L’initiative de la Deutsche Sparkassenstiftung für International Kooperation (DSIK), fondation spécialisée dans les Caisses d’Epargne Allemande, vise à inculquer l’éducation financière aux artistes.
L’innovation a été présentée à la presse camerounaise mardi 10 mai 2022 dans les locaux de la Deutsche Sparkassenstiftung für International Kooperation (DSIK) à Yaoundé. L’échange était animé par Dr. Isabelle Antunès, chef de mission. La directrice de la fondation des Caisses d’Epargne Allemande au Cameroun a présenté Cuhlia comme étant «un mouvement global d’artistes renforcés dans leurs capacités par l’inclusion financière et entrepreneuriale, des célébrités et des partenaires ».
Explicitement, cette expérience inédite qui voit le jour au Cameroun, est un groupement d’artistes qui implique des mentors et banquiers. L’objectif étant de promouvoir les artistes et contribuer à leur autonomisation financière. «Je pense que sans inclusion financière et entrepreneuriale, c’est vraiment difficile pour quelqu’un qui a des revenus réguliers de bien vivre sa vie. Et quand on est artiste, c’est une trajectoire de vie, c’est un choix que l’on fait qui n’est pas forcément facile, parce que justement, les sources de revenus ne sont pas toujours certaines. Tout ça fragilise l’artiste et c’est très difficile de savoir comment est-ce qu’on va vivre», explique l’initiatrice du projet.
Culhia bénéficie, pour le moment, de l’accompagnement de la Régionale. Le projet consiste aussi à accompagner les banquiers de manière à ce qu’ils puissent développer des produits et services adaptés aux artistes. «Aujourd’hui, regrette Dr. Isabelle Antunès, on a tendance à trouver normal de dire que les artistes ne sont pas bancables. Avec Cuhlia, on va trouver des banquiers capables de servir les artistes. On espère que le Cameroun va inspirer d’autres pays».
Témoignages
Chanteur indépendant, Djoguy fait partie des 19 musiciens qui expérimentent Cuhlia dans leur carrière. Au départ, explique le jeune chanteur, « je n’arrivais pas à faire de revenu. Avec Cuhlia, j’ai appris la culture financière. Et non plus de façon informelle comme on fait au quartier, mais à travers une banque. Mes revenus, je les dépose dans un compte en banque. A travers Cuhlia, j’ai la possibilité de prendre un crédit pour investir dans mes projets musicaux. Pour investir au-delà même si j’ai d’autres activités parallèles qui peuvent me générer des revenus connexes».
L’appartenance à la plateforme lui a permis d’enregistrer une chanson dans l’un des studios partenaires de Culhia. «J’ai joué avec des musiciens professionnels, je n’avais pas les moyens de le faire avant. Et j’ai ma chanson sur des plateformes digitales. Avant, je n’étais pas enregistré auprès d’une société de gestion collective. J’ai compris qu’après avoir enregistré au studio, il faut d’abord protéger la chanson auprès d’une société de gestion collective », se félicite-t-il.
Son confrère, Scienty Ekoro, rappeur depuis 2012, a enregistré son premier projet musical en 2016. Il a fait la rencontre avec Cuhlia en 2022. Il y a déjà un impact dans sa jeune carrière. «Maintenant, je sais en temps réel où on écoute ma musique. Je connais le pays dans lequel on écoute le plus ma musique. Je peux orienter ma communication dans un pays ou dans une région précisément à travers mon téléphone et ma carte bancaire. Mes revenus sont directement redirigés dans mon compte d’épargne à La Régionale», se réjouit l’artiste. En plein développement, Culhia réfléchit également à la condition des hommes et femmes de médias.
Didier Ndengue
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