Plus connue sous le nom d’ « Emilie Fashion », l’esthéticienne, depuis cinq ans déjà, ne cesse d’être trainée dans les tribunaux de Douala dans l’affaire lui opposant à sa bailleresse. Dans cet entretien accordé à La Plume de l’Aigle, la propriétaire de l’institut de beauté se dit victime de trafic d’influence.
Que passe-t-il entre votre bailleresse et vous ?
Je suis venue louer chez Mme Ody Bilong Njenti Thérèse, connue sous le nom de Garnier Njenti Thérèse. C’est en 2017, à ma 7ème année de location que ma bailleresse décide de m’expulser. A cette époque, son immeuble était encore en chantier. Je décide donc de louer un local de cet immeuble qui coûte 100.000 FCFA le mois et dont il fallait payait un an avec la caution de 500.000FCFA. Le local n’étant pas encore terminé, je décide de prendre sur moi les finitions. Je fais la plomberie, je mets l’électricité, l’eau, je fais le carrelage, je mets les portes, tous ces travaux à mes frais. 7 ans après, ma bailleresse m’appelle un matin et me fait comprendre qu’elle a décidé d’augmenter le loyer. Lorsque je lui pose la question à combien le nouveau tarif? Elle me répond qu’elle va me rappeler dans trois jours. Après les trois jours, elle m’appelle et me dit qu’elle a changé d’avis et qu’elle veut que je libère son local, parce qu’elle-même veut l’occuper et pour cela elle me donne un préavis de 30 jours. Je lui fais comprendre que 30 jours est très peu, car le temps de sensibiliser ma clientèle, de trouver un nouveau local et les moyens pour payer. Je lui implore de me laisser au moins 3 mois sur les 6 mois de préavis qui étaient prévus dans le contrat de bail légalisé par le Sous-préfet. Deux jours après, elle s’amène dans mon centre accompagné du défunt Benjamin Massing, qu’elle me présente comme le nouveau gérant de son l’immeuble. Lui aussi me mettait la pression de quitter les lieux, je leur ai dit que j’ai fait des crédits bancaires qui m’ont permis d’aller à Dubaï acheter les marchandises et je suis rentrée il y a quelques jours. Et donc je n’ai même pas encore remboursé la première échéance. Même après tout ce que je leur ai dit, rie n’a changé. Ma bailleresse est plutôt allée au commissariat 12ème coupé une convocation pour moi. J’ai répondu présente à cette convocation et je me suis expliquée. Voyant que le commissaire a cru en moi, ma bailleresse, le défunt Benjamin Massing et deux autres personnes sont venus cassés mon centre.
Lorsque vous avez vu votre centre détruit comment avez-vous su que c’était eux ?
Ce jour lorsque la scène est en train de se passer, c’est une de mes clientes qui est venue au centre et voyant la situation, m’appelle devant eux pour me dire que comment je peux déménager sans lui dire ? Je lui dis que je ne suis pas en train de déménager. Elle me dit qu’il y a des gens dans mon centre qui portent les choses de manière bizarre et qu’ils sont en train de casser d’autres. Lorsque ces gens l’ont entendu parler, ils sont partis à toute vitesse. A mon arrivée, ils n’étaient plus là. Ils ont cassé le mur de derrière (troisième tentative), casser mes miroirs, cassé les appareils, porté d’autres matériels et balancé dehors. J’ai appelé mon avocat de venir faire le constat.
Comment le nom de la famille Eto’o se retrouve dans cette affaire ?
