Le président directeur général du Groupe Bocom était l’hôte de la deuxième édition des « Rendez-vous de Saint Jérôme » hier mercredi 25 novembre 2020 à Douala. Le capitaine d’industrie qui pèse plusieurs milliards de francs CFA, a prescrit l’entreprenariat aux étudiants de la Catho en lieu et place de la fonction publique.
De 30 000 FCFA de salaire mensuel à milliardaire, ce fils de vigneron a fait du chemin. Ce mercredi 25 novembre 2020, Dieudonné Bougne partage sa riche expérience devant près de 600 étudiants de l’université catholique Saint Jérôme (la Catho St Jérôme) de Douala. C’est dans le cadre de la deuxième édition de leur rendez-vous mensuel avec les modèles et repères du monde des affaires et culturel du Cameroun. Dans le but de les motiver à réaliser leurs rêves futuristes, l’opérateur économique, l’un des plus influents du pays avec plus de 3000 employés, inculque le sens des affaires à ces jeunes intellectuels qui ont, pour la plupart, les yeux rivés sur la fonction publique. Toute chose que déplore le patron de Bocom.
Le milliardaire fait fortune dans plusieurs secteurs d’activités. Sa curiosité, son courage et sa détermination l’amènent à embrasser le monde des affaires dans les années 1980. Le digne fils de Bansoa, dans la région de l’Ouest, où il a érigé une université spécialisée dans la géologie, tâtait plusieurs terrains pendant qu’il travaillait encore comme docker au Port autonome de Douala, où il gagnait 30 000 FCFA de salaire mensuel seulement.
En 1982, il injecte ses économies dans des secteurs variés. De l’atelier de couture, aux machines à écraser les tomates, en passant par l’achat des taxis et camions citernes qui travaillaient dans les plantations de la Socapalm, Dieudonné Bougne touche à tout et ne néglige aucun domaine. Le rêve de celui qui pèse plusieurs milliards de francs CFA aujourd’hui, est de devenir industriel et employer 15 mille personnes. Il en est actuellement à 3000 et promet d’atteindre son objectif dans les dix prochaines années.
80 millions de francs CFA de bénéfice
En 1992, il démissionne du Port autonome de Douala pour se consacrer entièrement à ses business. Deux ans plus tard, il se lance dans une aventure internationale. Direction: Hong-Kong. Sur le territoire asiatique, le Camerounais tombe sur des foulards. Une aubaine pour lui. Il réussit à charger un conteneur de foulards qu’il revend au Cameroun. Il s’en sort à la fin de l’opération avec un bénéfice de 80 millions de francs CFA. C’est le début d’une nouvelle ère glorieuse qui s’ouvre. Les appétits de Dieudonné Bougne vont grandissant. Il veut matérialiser tout ce qu’il voit ailleurs dans son pays natal. Après le marché de vêtements de Hong-Kong, l’homme d’affaires met le cap sur le traitement des huiles. Il crée Bocom International, qui lui donnera « beaucoup de milliards de francs CFA ». Il ne tarit pas d’inspiration. Dieudonné Bougne achète des terrains dans la ville de Douala pour avoir des titres fonciers et garantir ses business. Les autres entités du groupe (Bocom Industry, Bocom Petroleum,…) voient le jour quelques années plus tard pour corriger les nombreuses défaillances constatées dans les stations-services où il ramassait les huiles, entre autres. «Aujourd’hui, on produit en corrigeant toutes ces erreurs», se réjouit le PDG.
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Au Cameroun, son entreprise pétrolière est classée deuxième en terme de nombre de stations-services après le français Total et troisième dans la distribution des produits pétroliers. Dieudonné Bougne a confié la gestion de ses entreprises au vice-président du groupe, son fils Franky Bogne, pour s’investir dans le secteur minier, où il possède plusieurs certificats d’exploitation délivrés par les pouvoirs publics.
Dieudonné Bougne : « Si vous devenez tous des hommes d’affaires, est-ce qu’on aura encore le chômage dans ce pays ? »
Les étudiants, tous admiratifs, ovationnent l’homme d’affaires après son brillant exposé. « Votre expérience et vos valeurs sont des trésors à nos yeux », lance Guy Martial Keyou, président de l’association des étudiants de Saint Jérôme, tout ému.
Après ce cours magistral d’entreprenariat sanctionné par les opportunités d’affaires dans le secteur minier (or, calcaire, diamant, fer, pétrole, etc.), Dieudonné Bougne va demander aux étudiants de Saint Jérôme de « chercher à devenir des hommes d’affaires ». Il leur a posé une question : « Si vous devenez tous des hommes d’affaires, est-ce qu’on aura encore le chômage dans ce pays ? » Des propos qui cadrent avec la vision de l’institut universitaire qui l’accueille ce jour. « Il a essayé de retracer un peu son parcours, d’insister sur l’entrepreneuriat. Le marché de l’emploi se rétrécit aujourd’hui. On ne peut plus avoir pour toute la jeunesse diplômée, des possibilités d’insertion. A Saint Jérôme, il est question d’amener l’étudiant à se mettre à son propre compte, à créer son entreprise. Dans le programme de formation, on a une bonne dose de contenu qui permet à l’enfant de capitaliser le montage, la création et la gestion des projets », explique Lazare Kolyang, chef de cabinet de l’administrateur général à la Catho St Jérôme. Mgr Samuel Kleda, Archevêque métropolitain de Douala a été le premier à partager sa vision avec ces étudiants dans le cadre de ce programme novateur.
Didier Ndengue
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