Les actions du continent africain en faveur de son industrialisation se multiplient sur fond d’une volonté politique forte. C’est au point que Mohamed Bazoum, le président du Niger, s’est invité à la réflexion et livre les orientations de cette initiative combien porteuse d’espoir pour l’Afrique. C’était à Niamey, le 25 novembre 2022 lors de l’ouverture du sommet extraordinaire des chefs d’Etats de l’Union africaine.
Le Président nigérien invite le continent à mettre sur pied « une stratégie d’industrialisation agile et adaptative » pour mieux aborder tous les aléas à venir. À garantir une fiscalité adaptée aux secteurs à développer ainsi que l’accès aux financements sur fond d’un service bancaire fluide. C’est sans oublier la bonne gouvernance.
Pour une réussite du processus d’industrialisation en cours, Mohamed Bazoum suggère que l’Afrique opte pour une stratégie robuste. L’idée est de s’engager dans une dynamique où les actions posées au départ sont assumées nonobstant les aléas qui peuvent survenir. L’homme d’Etat conseille surtout de ne pas essayer d’inventer la roue. Mais plutôt de s’appuyer sur l’expérience d’autres continents tout en travaillant à tirer profit de la quatrième révolution industrielle en cours.
De l’avis du Président du Niger, l’industrialisation africaine doit embrasser tous les secteurs prioritaires. L’alimentation, l’eau, l’habitat, l’énergie, les transports, la santé, les communications et l’éducation doivent connaître un développement simultané. Investir dans l’éducation avec un accent sur les TIC. Mohamed Bazoum appelle de ce fait à développer « les synergies et les interactions positives de ces secteurs (ndlr : les secteurs évoqués ci-dessus) ».
Vers une géopolitique de l’eau autour de l’industrialisation africaine
Devant la diminution des précipitations et des réserves d’eau liées aux changements climatiques, le challenge le plus important est celui de garantir une fourniture en eau aux acteurs étatiques et par conséquent aux industriels. Eu égard à la rareté de l’eau dans certains pays de la bande sahélienne, l’eau devient pour ainsi dire une matière première sans laquelle l’industrie africaine pourrait, dans certains pays ne pas décoller.
L’urgence d’établir des conventions relatives à la gestion des bassins transfrontaliers se fait. Jusque-là, seul le fleuve Sénégal est géré par une organisation qui regroupe les pays autour de cette rivière. Le Nil dans la sous-région Est-africaine où le Lac Tchad, frontières naturelle entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’ouest, vont probablement abonder dans le sens d’une gestion partagée selon les besoins en eau des pays alentours. La situation de certains États enclavés nécessite à terme, que des installations de type pipeline soient disposées en vue du transport et de l’approvisionnement en eau.
Un fort besoin d’énergie électrique
Alors que la COP 27 a récemment rendu ses conclusions, ses orientations relatives à l’approvisionnement énergétique via les sources renouvelables sont en déphasage avec l’ambition d’industrialisation du continent. Car la réussite de l’industrialisation dépend premièrement de la production énergétique. Or les énergies renouvelables, prises seules, parviendraient difficilement à satisfaire la demande en énergie dans un continent où plus de six cent millions d’hommes n’ont jamais connu l’électricité.
L’émergence de l’industrie africaine implique de recourir à toutes les sources d’énergie ; fossile, nucléaire, hydraulique, houlomotrice, solaire et même éolienne. L’essentiel étant de satisfaire l’importante demande des industriels. L’Afrique doit pour se faire opter pour un mix énergétique avec en sus un usage efficient des ressources non renouvelables dans un contexte de forte augmentation de la démographie africaine.
Onesiphore NEMBE pour Afrique Progrès Magazine
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