Mohamed Diop, Directeur général de Bolloré Transport & Logistics Cameroun
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Mohamed Diop : «notre métier subi de plein fouet, les caprices d’une conjoncture internationale défavorable ayant entraîné de nombreuses faillites»

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La filiale de la multinationale française Bolloré traverse les pires moments de son existence au Cameroun. Elle cumule depuis 2017 des résultats nets négatifs. Avec l’arrivée de la pandémie du nouveau coronavirus, le groupe est obligé de s’adapter. Depuis janvier 2020, il s’est déjà séparé de plus de 200 collaborateurs camerounais. Dans cet entretien accordé à La Plume de l’Aigle, le Directeur Général de Bolloré Transport & Logistics Cameroun, Mohamed Diop explique les raisons de ce qu’il qualifie de «douloureuse séparation».

Ce mardi 21 juillet, une source syndicale nous apprend que 265 employés ont été licenciés par Bolloré Logistics Cameroun. Qu’est ce qui est à l’origine de ces séparations subites en pleine crise de covid-19 ?

Permettez-moi de remercier nos collaborateurs qui ont été amenés à nous quitter et à avoir une pensée pour eux en ces moments difficiles. Le plan social qui est un exercice pénible, était devenu incontournable pour cette filiale qui cumule depuis 2017 des résultats nets négatifs. Ce plan va permettre de sauver près de 900 emplois directs et nous amener à renouer avec la compétitivité et la rentabilité, gages de pérennité. Notre métier subi de plein fouet, les caprices d’une conjoncture internationale défavorable ayant entraîné de nombreuses faillites. Nous avons pu tenir jusqu’ici grâce au soutien de notre actionnaire. Le plan stratégique mis en œuvre à partir de janvier 2020 a été remis en cause par les effets accélérateurs du covid-19. Tout au long du processus nous avons privilégié le dialogue constructif avec les délégués et les différents syndicats. Les négociations ont été faites sous l’égide du Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale. Il ne s’agit donc pas de « séparations subites » mais je dirais plutôt d’une « douloureuse séparation » tant pour les partants que pour ceux qui restent. Nous sommes en effet une petite famille de 1100 personnes et tout le monde se connait.

Ces licenciements, selon nos sources, concernent les entreprises Bolloré Transit et l’agence de voyage SAGA (qui aurait fermé ses portes). Peut-on parler du déclin de la multinationale française au Cameroun ou alors d’un repositionnement stratégique ?

Ces départs concernent l’ensemble de nos activités logistiques, la logistique, l’entreposage et le transit, y compris l’agence de voyage. Le secteur du tourisme souffre depuis quelques années et nos activités dans ce domaine ont été fortement impactées par la crise du covid-19, en dépit des efforts déployés par les équipes et les multiples plans de sauvetage. Bolloré Transport & Logistics Cameroun en cette période de crise est obligée de s’adapter pour sortir renforcée de cette épreuve. Loin d’un déclin, j’estime qu’il s’agit d’une phase de transformation pour mieux saisir les opportunités de croissance offertes par le Cameroun et les pays de la sous-région. Nous sommes engagés à mettre en place une organisation efficiente, plus compétitive et inscrite dans le processus de transformation digitale de nos activités.

Le nombre d’employés licenciés s’élève à 300 depuis le depuis janvier 2020. Vous confirmez ces informations ?

Le plan social entamé depuis janvier 2020 concerne environ 200 personnes.

Enfin, le groupe pourrait mettre 200 autres employés à la porte d’ici décembre 2020 selon nos sources. C’est pour finalement quitter le Cameroun ou alors il y a des recrutements en vue ?

Il me semble que ces sources ne détiennent pas les bonnes informations car nous n’avons aucun plan caché. Bolloré Transport & Logistics Cameroun est présent au Cameroun depuis plusieurs dizaines d’années et se singularise par sa fidélité aux pays hôtes. Selon une étude du cabinet Ernst & Young, l’activité de Bolloré Transport & Logistics au Cameroun génère près de 5000 emplois directs (parmi lesquels 1% d’expatriés), 13 408 emplois indirects générés chez ses prestataires et fournisseurs locaux, 9 934 emplois induits dans l’économie marchande camerounaise, via la consommation des ménages des employés directs et indirects. Nous jouons notre rôle dans le processus d’émergence économique de ce grand pays qu’est le Cameroun et comptons bien continuer à y participer.

Propos recueillis par Didier Ndengue

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