L’Administrateur directeur général de Sitrafer accuse le concessionnaire de chemin de fer au Cameroun d’avoir manœuvré pour son exclusion des financements de l’institution de Bretton Woods. La filiale du groupe français Bolloré nie tout en bloc. 
Jacques-Bimai, ADG Sitrafer
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Financements de la Banque mondiale : le pingpong entre Jacques Bimai et Camrail

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L’Administrateur directeur général de Sitrafer accuse le concessionnaire de chemin de fer au Cameroun d’avoir manœuvré pour son exclusion des financements de l’institution de Bretton Woods. La filiale du groupe français Bolloré nie tout en bloc. 

Jacques Bimai est dans tous ses états. Face à la presse ce 31 octobre 2019, l’Administrateur directeur général (Adg) de Sitrafer déballe tout sur l’affaire opposant son entreprise à Camrail, filiale du groupe français Bolloré. Un document de 11 pages recense quelques dates et faits qui ont marqué la vie du secteur ferroviaire au Cameroun. Pour plomber et dérailler définitivement Sitrafer du chemin de fer,  Jacques Bimai accuse les responsables de Camrail d’avoir fait des déclarations mensongères auprès de la Banque Mondiale. Selon l’Adg de Sitrafer, les responsables de la filiale de Bolloré  ont menti en 2011 sur « le statut juridique de Sitrafer pour amener la Banque mondiale à disqualifier et à exclure le groupement Sotrafer/Sitrafer, sur le motif que Sitrafer serait une entreprise publique au Cameroun. »

La même année, le conseil juridique de Sitrafer saisit les responsables de l’institution financière mondiale pour constater l’exclusion de Sitrafer et démontrer en quoi l’entreprise n’est pas une entreprise publique au sens de la réglementation et des pratiques opérationnelles en vigueur au Cameroun. Rien n’y est fait. La Banque Mondiale ne changera pas d’avis sur Sitrafer malgré les démarches entreprises par le conseil juridique de la structure et la clarification du ministre des Finances camerounais sur le statut juridique de Sitrafer. Celui-ci avait indiqué que la société dirigée par Jacques Bimai est une société d’économie mixte (Sem).

« Camrail, dans le cadre de la convention de concession et de l’accord subsidiaire signé avec le gouvernement du Cameroun a répondu à notre courrier du 03 août 2011, acceptant la décision que Sitrafer n’est pas éligible à l’attribution d’un marché sous financement de l’IDA », avait déclaré la Banque Mondiale pour justifier sa position.

Sept ans plus tard, Jacques Bimai engage un consortium d’avocats pour que justice soit faite. Celui-ci annonce qu’il explorera toutes les voies nationales et internationales pour parvenir à ses fins. Les préjudices subis par Sitrafer et son administrateur s’élèvent à environ 27 milliards de francs CFA, selon les calculs de Jacques Bimai.

La réaction de Camrail ne s’est pas fait attendre. Le 1er novembre 2019, la direction générale de la filiale du groupe Bolloré explique dans un communiqué de presse qu’elle n’est pas responsable de l’exclusion de Sitrafer par la Banque Mondiale. Camrail relate qu’au terme d’un appel d’offres lancé le 10 février 2011, pour l’attribution d’un marché de renouvellement de voie, obéissant aux procédures de la Banque Mondiale, l’entreprise Sitrafer avait été sélectionnée pour exécuter un lot d’un montant de 5,1 milliards FCFA. A la suite de la publication des résultats, souligne le concessionnaire, Sitrafer « a refusé de signer le marché et adressé à la Banque Mondiale un courrier revendiquant l’attribution d’un lot complémentaire de 1.9 milliards FCFA ».

A réception de cette correspondance, poursuit-il, « la Banque a demandé à la Société Camrail, de suspendre la signature des marchés afin d’instruire le dossier. Aux termes de cette instruction, la Banque Mondiale a, non seulement écarté la demande de Sitrafer mais aussi remis en cause l’attribution du 1er lot au motif que l’entreprise ne répondait pas aux critères d’éligibilité relatif à l’attribution du contrat.»

Didier Ndengue   

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