Le personnel de la représentation diplomatique cumule quatre mois d’arriérés. Des démissions ont été enregistrées ces dernières semaines.
La fronde enfle entre Jules Ngoulako et ses collaborateurs. Le Consul général de la République du Congo à Douala est accusé de gourmandise par le personnel qui lui réclame quatre mois d’arriérés de salaires. «Ça va faire cinq mois à la fin de novembre», nous apprend un travailleur du consulat ce lundi 09 novembre 2020.
Avec la rentrée scolaire en cours au Cameroun, le personnel consulaire composé de Camerounais, Centrafricains et Congolais, est encore plus inquiet. «On souffre. Je n’ ai pas pu envoyer mes enfants à l’école cette année à cause de cette situation», se lamente notre interlocuteur. Une source bien introduite au Consulat général affirme que Brazzaville a fait le virement des salaires des agents locaux, sur lesquels le consul général se serait assis.
Instabilité salariale
Le problème des salaires du personnel de cette représentation diplomatique ne date pas d’aujourd’hui. Dans une correspondance adressée au Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, de la coopération et des congolais de l’étranger en date du 12 février 2018, Jules Ngoulako accusait bonne réception « des ordres de virement des salaires du personnel local du Consulat du Congo à Douala pour les mois suivants : janvier 2017, mars 2017, avril 2017, mai 2017, juin 2017, juillet 2017, août 2017, septembre 2017, octobre 2017, novembre 2017 et décembre 2017 ». Presqu’une année sans salaire.
Dans la même lettre dont nous avons eu copie, le Consul général, un ancien officier de l’armée congolaise à la retraite, rappelait à sa hiérarchie que le dossier concernant la revalorisation salariale du personnel local de Douala, n’avait toujours pas de réponse.
« Le problème des salaires de l’année 2017 était encore supportable parce que le Congo traversait une énorme crise économique et financière. C’est grâce au soutien des bailleurs de fonds qu’il a pu se relever. Mais pour cette année 2020, les salaires sont passés depuis, mais le chef de ne veut pas nous gérer», insiste cet employé du consulat, très en colère.
«Celui qui ne peut pas supporter démissionne»
Le 02 avril 2020, les agents locaux du Consulat général ont saisi le ministre des Affaires étrangères du Congo pour lui soumettre leurs doléances. « Monsieur le Ministre, nous vous informons que depuis fin décembre 2019, nous vivons un véritable drame dans nos familles car, jusqu’à date, nous n’avons perçu aucun franc de nos salaires, alors que nous avons des loyers à payer, des enfants à soigner, à nourrir et à éduquer », écrivent-ils non sans dénoncer le traitement esclavagiste qui leur est infligé par le Consul général : « Quant aux salaires de 2019, ils nous ont été payés en monnaie de singe et à main levée : 20.000 (vingt mille) ; 15.000 (quinze mille) francs CFA pour faire un mois.»
Ceux qui osent se plaindre reçoivent cette expression en pleine figure : «Celui qui ne peut pas supporter démissionne». Plusieurs démissions ont déjà été enregistrées. Un employé a récemment écopé d’une mise à pied. « Quand il te donne une mise à pied, il coupe ton salaire », dénonce une victime du Consul général. Contacté par notre reporter, Jules Ngoulako n’a pas voulu répondre à nos questions. «Je ne vous connais pas, je ne peux pas vous répondre», s’est-il contenté de dire au bout du fil.
Didier Ndengue
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