Dans cette tribune intitulée « Notre conscience nationale à l’épreuve de la désinformation », le colonel à la retraite dénonce la République du buzz alors qu’il y a plusieurs patates chaudes sur la table de Yaoundé.
C’est comme ça, un club d’amis, tout compris, gère la République à coup d’éclaboussures et défraie la chronique pour nous éloigner des vraies questions et faire de leurs impérities, des sujets de buzz. Et les journalistes y sont malheureusement et par viscosité entraînés!
Ce conglomérat bien stratifié et hiérarchisé, généralement pas très brillant à l’école, plus parvenu qu’érudit, jubile puisque l’on s’occupe enfin d’eux. Les potes se retrouvent dans les endroits de la jet set, consolidant la nouvelle coterie d’amis, s’empiffrant d’alcool et de boustifaille, pour que vous nous détourniez ensuite, nous contraignant par viol, de vivre leurs orgies…
Vous êtes habiles à nous saupoudrer des sujets souvent même anachroniques, remuant ciel, terre et poubelles, pour inventer un autre éditorial mensuel et insipide, quand le précédent s’est délavé.
Avant-hier c’était l’affaire Eto’o-Minsep; hier c’était la mort virtuelle du Président de la République, une fois ressuscité, les mêmes flagorneurs et opposants psychopathes ont repris leurs besognes, sans coup férir; aujourd’hui c’est Longue Longue. L’on s’attarde sur un être particulièrement douteux, versatile et bouffon, c’est cela la conscience nationale?
Vous nous cassez les pieds finalement, avec ce nouveau buzz! Pendant ce temps, au travers de cette énième diversion, nous nous détournons de nos véritables enjeux et défis, de progrès et de consolidation de notre unité nationale. Cette unité prise dans la tourmente, avec tous les relents identitaires que nous générons chaque jour.
L’alternance politique caresse désormais pour certains, l’idée d’une trajectoire Nord-Sud, comme si cela était constitutionnellement établi, quand dans cette nouvelle intrigue à tendance irrédentique, l’Ouest se signale aussi par quelques thuriféraires qui viennent enfin d’acquérir l’usage d’un nouvel outil de TIC, digne héritier des effets pervers du Web 2.0. Les nouveaux rédacteurs en chef de ces chaînes, n’ayant pas de frayeurs à exposer leur incurie, s’adressent à la Nation à coup d’invectives. Mais disons-le avec fermeté. Cet activisme ne dispose d’aucun mandat de la région, ni de leurs forces vives, pour se prononcer sur des mécanismes rêvés par leurs émotions. Dans les régions citées en effet, résident des patriotes qui pensent à notre unité et au développement global de notre nation.
Ces chaînes YouTube des mille collines, pour y revenir, sont polluées d’élucubrations, grêlées d’incongruités, au grand dam des puristes de l’information et de la communication. Hélas, comme il fallait s’y attendre, certains s’en acoquinent de ces procédés qui sonnent le glas de la norme des vrais professionnels de l’information, cela, de fil à aiguille. On aura tout vu, tout entendu: des mensonges, de la désinformation, sans malheureusement recevoir les excuses de ces brillants éditorialistes qui devraient pourtant avoir honte de leurs publications, toujours un peu plus haineuses que grossières, fantasmagoriques et stupides. Mais non, toute honte bue, ils reviennent injecter d’autres substances pathogènes, infatigables. Arrêtez d’en faire un focus apologétique et ils arrêteront aussi, puisqu’ils n’amuseront plus personne!
Dans ce procès de grands ensembles ethniques enfin, tournent les ambitions cachées de commanditaires impatients, tapis dans l’ombre comme des lâches et des croque-morts. Dans la perspective décrite, les minorités sont effacées, on vous voit venir…Retenez que le Cameroun, c’est les majorités, et les minorités. Dieu nous a tellement bien créés qu’il nous a divisés en plus de 200 ethnies! Une diversité qui est en réalité notre vraie richesse, au lieu d’être celle que l’on brandie pour des calculs d’influence et de lobbies.
Où sont passées les questions profondes de notre économie? De la formation de nos enfants complètement débridée à l’école, du progrès technologique que nous regardons par la fenêtre, comme la vache regarde le train passer dans le pré? Que disons-nous des problèmes sécuritaires, avec les ambazoniens qui portent désormais l’insécurité en dehors du NoSo, en découpant nos frères et sœurs à la machette? Que pensons-nous de l’accoutumance généralisée à la violence, celle du Boko Haram qui renaît insidieusement dans l’Extrême-Nord, des microbes à Douala, de la propagation dangereuse du langage haineux?
Nous serons tous responsables de notre chute. Les Occidentaux nous ont donné un nouveau jouet, les réseaux sociaux, pour nous évader pendant que les vraies questions sont aériennes pour nous.
Et le dimanche, c’est reparti, c’est la totale, avec des plateaux envahis de sombres personnages, mal élevés, vociférant pour se donner à coups d’invectives, la preuve de d’une profondeur stratégique, dans le bal des lurons. Quelques brillants esprits essayent dans ce tintamarre malgré tout, de chercher la vérité, mais se noient très vite dans le brouhaha des argumentaires biscornus.
Un proverbe chinois, dit ceci: » Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi ».
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