Dans cet entretien, l’ancien Secrétaire national à la Communication et aux alertes du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) et enseignant de journalisme, demande à l’Etat de réguler et de réglementer le contenu des médias dans notre pays. Il invite par ailleurs chaque citoyen à prendre ses responsabilités en contrôlant « sa propre exposition et celle de ses protégés aux médias ».
Comprenez-vous les accusations que certains observateurs font au SNJC suite à son silence dans cette affaire de propagation d’homosexualité par certaines chaînes Canal+ ?
Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) à travers l’ancienne équipe dirigeante dont certains sont encore au Bureau Exécutif National a réussi à cristalliser beaucoup d’espoir dans la presse, dans l’environnement médiatique en général et même dans l’opinion au point où ces accusations peuvent sembler fondées. Voyez-vous, les médias produisent de nombreux contenus leur permettant de remplir les fonctions d’information, d’éducation, de divertissement, cathartiques qui leur sont dévolues. La réalité est que ces contenus ne sont pas exclusivement produits par des journalistes. Ils le sont de plusieurs autres acteurs qui parfois, n’ont pas de relation directe avec les hommes de médias. Seulement, dans l’opinion, c’est davantage les fonctions incarnées par les journalistes qu’on retient le plus. Pour plusieurs personnes, médias : renvoient à journalistes. Il n’est donc pas exagéré ou encore superfétatoire que certains observateurs dénoncent ce qu’ils considèrent comme le silence du SNJC.
Le SNJC par sa Présidente nationale se défend en disant que le Syndicat n’est point concerné par les contenus déviants de Canal+. En quoi justement la pollution des mœurs au Cameroun peut concerner le SNJC et les journalistes en général ?
Je crois que la réaction de la Présidente du SNJC doit être perçue comme une réponse à des attaques, parfois infondées auxquelles le Syndicat ou encore l’équipe qu’elle dirige fait face depuis quelques temps. Le SNJC a toujours porté un regard critique sur le contenu des médias, et sur toutes les questions qui touchent aux médias et à l’environnement médiatique. Du coup, la position d’un cadre du Syndicat, fût-elle présidente ne doit pas être considérée comme la position du Syndicat, qui elle, est toujours la résultante d’un consensus. Je la comprends et la défends sur ce coup. Je le dis avec beaucoup plus d’assurance que par le passé, le SNJC s’est penché sur le cas Canal +. Le Syndicat questionnait non pas seulement les contenus diffusés à travers les bouquets de cette entreprise, mais également le traitement des médias locaux par cette organisation. Le Syndicat avait reçu des plaintes dans ce sens. Les journalistes et autres membres du SNJC sont des citoyens camerounais avertis, mieux outillés pour défendre la République et dénoncer mieux que beaucoup d’autres citoyens les tares, les comportements déviants, la pollution des mœurs qui minent notre société. Tout aussi, le SNJC de par sa structuration dans le pays, la qualité de ses membres, son expertise est mieux placé que toute autre organisation pour porter ce combat ; même si ce n’est pas sa vocation première. Ce dernier doit impliquer tous les Camerounais et toutes les organisations et surtout celles d’avant-garde et de gauche à laquelle appartient le SNJC.
Des médias en ligne ont porté le combat de la dénonciation jusqu’à ce que le CNC décide de frapper du poing sur la table. Comme quoi la presse en ligne pèse…
Le combat pour l’émancipation de nos peuples, la sensibilisation, l’éducation des masses se fera avec internet ou ne se fera pas. Je fais là allusion à la presse en ligne responsable, mais pas à toute « la saleté » qu’on retrouve sur Internet. Bravo aux animateurs de cette catégorie de presse dont l’action, couplée à celles de tous les Camerounais patriotes a poussé le CNC (Conseil national de la communication) à sortir de sa léthargie légendaire. C’est sur ce terrain qu’on attend le CNC et c’est cela son véritable rôle, et non pas celui de « gendarme » des productions journalistiques auquel il s’adonne à cœur joie.
En tant que journaliste et enseignant de journalisme, la déontologie et l’éthique recommandent-elles aux médias camerounais de se taire face à la violation de notre constitution, de la loi et de nos us et coutumes par des médias étrangers ?
Tout le contraire. En matière de déontologie et d’éthique, celles relatives à la presse ou encore aux journalistes constituent le socle, l’arme idoine pour la défense de notre constitution, de nos us et coutumes. Les journalistes se doivent d’être des réceptacles soucieux, disposés à révéler les mensonges, dénoncer les tares de la société d’où qu’elles viennent. Ils doivent faire rempart aux faux, à la déstructuration de la société et contribuer à l’éclosion d’une société de raison. « Ne rien dire qui puisse nuire et ne rien taire pour plaire » doit être est le crédo, sinon un principe cardinal pour les journalistes
Que faut-il faire pour définitivement bannir ces contenus à caractère homosexuel de nos ménages ?
Que chaque parent, chaque citoyen prenne ses responsabilités et contrôle sa propre exposition et celle de ses protégés aux médias. Que l’Etat régule et réglemente enfin les contenus des médias et davantage ceux des réseaux sociaux. Il faut aussi inscrire l’éducation aux médias dans nos programmes scolaires depuis la maternelle. Enfin, il faut sanctionner, faire disparaître de notre environnement ceux qui pervertissent la jeunesse et les esprits fragiles par quelque moyen que ce soit.
Entretien mené par Didier Ndengue et Valgadine Tonga
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