En plus de revendiquer l’élection d’un nouveau chef traditionnel de troisième degré un an après le décès de Samuel Bebe, les populations de ce quartier dépendant territorialement et simultanément des arrondissements de Douala 1er et Douala 2ème, remettent aussi au goût du jour les problèmes d’insécurité, d’insalubrité, de lutte contre la pêche illicite et des litiges fonciers qui secouent la zone depuis plusieurs années.
Le couché du soleil au marché de Youpwè,le 25 décembre 2024. Crédit photo: LPA
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Douala : Youpwè ressuscite ses vieux démons avant l’arrivée du Premier ministre

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En plus de revendiquer l’élection d’un nouveau chef traditionnel de troisième degré un an après le décès de Samuel Bebe, les populations de ce quartier dépendant territorialement et simultanément des arrondissements de Douala 1er et Douala 2ème, remettent aussi au goût du jour les problèmes d’insécurité, d’insalubrité, de lutte contre la pêche illicite et des litiges fonciers qui secouent la zone depuis plusieurs années.

L’horloge affiche un peu plus de 15h ce mercredi 25 décembre 2024 à Youpwè. Un quartier à cheval entre Douala 1er et Douala 2ème. En ce jour de célébration de Noël, les tout-petits d’ici sont tirés à quatre épingles. A l’entrée du nouveau débarcadère et marché aux poissons construit par la coopération japonaise et qui sera inauguré par le Premier ministre, chef du gouvernement, Dr Chief Joseph Dion Ngute, demain vendredi 27 décembre 2024, deux agents de la police municipale assurent la sécurité. La route qui conduit sur le site est construite en pavés. Elle affiche d’ailleurs fière allure. Une beauté qui tranche avec la réalité dans certains secteurs du quartier où l’insécurité et l’insalubrité ont élu domicile. Premier notable de la chefferie traditionnelle de Youpwè, Ignace Manif s’est intégré dans ces deux fléaux. Derrière son domicile, au bord de l’eau, des odeurs nauséabondes des ordures ménagères et des matières fécales polluent l’air, obligeant les visiteurs à se pincer le nez. « Comme vous voyez ici, c’est sale. Ce sont des bandits qui vivent ici, les fumeurs de chanvre. Si le Premier ministre arrive, il doit savoir que nous voulons la paix, la sécurité et la propreté à Youpwè », fulmine-t-il, courroucé.

Menacés d’expulsion

Drogue, délinquance juvénile, vol et la consommation abusive de l’alcool font partie des phénomènes qui tuent le quartier Youpwè à petit feu. Les conséquences qui en découlent sont légion. Si les plus chanceux ont « hérité » de peine d’emprisonnement ferme, il est plutôt courant d’enregistrer des morts suspectes par noyade ou par empoisonnement,… A côté de ces tragédies, comme une épée de Damoclès, une menace plane en permanence sur la tête des propriétaires terriens du quartier depuis des années. Ils pourraient être expulsés à tout moment de leurs domiciles si leurs habitations ne sont pas tout simplement détruites et rasées pour cause d’utilité publique. L’intervention à la fois musclée et rassurante des autorités administratives, serait alors très attendue. « Nous avons des problèmes de casses avec le Port autonome de Douala. C’est le véritable problème qui nous casse la tête. On ne dort pas en paix. C’est une zone très menacée », se lamente John Tabenyang, habitant du quartier depuis plus de 40 ans. Avant le Port autonome, poursuit-il, « c’était le Sawa Beach. On notait les maisons,… ». « Youpwè est un village menacé de destruction. Est-ce que le Premier ministre vient inaugurer un marché qui sera habité par des animaux ? », S’interroge de son côté Samuel Ndjehenle, autochtone.

En plus de revendiquer l’élection d’un nouveau chef traditionnel de troisième degré un an après le décès de Samuel Bebe, les populations de ce quartier dépendant territorialement et simultanément des arrondissements de Douala 1er et Douala 2ème, remettent aussi au goût du jour les problèmes d’insécurité, d’insalubrité, de lutte contre la pêche illicite et des litiges fonciers qui secouent la zone depuis plusieurs années.Pêche illicite

Au moment où le Premier ministre s’apprête à inaugurer le principal marché aux poissons de la capitale économique camerounaise, les dégâts causés par la pêche illicite sont sur toutes les lèvres à Youpwè. Les pêcheurs chinois sont accusés de pratiques illégales dans les eaux camerounaises. « Nous vivons mal. Le poisson devient de plus en plus rare et cher parce qu’on a laissé la possibilité aux Chinois de pêcher n’importe comment. Et ils font la pêche sale. Ça veut dire qu’ils ravagent tout. À un moment, on n’aura plus de poisson parce qu’ils font la mauvaise pêche. Ils doivent pécher dans le large, qu’ils laissent les petits pécheurs. Que le gouvernement prenne cela vraiment au sérieux », prévient Christian Nguelentou.

Conséquence immédiate : « La quantité de poisson qu’on achetait à 2000, 3000 FCFA, on la retrouve aujourd’hui à 5000, 6000, 7000 FCFA. C’est trop ! Les Chinois doivent être rappelés à l’ordre. Leurs filets doivent être contrôlés…», insiste Christian Nguelentou. A cela s’ajoutent les coupures intempestives de l’électricité dans le quartier. L’effet direct porte sur la conservation et le prix du poisson frais. « Youpwè est un grand site commercial pour le poisson. Maintenant, tous les vendeurs du poisson nous font souffrir parce qu’il n’y a pas de glace. On achète un sac de glace à 8000 FCFA et 9000 FCFA », déplore Samuel Ndjehenle.

En plus de revendiquer l’élection d’un nouveau chef traditionnel de troisième degré un an après le décès de Samuel Bebe, les populations de ce quartier dépendant territorialement et simultanément des arrondissements de Douala 1er et Douala 2ème, remettent aussi au goût du jour les problèmes d’insécurité, d’insalubrité, de lutte contre la pêche illicite et des litiges fonciers qui secouent la zone depuis plusieurs années.Un quartier sans guide

Un autre problème qui devra être porté à la connaissance du Premier ministre, est sans nul doute la vacance au trône depuis le décès de son chef, Samuel Bebe, il y a environ un an. Le quartier Youpwè n’a plus de guide pour défendre ses intérêts auprès des autorités administratives de la ville de Douala. « Nous avons une autre préoccupation qui n’est pas mineure. C’est d’un chef de quartier parce que le procèdent est décédé. Et on n’est pas dans une situation confortable au niveau de la gestion administrative de notre quartier. On souhaite qu’un nouveau chef soit éventuellement élu et non nommé », précise Claude Priso Etonde, habitant du quartier depuis plus de 35 ans. Une fois le débarcadère inauguré, l’un des vœux émis par cet habitant à la santé précaire, serait de ressentir une équité dans l’attribution des places dans cet espace marchand. Il serait souhaitable, voire impératif de voir que les commerçants qui avaient été délocalisés pour la reconstruction du nouveau marché « retrouvent leurs places. Parce que généralement quand on constate qu’il y a de nouveaux bâtiments, la répartition ne revient plus à ceux qui étaient là avant. Le Premier ministre doit tout faire pour que cette injustice soit réparée ».

 

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