l’industrialisation du continent évoluent en rangs dispersés. Il suffit pour le comprendre de visiter l’exposition des femmes transformatrices qui se tient depuis le 20 novembre à Niamey. Les transformatrices présentes y vont chacune de sa petite idée, avec ses modestes moyens. De nombreuses PME sont unipersonnelles ; au mieux elles tournent autour de la famille pourtant en face l’on retrouve des mastodontes occidentaux et américains rompus aux techniques de conquête des marchés à l’international. Autant de choses qui ralentissent le processus d’industrialisation, bien sûr à côté du déficit d’accès à l’énergie électrique qui relève de la volonté des États. Car si l’on est convaincu que le continent africain va s’industrialiser, personne ne peut prédire à quel horizon cela sera effectif au regard des schémas actuels.
Onesiphore NEMBE pour Afrique Progrès Magazine
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