Le dossier du mois de ce journal proche de l’Elysée fait un zoom sur les soutiens de Moscou en Afrique. La chaîne de télévision panafricaine dirigée par Justin Tagouh est abondamment citée.
Le mensuel Jeune Afrique (JA) d’août 2021 consacre sa grande Une à la présence russe en Afrique. Un dossier de plusieurs pages sur «les mercenaires de Poutine» sur le continent. L’enquête des journalistes Benjamin Roger et Georges Dougueli plonge les lecteurs «dans les coulisses du soft power russe». De la production de contenus audiovisuels, au financement de médias locaux, en passant par le parrainage d’influenceurs «anti-impérialistes», et campagne de propagande en ligne, le journal affirme que «Moscou ne lésine pas sur les moyens pour promouvoir son action».
Une capture d’écran d’une photo montrant Justin B. Tagouh, Président directeur général d’Afrique Media TV (AM) avec le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov illustre l’enquête. Ce choix n’est pas un fait du hasard. Le journal consacre une page à la relation entre le manager de la chaîne de télévision panafricaine et Moscou. En plus de ses médias Russia Today et Sputnik, JA affirme que «Moscou peut compter sur quelques chaînes africaines très prorusses, au premier rang desquelles Afrique Media TV, basée au Cameroun».
A en croire le journal, le Pdg d’Afrique Media avait bénéficié de la générosité de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et celle d’Idriss Itno pour développer sa chaîne. «Sauf que, à partir de 2014, la crise pétrolière assèche les financements publiques de ces deux pourvoyeurs de fonds. En quête de financement, Tagouh prend contact avec les Russes grâce à l’intermédiation de son ami Luc Michel», peut-on lire dans ses colonnes, non sans laisser croire que Moscou pourvoit aux besoins de la chaîne.
Riposte
La direction générale de la chaîne ne s’est pas encore prononcée de façon officielle sur ce que ses journalistes considèrent comme un acharnement. Elle a néanmoins laissé le soin à ses panélistes d’exposer aux yeux du monde, les manigances de ce journal. Dans leurs répliques, les consultants Bertrand Tatsinda, Dr Jean-Paul Mbelek, Luc Michel et les autres grandes gueules de la chaîne panafricaine crachent du feu sur ce qu’ils qualifient de «feuille de chou» à la solde de l’Elysée depuis les premières heures des indépendances des pays africains. Certains panélistes font même savoir qu’il ne s’agit pas d’une enquête, mais d’un dossier réalisé sur la base des notes des services secrets occidentaux.
Le belge Luc Michel fait savoir que les commanditaires du dossier de JA accusent AM de «média mensonge» au même titre que « les médias européens notamment Rfi et France 24 […]. Si vous suivez Jeune Afrique, Rfi et compagnie, vous constaterez que sur moi et sur Afrique Media, on n’arrête pas de mentir. Moi qui suis un adversaire historique du Front national en Belgique et en France. Depuis 1980, je suis présenté comme un soi-disant néonazi, ça fait rigoler tout le monde. Je suis un partisan de l’internationalisme et de l’amitié entre les peuples», recadre Luc Michel. Dr Jean-Paul Mbelek est également dans la même logique. Pour lui, les colons refusent de reconnaître que les africains sont aussi des humains, qui jouissent de toutes leurs facultés mentales. «Ils pleurent le fait que les Africains se libèrent ? », s’interroge-t-il.
Rappelons qu’Afrique Media est retiré du bouquet Canal+ Afrique en 2014, «au motif que cette chaîne œuvre contre les intérêts de la France en Afrique», avait indiqué dans un communiqué, le responsable de la communication et des relations publiques du Conseil africain des médias, François Bikoro.
Didier Ndengue
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