Le journaliste camerounais analyse l’élection de Me Mbah Eric Mbah au barreau ce lundi 20 juin 2022 après trois jours de travaux.
Par Henry-Paul Diabaté Manden
Ce que j’ai retenu de l’élection du bâtonnier…
En ces temps où la querelle politique avait embrasé le Cameroun, Maître Ben Achuo Muna avait fait 03 mandats successifs à la tête du Barreau du Cameroun alors que la barre réglementaire était curieusement fixée à 02. Pourquoi le barreau avait-il outrageusement violé la loi ? Avait-on eu besoin de savoir s’il était francophone ou anglophone pour l’adouber ? Ses pairs Camerounais ont eu confiance en lui parce qu’il était le Primus inter pares. Il incarnait le meilleur compromis pour rassembler le barreau. Il en est de même pour Maître Yondo Mandengue Black, l’homme qui avait eu le courage d’être le défenseur du président Ahidjo alors poursuivi par son successeur pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Devant la faillite du politique, l’avocat restait le dernier symbole d’une société qui refuse l’arbitraire. A cette époque, chacun avait ses tendances politiques, ses inclinaisons tribales, sa part de mysticisme, mais en aucun cas, tous ces particularismes n’influençaient le sillon du barreau.
Pendant que maître Mbah Éric Mbah est porté en triomphe par certains de ses pairs, d’autres de ses partisans admonestent et raillent les confrères qui sont coupables à leurs yeux de l’avoir défié. L’image défile en boucle dans mon esprit. C’est la première fois dans l’histoire du barreau que cela se produit. Ce n’est donc pas la victoire d’un barreau qui croit aux lendemains qui chantent.
Aujourd’hui, le tribalisme exacerbé et le clientélisme politique, ont enterré le dernier sursaut de redressement entamé par le bâtonnier Tchakoute Patié mais que son décès a tué prématurément.
Et avec ce que j’ai vu au Palais des sports, le barreau ressemble à un train qui a perdu ses freins. Il fonce à une vitesse infernale vers l’abîme. Et rien hélas, ne semble prêt à stopper son allure vers le néant.
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