By La récurrence de cette question est si avérée que la décision relative au gel du financement américain contre cette maladie suscite autant d’inquiétude que d’incompréhensions.
« Des coupes budgétaires soudaines menacent aujourd’hui de réduire à néant les progrès durement acquis » dans la lutte contre la tuberculose, « mettant en grand danger des millions de personnes, en particulier les plus vulnérables ». Cette alerte a été donnée par l’Organisation Mondiale de la Santé, le 5 mars 2025. L’agence de l’ONU va même plus loin en rappelant qu’au cours des deux dernières décennies, les efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre la tuberculose ont permis de sauver plus de 79 millions de vies. Avec le gel de l’aide américaine, ce pourrait être la catastrophe dans les pays pauvres quand on sait que « le gouvernement américain a fourni environ 200 à 250 millions de dollars par an en financement bilatéral pour la lutte contre la tuberculose au niveau des pays (…) Ce financement représentait environ un quart du montant total du financement des donateurs internationaux pour la lutte contre la tuberculose », a-t-on appris de l’OMS.
Au Cameroun, ce sont plus de 425 000 malades (25000 pour la tuberculose et 400000 personnes vivant avec le VIH) qui seraient conduits à l’échafaud selon Bertrand Kampoer, le Directeur Exécutif de Stop TB Cameroun, qui voit en la décision de Donald Trump des conséquences catastrophiques et fâcheuses. Ce d’autant plus qu’au début de l’année 2025, des partenaires opérationnels travaillant sur les financements du gouvernement américain ont reçu des notes d’arrêt des financements avec effet immédiat. Ce qui fait qu’en plus des licenciements massifs de professionnels de santé et de services de soins contre la tuberculose (agents de santé communautaires et de personnel technique) qui s’en sont suivis, le risque de transmission et de développement de résistances aux médicaments, sont remontés en surface.
Stop TB Cameroun estime à près de 50 % des organisations qui ont vu leurs capacités à fournir des services de lutte contre la tuberculose « gravement » affectées. Près de 25 % d’entre elles ayant dû fermer entièrement leurs bureaux et leurs projets.
Si cette décision du président américain jugée avec émotion peut paraître cruelle, il faudrait quelque part intégrer la raison aussi, question de conscientiser davantage nos gestionnaires quant à l’usage des fonds perçus. Pour le cas d’espèce, au Cameroun, une revue à mi-parcours du PSN TB 2020-2024 du PNLT réalisée en novembre 2022, indique que les résultats de la prise en charge des cas sont mitigés quand bien même il est fait mention d’un taux de succès thérapeutique à 87%. Comment se fait-il qu’on n’ait pas atteint un pourcentage encore élevé même si dans certains cas, on peut faire allusion à l’existence de 50% des patients attendus (appelés cas manquants).
Si tout le monde se base sur le côté émotionnel pour décrier la décision du président américain, ce qui reste normal quand on sait que des milliers de personnes seraient exposées à une mort certaine, Donald Trump semble plus regardant au sujet de la gestion des fonds octroyés. On se souvient qu’en 2020, il avait pris une décision semblable contre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en raison de sa «mauvaise gestion» de l’épidémie du coronavirus. «Aujourd’hui, j’ordonne la suspension du financement de l’Organisation mondiale de la santé pendant qu’une étude est menée pour examiner le rôle de l’OMS dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus», avait-il déclaré. «Le monde a reçu plein de fausses informations sur la transmission et la mortalité» du Covid-19, avait-il fait savoir. Serait-ce donc pour les mêmes raisons qu’avec le Covid-19 que Trump critique avec virulence l’attitude de l’agence onusienne basée à Genève ? Une chose est sûre, le président américain ne veut pas la mort de l’humanité, mais un petit grain de vérité suffirait à sauver le monde. Il faudrait aussi aller voir de ce côté-là.
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