Après leur déclaration commune du 11 septembre 2023 blâmant la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), dix candidats à l’élection présidentielle issus de l’opposition remettent le couvert ce 13 septembre 2023. Cette fois-ci, ils vont plus loin dans leur stratégie d’instrumentalisation.
En plus de confirmer leur défiance à l’égard de la HCC, ils contestent le Gouvernement sous sa forme actuelle. Ils appellent aussi le peuple à se lever – “peuple” qui semble justement bien sourd à ce type d’appels, très peu concerné par le discours incendiaire et hors sol de ces oppositions. Ils demandent enfin à la communauté internationale de ne pas être complice des violations de la loi et de prendre des mesures.
En cause ? Le refus du Président du Sénat d’assurer la présidence par intérim de Madagascar.
En effet, la Constitution malgache prévoit que le président en exercice, candidat à sa propre succession, démissionne de son poste 60 jours avant la date du scrutin et que le président du Sénat assure l’intérim. Mais aucune disposition n’est prévue en cas de refus de ce dernier. Face à ce silence, la HCC assumant ses responsabilités à confier l’intérim au gouvernement en tant qu’instance collégiale. L’intérim n’est donc pas assumé par une personne mais par plusieurs responsables, par ailleurs au fait des affaires de l’État.
Nombre de juristes et commentateurs, à l’unisson de la HCC, expliquent que les articles 46 et 52 de la Constitution consacrés à l’exercice provisoire des attributions du Chef de l’État par le Président du Sénat décrivent un mécanisme. Ils n’imposent pas une obligation dont le non-respect serait passible de sanction. En d’autres termes, aucun texte ne prévoit la démission du Président du Sénat qui a refusé d’assurer l’intérim de la Présidence de la République. « Le président du Sénat a renoncé à cette charge. On ne peut pas l’obliger à prendre les rênes du pouvoir », a justifié le président de la Cour constitutionnelle, Florent Rakotoarisoa, interrogé par l’AFP.
« Nous avons seulement appliqué la mesure de réserve prévue par la Constitution« , a-t-il poursuivi, ajoutant que la justice a œuvré pour « assurer la continuité de l’État« . Selon la Constitution, un gouvernement collégial assure l’intérim dans le cas où le président du Sénat est lui-même candidat à la présidentielle.
Ainsi, les oppositions semblent plutôt démontrer leur crainte d’affronter un scrutin présidentiel qui, pour le moment, démontre plutôt la faiblesse de leurs propositions et de leur vision pour le pays. Ils s’accrochent à chaque polémique pour tenter de dépeindre une situation catastrophique, qui, si le pays connaît de nombreux défis et difficultés, ne semble pourtant pas être celle vécue par les électeurs.
En plus des 11.043.836 électeurs qui veulent accomplir leur devoir civique, d’autres groupes et personnalités considèrent que les élections sont la seule issue possible : la société civile, le secteur privé, les chefs religieux et traditionnels, Transparency International et les Partenaires Techniques et Financiers, sans oublier tous les pays étrangers qui ont participé au financement du “Basket Fund”.
Ces mêmes oppositions ont auparavant accusé à tort le gouvernement d’Andry Rajoelina de vouloir reporter le scrutin présidentiel. Il n’en était rien. Elles se sont ensuite érigées en censeur de nationalité, accusant le Président de ne pas être malgache au seul motif qu’il détient une autre nationalité, comme des millions d’africains, et des milliers de malgaches.
Rappelons, aussi, que l’OIF (organisation internationale de la Francophonie) a assisté la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) dans le processus d’établissement des listes électorales et a validé ainsi que le fonctionnement du scrutin et de la Commission. On pourrait d’ailleurs s’interroger sur la nécessité de ces interventions alors que toutes les compétences existent au sein de la CENI. A ce propos, les oppositions ne semblent pas avoir de problème avec la nationalité de ceux qui participent à établir le cadre d’un scrutin souverain. Contrairement à la précédente polémique qu’ils cherchent à nourrir à propos de la double nationalité du président sortant Andry Rajoelina, favori du scrutin de cet automne.
Soulignons aussi que le cas de Madagascar est largement singulier dans le monde et en Afrique en particulier : qui connaît un autre système dans lequel un Président ou tout autre personne exerçant des responsabilités exécutives doivent en démissionner pour avoir le droit de concourir au scrutin ? Même l’Europe ne connaît pas de telles règles.
Malgré cela, les candidats de l’opposition en appellent à l’étranger, la communauté internationale, pour régler des polémiques qu’eux seuls nourrissent, pour cacher leur vacuité. Cherchent-ils l’affrontement pour obtenir un hypothétique report des élections présidentielles, préjudiciables à l’image du pays et à sa stabilité ?
Correspondance particulière: Baudouin Nyobe
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