Le jour où on rentre du Central, je me dis que le problème est résolu parce que lorsqu’on a vérifié mes versements à la banque, on a constaté que je payais le loyer comme il se devait. Ce jour, le défunt Massing Benjamin dit au Central, devant nous en Bassa : « si cette femme me dépasse du côté de la justice, je vais faire quelque chose, tout le monde va mettre les mains sur la tête », traduit mon avocat. Le central n-4 lui répond : « Fais attention à ce que tu dis et restes calme, on va gérer. Déjà la dame ne refuse pas de libérer, elle demande que vous lui accordez un peu de temps ». Le lundi de la semaine suivante, les deux s’amènent au centre et la dame dit : « Je t’ai dit que je ne veux plus ton argent…. Tu sais qui je suis ? Je suis la sœur de Samuel Eto’o. Tu as de quoi manger ? Tu as ou dormir ? Regarde-moi cette ratée qui me rabaisse à son niveau. Si je mettais les gens que je connais en jeu, tu ne ferais même pas deux jours ici. Je te dégage, je vais te faire partir d’ici vite fait bien fait. Si tu restes ici tu signes ta mort. Même s’il s’agit de mettre le feu, je vais le faire. Vous allez quitter de force ». Quand on a commencé à être trimballé en justice, j’ai commencé à être secouée au point où on a ordonné de m’arrêter, de me mettre en cellule, de confisquer mon téléphone pour que je ne contacte pas mes proches. Je commence à prendre les choses sérieusement lorsqu’un policier de la PJ me dit de faire attention que la dame est la sœur de Samuel Eto’o et que David Eto’o était présent. Je dis à mon avocat d’enquêter dessus, il me répond que c’est des histoires. Qu’ils sont en train de vouloir m’intimider pour que je lâche la procédure, c’est le trafic d’influence.
A quel moment vous vous rendez compte que votre bailleresse est véritablement la sœur de Samuel Eto’o ? Et David Eto’o dans tout ça ?
Lorsque je prends le 2ème Avocat, je lui donne la liste des témoins pour la notification. Je me suis retrouvée à la barre sans témoin. Il n’avait fait aucune notification. Lorsque je cherche à comprendre la raison, il me fait comprendre que mon dossier est compliqué. Il me dit : «Est-ce que tu sais que j’ai même rencontré la juge de la première audience, avant de rabattre et délibérer pour renvoyer à l’audience ou nous sommes aujourd’hui ? Elle m’a dit qu’elle s’est retirée du dossier parce qu’elle était sous pression. Sa hiérarchie lui demandait de lever la décision en faveur de cette dame. Elle a refusé, raison pour laquelle le délibéré a été rabattu. Donc ce sera difficile que le dossier aboutisse ». L’ Avocat a abandonné.
J’ai pris un troisième Avocat et c’est avec lui que j’ai découvert que la dame était la sœur de Samuel Eto’o. Tout a commencé quand l’avocat a demandé tout le fond de pour l’étude. Il tombe sur une audition de ma bailleresse à la PJ qui avait cité David Eto’o comme son témoin. Pourtant elle avait déclaré au tribunal qu’elle n’avait pas de témoin. Je raconte cette affaire à mon mari. Il est allé sur la page Facebook de ma bailleresse, il a vu les photos d’elle avec Samuel Eto’o, et une vidéo dans laquelle Eto’o souhaitait un joyeux anniversaire à cette dame. Pris de panique et croyant bien agir, il décide d’envoyer une invitation à la dame. Elle accepte et il demande à la dame si les problèmes ne peuvent pas être arrangés à l’amiable ? Pour ce geste, il a fait deux jours à la PJ et a ensuite été déféré au parquet de Ndokoti.
Où en êtes-vous actuellement ?
Le 18 mars, on a eu un transport judiciaire à Air France. Ce qui me surprend dans tout ça, c’est qu’on nous a jugé à la Grande Instance, au Tribunal du crime jusqu’à mettre en délibéré. Elle n’avait jamais produit un billet d’avion, ni une attestation d’Air France. Même Camair-co qu’elle a déclaré, elle n’avait toujours pas de billet d’avion. La dame dit qu’elle n’est pas au Cameroun depuis le 4 septembre 2017, hors tous les voisins disent l’avoir vu avec le défunt Benjamin Massing et deux autres hommes venir casser mon centre. Mais elle soutient en justice qu’elle était en déplacement. Elle avait déclaré qu’elle avait voyagé par Camair-co pour la France. Le directeur général de Camair-co affirme que sa compagnie ne fait plus de déplacements internationaux depuis 2016. Le transport judiciaire de Camair-co jusqu’aujourd’hui, n’a toujours pas eu de suite.
Qu’est-ce que vous attendez de la justice camerounaise ?
J’ai soif de la justice. Je crois en la justice de mon pays. C’est aujourd’hui que le doute commence à s’installer en moi vu ce que j’ai traversé durant les cinq ans. Cette dame a cassé et a détruit tout ce qu’elle pouvait et elle a mis un nouveau locataire.
Entretien mené par Simon Keng
Comments