Selon certaines indiscrétions, le «populiste» président français effectuera un voyage officiel le 26 juillet 2022 au Cameroun. Une visite qui intervient après ses nombreuses sorties contre le chef de l’Etat camerounais.
Emmanuel Macron : des rues de France au palais d’Etoudi, à Yaoundé ?
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Emmanuel Macron : des rues de France au palais d’Etoudi, à Yaoundé ?

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Selon certaines indiscrétions, le «populiste» président français effectuera un voyage officiel le 26 juillet 2022 au Cameroun. Une visite qui intervient après ses nombreuses sorties contre le chef de l’Etat camerounais.

Sauf changement de dernière minute, le président français Emmanuel Macron, se rendra à Yaoundé le 26 juillet 2022. Rien ne filtre encore sur les motifs de cette visite officielle dans la capitale camerounaise. Depuis la réélection de Macron en avril dernier pour un second mandat, le chef de l’Etat camerounais, comme la plupart de ses homologues africains, ne s’est pas rendu à Paris pour féliciter le locataire de l’Elysée.

Une situation qui pourrait justifier l’état des relations entre la France et le Cameroun. Depuis quelques années, l’ambiance est électrique entre Yaoundé et Paris. Même les nombreuses rencontres entre les chefs de mission diplomatique française au Cameroun et le président Paul Biya ne réussissent toujours pas à redorer le blason de la coopération entre les deux pays. La confiance se dégrade de jour en jour.

Il y a quatre jours, les médias français ont révélé que la Première dame camerounaise, Chantal Biya et le fils ainé du chef de l’Etat Franck Emmanuel Biya ont dépensé plus de 3 milliards de franc CFA dans l’achat des maisons de luxe en France. L’affaire remonte entre 1997 et 2004. «Quelle était l’urgence de dépoussiérer une si vieille archive? C’est sûr qu’ils veulent déjà nous sortir la carte des biens mal acquis comme avec le vice-président de la Guinée Equatoriale», s’étonne un habitué des stratégies françaises pour discréditer les dirigeants africains.

Dans la même logique de présenter Yaoundé comme un paradis de biens acquis dirigé par un Gouvernement anti-démocratique qui viole les Droits de ses citoyens, le dirigeant français s’affiche depuis quelques années, avec certains activistes camerounais de France.

Populisme

Le samedi 22 février 2020, au Salon de l’agriculture, il est interpellé par Abdoulaye Thiam, plus connu sous le pseudonyme de Calibri Calibro. «Monsieur Macron, il y a Paul Biya qui tue les Camerounais ! Monsieur Macron, il y a un génocide au Cameroun ! » Comme une communication bien préparée, le locataire de l’Elysée va rétorquer sans protocole : «J’ai mis la pression sur Paul Biya pour qu’il traite le sujet de la zone anglophone et de ses opposants. J’avais dit que je ne veux pas qu’on se voie à Lyon tant que Kamto n’est pas libéré [l’opposant, emprisonné de janvier à octobre 2019]. Il a été libéré parce qu’on a mis la pression. Là, la situation est en train de se dégrader. Je vais appeler la semaine prochaine le président Biya et on mettra le maximum de pression pour que cette situation cesse. Je suis totalement au courant et totalement impliqué sur les violences qui se passent au Cameroun et qui sont intolérables.»

Yaoundé ne s’est pas fait prier pour recadrer les deux hommes. Pour les autorités camerounaises, si l’activiste a parlé par «ignorance», Emmanuel Macron, lui, a agi avec un mépris et une condescendance dignes de l’époque coloniale. Après le recadrage du porte-parole du Gouvernement, René Emmanuel Sadi, le ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh est monté au créneau dans un communiqué lu au 20h du poste national, le 24 février : «La présidence de la République rejette formellement, tant les allégations mensongères dudit activiste que les propos surprenants du président de la République française. La présidence de la République du Cameroun tient à rappeler que les Camerounais dans leur immense majorité, ont, à l’occasion de l’élection du 7 octobre 2018, renouvelé massivement leur confiance au président de la République Paul Biya pour les guider dans la lutte pour la paix, la sécurité, le développement, la consolidation de l’Etat de droit, de la démocratie et de l’unité nationale. Le président de la République du Cameroun est comptable devant le seul peuple camerounais souverain et non devant un dirigeant étranger…», avait rappelé le Secrétaire général de la présidence non sans souligner que le chef de l’Etat «n’a pas besoin de pressions extérieures».

Deux ans plus tard, Emmanuel Macron va remettre son jeu favori en scène le 08 juin 2022 en région parisienne. Cette fois avec Wilfried Ekanga, un autre activiste et militant du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de l’opposant Maurice Kamto. «Monsieur le président, est-ce que ce n’est pas faux de soutenir le peuple en Ukraine et de soutenir la dictature au Cameroun ? Parce que Biya opprime le peuple comme Poutine, mais en Ukraine vous soutenez le peuple ukrainien, ce qui est bien, au Cameroun par contre vous laissez….» Emmanuel Macron, comme avec l’activiste cité supra, va encore s’embourber: «Ce que vous dites, c’est qu’il faut une transition démocratique au Cameroun…».

Cette autre maladresse du jeune président français n’a pas été appréciée par Yaoundé. Dans un communiqué de presse publié la même semaine, René Emmanuel Sadi avait indiqué que le président Paul Biya «n’a de leçon à recevoir de personne» et qu’il est et demeure le principal artisan de la démocratie au Cameroun.

Didier Ndengue

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