By A 30 ans, le jeune camerounais se dit ambassadeur de la gent féminine. Il séduit le jury par son projet artistique solo intitulé « Cri des ombres », lors des finales de la 2ème édition du concours chorégraphique de la création contemporaine du festival Tanga Ngando. C’était le 1er juin 2024 à l’Institut Français du Cameroun, antenne de Douala. Une prestation qui lui a valu le titre de « Vainqueur de la catégorie solo » de ce concours. Zoom sur sa performance et son parcours.
« Cris des ombres ». C’est le titre de la pièce dansée que raconte Landry Obama avec son corps, le samedi 1er juin 2024 lors des finales de la 2ème édition du concours chorégraphique de la création contemporaine et la clôture de l’acte 1 du festival du pas de danse, Tanga Ngando. C’était dans la salle de spectacle de l’Institut Français du Cameroun, dans la capitale économique. Classé dans la catégorie « Solo », Julien Landry Obama, de son nom intégral, avait pour unique challenger, Franck Lobé Lobé, de nationalité camerounaise également.
Il fait son entrée dans la pièce, torse nu, vêtu d’un pantalon « super cent » noir, un tissu attaché autour des hanches. Sur sa tête, Landry Obama porte un panier tissé et tient un autre entre les mains avec lesquels il s’amuse. Sur la scène, il y a une paire de chaussures d’homme de couleur orangée. « La paire de chaussures représente le minimum d’hommes qu’on retrouve sur terre et le panier sur la tête c’est le lourd fardeau que la femme porte en elle pour l’humanité », explique-t-il.
Performance
Au rythme du classique « Tam Tam » de Sally Nyolo, le danseur-interprète marche, tourne sur lui-même, se tord de douleur et s’enroule quelques fois par terre. Ses moindres faits et gestes sont calculés ainsi que les mouvements de son corps. Ce langage corporel résonnent comme un haut-parleur qui fait cerner dans les moindres détails, le solo « Cris des ombres » : une création de danse qui met et remet au centre des débats, la question du genre, mais plus précisément, la place de la femme dans la société.
« L’idée centrale de cette pièce est de mettre le mouvement et la gestuelle au service de la défense des droits des femmes, quelles que soient leurs origines ou pratiques culturelles et professionnelles. Ceci en plaçant au cœur du discours chorégraphique un danseur homme au lieu d’une danseuse. Je me suis pris comme ambassadeur des femmes pour défendre leurs droits car, dans la société, elles sont délaissées, abandonnées et même violentées. Elles ont besoin de ce respect-là dans la société, parce que la femme c’est l’humanité, l’amour, la créatrice et la vie », idéalise Landry Obama.
Par sa remarquable prestation scénique, la technique dans sa gestuelle, la pertinence et l’originalité de son propos chorégraphique, sa créativité et son côté innovateur, il n’a pas laissé les membres du jury indifférents. Avec une moyenne de 15,20/20, Landry Obama remporte le trophée du «Vainqueur de la catégorie solo» du concours chorégraphique et une enveloppe de 200.000 FCFA.
Détermination
Julien Landry Obama est un jeune artiste danseur-interprète originaire de la région du Centre, plus précisément de la capitale politique camerounaise, Yaoundé. Teint marron et de taille moyenne, il est le quatrième né d’une fratrie de 5 enfants, dont 4 garçons et une fille.
A 9 ans, il fait ses premiers pas dans la danse en 2003, au sein d’un groupe chorégraphique à la chapelle de Ngousso. « Ma famille s’est opposée car, selon elle, l’école c’est le meilleur chemin et la danse n’est pas un métier », se souvient-il.
Passionné d’art en général et de danse en particulier, il suivra le conseil de ses parents, mais sans toutefois abandonner son rêve. « Je suis allé jusqu’en classe de terminale. Je n’ai pas eu le baccalauréat et j’ai arrêté les études pour continuer mes formations dans le domaine artistique et poursuivre mon rêve », confie Landry. Il est passionné de breakdance au début. C’est finalement sur la danse contemporaine qu’il va s’accrocher pour développer et accroître ses compétences.
Landry Obama brandit le trophée et sa récompense, le 1er juin 2024 à l’IFC-Douala.
Distinctions
« Bboy Landry », comme l’appellent affectueusement ses collègues de breakdance, évolue dans de nombreuses compagnies. Entre autres, Cie Feelhip Ondoua, Cie SN9PER Crew, Cie Falk’Art. Avec elles, il a remporté plusieurs prix au niveau local et à l’étranger. Il a été vainqueur de la catégorie Hip-hop à la 8ème édition des jeux de la francophonie en 2017, au Sénégal. Il a été élevé au rang de « Chevalier de l’ordre de la valeur », par le chef de l’Etat Paul Biya. En 2021, il remporte avec la compagnie Falk’Art, le prix du concours « Pensées africaines ». En 2023, il est vainqueur de groupe à la première édition du concours chorégraphique de la création contemporaine avec Cie Feelhip Ondoua. Et cette année 2024, son talent et sa détermination ont une fois de plus parlé en sa faveur. Il est le vainqueur de la 2ème édition dudit concours de danse, mais cette fois-ci en catégorie solo.
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