Huile de palme : les prix passent au rouge à Douala
L'huile de palme dans une cuvette au marché Dakar, situé à Douala 3. Photo prise le 19 juillet 2022 par Ruffine Moguem pour LPA
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Huile de palme : les prix passent au rouge à Douala

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Un litre de 450 FCFA désormais vendu à 1000 FCFA voire plus. Les récriminations des ménagères.

Le panier de la ménagère s’amenuise progressivement. Au marché Dakar, situé au 3ème arrondissement de la ville de Douala au Cameroun, les pluies de ces dernières semaines rendent la circulation difficile. Les commerçantes de tomates, piment, légumes disposent leurs marchandises sur des plastiques à même le sol. A un jet de pierre, des sacs de riz, d’oignons, de cube bouillon abondent. Au milieu de ces  produits de première nécessité, des cuvettes et de bouteilles d’huile de palme  aguichent les regards. Cette huile artisanale de couleur rouge est l’un des produits les plus chers du moment sur le marché camerounais. Son prix a rougi depuis quelques mois. Au point où il est pratiquement impossible pour certains ménages de s’en procurer.

«C’est grave! Tout  est devenu cher  au marché et les salaires n’augmentent pas. Même l’huile rouge, le premier élément pour faire la cuisine. Non c’est trop ! A cette allure, on va crever  de faim», s’indigne Claire, ménagère résidant au quartier Tergal. Cette mère de famille s’est rendue ce mardi 19 juillet 2022 au marché Dakar pour se procurer 1,5 litre d’huile de palme pour concocter du ‘’koki’’, un plat  local qui se fait essentiellement avec cette huile. Mais le prix qui lui est communiqué  donne le vertige. «J’ai déjà tourné en rond chez trois vendeurs et je suis surprise de constater qu’un litre d’huile de palme qui coûtait 450 FCFA ou 5 00 FCFA est carrément passé à 1000 FCFA ou 1100 FCFA et si tu n’as pas 1600FCFA, tu ne peux pas avoir 1 litre et demi. Avec cette hausse, je suis obligée de changer le menu du jour», se lamente- t- elle.

Saison des pluies et carburant

Diverses raisons expliqueraient la flambée du prix de l’huile de palme sur le marché. Détaillante au marché Dakar, Cécile se ravitaille chez un grossiste qui s’approvisionne à Bertoua (Est) et Ebolowa au Sud du Cameroun. «Le fournisseur nous dit qu’en cette saison des pluies, les routes qui mènent aux champs ne sont pas praticables. En plus, le prix du carburant a augmenté et souvent le camion tombe en panne. Du coup il est obligé de facturer tout cet argent dans le prix d’huile pour pouvoir s’en sortir aussi. Avant il nous livrait un bidon de 20 litres d’huile de palme à 13500 FCFA, maintenant c’est 19500 FCFA ou 22000 FCFA comme la semaine dernière. On ne s’en sort pas. 500 FCFA de bénéfice par bidon c’est insuffisant», déplore la revendeuse, qui ajoute : «Il nous dit également que les palmiers ne produisent plus assez de noix. Quand bien même il y a l’huile, les Gabonais accourent avec des citernes pour se ravitailler. Ils proposent des meilleurs prix aux cultivateurs que les  grossistes».

Huile de palme dans des bouteilles d’1,5 litre. Photo: Ruffine Moguem pour LPA

Revendeuse, Pauline raconte son chemin de croix : «J’achète directement l’huile de palme chez les planteurs à Melong, dans le Moungo. Un bidon de 20 litres là-bas coûte actuellement 19000 FCA. Le même coutait 12500 FCFA en février. Les planteurs nous disent que quand il pleut énormément comme ces jours-ci, les palmiers glissent et les grimpeurs ne veulent pas prendre le risque de les monter pour cueillir les noix. Beaucoup de sociétés de raffinage vont voir ces mêmes planteurs et augmentent les enchères. Autant de difficultés que nous rencontrons pour avoir la marchandise

Delor Magellan Kamseu Kamgaing, président de la Ligue camerounaise des consommateurs (Lcc) qui suit cette situation de près, dénonce : «La production est  insuffisante. Et même le peu d’huile de palme qui est produit n’arrive pas dans les marchés de manière normale. Il n’y a pas un accompagnement étatique pour encourager les producteurs locaux pour qu’ils puissent produire abondamment.» Le défenseur des droits des consommateurs camerounais invite le gouvernement à «encourager les producteurs locaux et à favoriser la mise en place des dispositions qui permettent à ce que les produits cultivés soient évacués vers les centres de commercialisation.»

Ruffine Moguem

 

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