Deux jeunes en train de détruire un coffre fort à Nyalla Rail à Douala. Crédit photo: La Plume de l'Aigle
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Nyalla : le maire accélère les casses, la population aux abois

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Le bulldozer de Valentin Epoupa Bossambo, maire de l’arrondissement de Douala 3e, est passé sur les constructions du lieu-dit ‘’Rail’’ la semaine dernière.

Il est 13h passé de quelques minutes, la prière du vendredi terminée, le quartier Nyalla lieu-dit Rail est pris d’assaut par les riverains. Sous un soleil ardent et sous le regard inquiet des propriétaires des commerces détruits, des petits groupes se forment soit pour ramasser la ferraille soit pour verser dans des débats tous azimuts.

Le maire de Douala 3ème, Valentin Epoupa Bossambo vient de laisser ses empreintes sur les lieux. Entre 6h du matin et 14h, le bulldozer de la mairie a rasé boutiques, bureaux, commerces et maisons, sans autres formes de procès. « Je remémore les souvenirs avec mon coffre-fort », lance une caissière de Western Union, qui a peur d’être licenciée par le top management de la structure de transactions financières après la démolition du point de Nyalla Rail.

Bras de fer entre la population et la mairie

Depuis sa prise de fonction, le nouveau maire de l’arrondissement de Douala 3ème Valentin Epoupa Bossambo, militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), parti au pouvoir, fait parler de lui tous les mois. Le quartier Nyalla fait partie de ses priorités à quelques mois de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN). Le patron des lieux mène une lutte acharnée contre le désordre urbain et les constructions anarchiques qui ont pris la zone en otage.

Après les casses du marché de Nyalla, du quartier Haoussa, c’est au tour du Rail de subir la colère du maire, en l’espace de quelque mois. On est tenté de s’interroger si la grand-messe du football continental de janvier 2022 n’est pas la principale cause de cette accélération?

En tout cas, les casses du maire ne font pas l’unanimité au sein de la population. Certains disent n’avoir pas été prévenus. « Il a détruit nos boutiques sans prévenir, alors que nous payons les impôts à l’Etat ainsi que les taxes  à la mairie», s’indigne Moussa, victime des affres du bulldozer de la mairie.

Septentenaire, M. Olinga vit ici depuis l’âge de 15 ans. Il s’étonne du comportement de ceux qui s’opposent aux casses dans son quartier. « Il y a plus de 40 ans que nous savons que la route doit passer ici. C’est  par incrédulité que ces gens ont construit ici. En plus les agents de la mairie ont prévenu il y’a de cela plus de 6 mois», recadre le doyen.

Les explications de la mairie

La cellule de communication de la mairie confirme que le projet date de mathusalem. « C’est depuis 1983 que tout avait été arrêté et les travaux devaient commencer en 1998. Il fallait un maire courageux, pour mettre le projet en œuvre. Nous avons la pression de la CAN en janvier. Il faut desservir la route de Nyalla-Ndokoti. Au niveau du lieu-dit Nyalla Rail, en plus de l’autoroute qui va conduire jusqu’au 14e, il y aura un échangeur. Nous travaillons pour la population qui ne semble pas comprendre la vision du maire qui les aime plus que lui-même ».

A la question de savoir si les populations déguerpies ont été dédommagées, monsieur Noumbissi, chef de la cellule de communication de la mairie est affirmatif, mais ne dévoile pas le montant reversé à chaque riverain : « oui elles sont déjà entrées en possession de leur dû, bien que ces terres appartiennent à l’Etat ».

« La population va toujours se plaindre. C’est avec la complicité de certains chefs de bloc et certains autochtones que ces terrains sont vendus. Concernant les casses, seul le maire connaît le jour dit. Pour éviter les fuites d’information qui peuvent provoquer le soulèvement de la population, c’est dans la nuit que le département de destruction est tenu informé », conclut le chargé de la communication, non sans annoncer le début des travaux, dans les prochains jours dans les zones rasées.

Blaise Ngagning Kiam, Stagiaire

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