Piétons et automobilistes dénoncent une dégradation avancée des routes dans certains quartiers de la capitale économique camerounaise. Reportage.
Bocom Brazzaville à Douala. Photo: Ruffine Moguem
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Nids-de-poule: la face hideuse des routes et marchés de Douala en saison des pluies

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Piétons et automobilistes dénoncent une dégradation avancée des routes dans certains quartiers de la capitale économique camerounaise. Reportage.

Nids – de-  poules, routes boueuses, caniveaux bouchés par des bouteilles plastiques, flasques d’eaux  malodorantes. C’est le visage désolant qu’affiche le tronçon qui mène au lieudit «Dispensaire Barcelone». Plus précisément à la station Bocom, située au quartier Brazzaville, dans le 3ème arrondissement de Douala, capitale économique camerounaise.

Les piétons et automobilistes de ce quartier font savoir que depuis quelques mois, ils affrontent le calvaire engendré par ces défauts de la chaussée, qui font désormais partie de leur quotidien.

Ici, les conducteurs de taxis doivent cravacher dur pour éviter d’abîmer leurs véhicules. «C’est vraiment très dur. Surtout en cette saison pluvieuse. Tu ne peux pas avoir une charge et tu passes aisément sur cette route. Les trous et  les creux  fragilisent mes amortisseurs. Et quand ils sont abîmés, les réparer me coûte les yeux de la tête», se lamente Jean Marie Défo, conducteur de taxi.

Pour le plus grand nombre de mototaxis habitués des lieux, pas question de se plier au diktat des nids-de-poule. Si certains roulent sur des voies moins dégradées, d’autres optent pour le sens-inverse, empêchant ainsi aux piétons de marcher sur le trottoir.  Cela n’est pas sans incident pour les  garages et  ateliers de soudures installés sur cette voie. «L’état de cette route me gêne énormément. Des fois les conducteurs de moto fuyant la boue, circulent devant mon atelier jusqu’à renverser ma barrière. Ils roulent sur mes portes en vente. Je vous assure, c’est très stressant », déplore Soudaiss Abdouraman, responsable de l’entreprise ‘’Métalux’’ à Bocom Brazzaville.

Bocom Dakar à Douala: Photo: Ruffine Moguem 

Les habitants du quartier étouffent également de colère. Ils essaient de s’accommoder sans vraiment y parvenir. «Les enfants ne peuvent pas s’amuser devant la maison puisque les motos roulent jusqu’ici et les  cognent. Quand je parle, ils sont les premiers à m’insulter. Ils avancent des propos du genre : vas appeler qu’on vienne arranger la route. Chaque soir ici les gens se renversent, se heurtent, se cassent même les bras. Les motos tombent sur les femmes. Plusieurs fois nous avons pris des  mesures palliatives, malheureusement elles ne tiennent pas longtemps. Une semaine après, c’est le retour à la case départ », explique Christine Yonkeu. Toute furieuse, elle ajoute : «Un mois avant la CAN, ils nous trompé en faisant semblant de racler la boue. Ils ont ensuite versé  les cailloux. Ça n’a pas tenu. Regardez-vous même à quoi cette route ressemble maintenant ».

New-Bell, fief des nids-de-poule

A un taxi, nous sommes au marché central de Douala, dans le 2ème arrondissement. Un grand trou dicte sa loi devant le Lycée Bilingue de New Bell. Ici, les nids-de-poule sont légion. Ils obligent les usagers de la route à aller au ralenti sur une ligne pourtant droite. C’est la conduite à tenir par tous pour ne pas se retrouver au sol. Avec le retour des pluies, les conducteurs des motos mettent le pied sur la pédale douce, provoquant des bouchons, parfois sous le regard impuissant des agents de la mairie chargés de réguler la circulation dans ce lieu de commerce. «Quand il pleut, on peut parfois mettre 30 min pour parcourir ce tronçon jusqu’au carrefour deux églises. Nous sommes obligés de ralentir pour ne pas abîmer les pneus. Fatigué d’attendre, le client  très souvent, préfère descendre de la moto pour continuer à pieds. Ce qui n’est pas rentable pour le débrouillard que je suis», dénonce un conducteur de moto.

Devant le Lycée Bilingue de New-Bell à Douala: Photo: RM

Les commerçants ambulants du marché quant à eux, attribuent leur manque à gagner  à ces eaux stagnantes et malodorantes à l’origine de nombreuses maladies. «Des fois quand une voiture passe, elle nous éclabousse et salit les vêtements. Les clients même  ne nous approchent pas. Beaucoup  craignent de se  salir ou de glisser dans la boue. Pourtant chaque jour dans ce marché, nous payons nos tickets qui nous permettent d’occuper les lieux. À quoi sert donc cet argent ? » S’interroge Brigitte, détaillante au marché central.

Pascal Foko, l’un des doyens du marché vit ce calvaire depuis longtemps : «Ces nids – de poule sont présents depuis. Et il y a ces odeurs qui nous étouffent chaque jour. Les gens urinent partout, les ordures ménagères sont versées autour du Lycée Bilingue de New-Bell. Aujourd’hui (10 juin 2022, Ndlr), ils essaient de mettre la propreté parce que le Gouverneur vient  tout à l’heure pour l’inauguration de la nouvelle agence de la banque UBA. Revenez dans une semaine et vous verrez. Personne ne se gêne pour arranger cette route».

Ruffine Moguem

 

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