Emmanuel Macron, Président de la République française (Photo by LUDOVIC MARIN / various sources / AFP) (Photo credit should read LUDOVIC MARIN/AFP/Getty Images)
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Tchad-RCA : le « parrain » en ballotage

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Postulant que  la présence russe conduirait à dévaluer la « puissance » de Paris dans les deux pays, quelques experts apportent des éclairages sur la donne actuelle.

«L’intérêt russe dans la région est de déstabiliser la France. Au sommet Russie-Afrique, tout ce que la Russie proposait à l’Afrique c’était l’armement. On a un peu de mal à voir l’intérêt de la Russie dans la région, si ce n’est un intérêt mercantile de très court terme». En le disant au cours de « Triptyque » (une émission produite le 16 mai 2021 par Maek Digital PR & Audience Mesurement, une agence de relations publiques dédiée à l’Afrique disponible sur YouTube), le général Dominique Trinquand décrit une Russie visant à se « construire », à se projeter en puissance et à faire  disparaître d’autres acteurs étrangers de la scène géopolitique tchado-centrafricaine.  De l’avis du diplômé de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, au Tchad et en RCA, Moscou s’est donné une cible: la France. Celle-ci, affirment des analystes, peine à concevoir de nouveaux objectifs de manière anticipée et à préparer le terrain en amont sans déconnexion entre les dimensions politique, de coopération et économique. L’intérêt de cette réflexion est de souligner une compétition entre États. Pour la Russie, l’enjeu était de disposer d’un espace d’expression. Au sein de celui-ci, il serait possible à Moscou de mener une diplomatie centrée sur les questions militaires et économiques.

Dans le fond, le déploiement de la Russie depuis 2017 a pour but explicite de liquider la séculaire hégémonie française en RCA et au Tchad. Déjà, l’appropriation de la formation et équipements des forces centrafricaines donne corps à cette menace depuis 2018. Il en est de même des slogans anti-français scandés depuis Bangui.  Dans la capitale centrafricaine, « l’arrivée des Russes s’est en effet accompagnée d’une campagne anti-française orchestrée assez violente où l’on ne dénonçait pas seulement la politique de Paris mais où on appelait à s’en prendre aux Français sur place », a affirmé Roland Marchal (chercheur à Sciences Po Paris) sur le plateau de TV5 Afrique le 18 décembre 2020. A Ndjamena, les attentes et les doutes de la population, dont le point de vue a sensiblement évolué sur la diplomatie de Paris, semblent être l’amorce d’un désaveu. Au vrai, la France est en ballotage dans le vaste ensemble spatial tchado-centrafricain, semble dire le général Dominique Trinquand.

Jean-René Meva’a Amougou

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