Convoqués par les renseignements généraux, intimidés et sanctionnés par le Conseil national de la communication, obligés de payer pour couvrir les évènements d’envergure,…les seigneurs de la plume et du micro sont muselés sous le regard complice du gouvernement.
Marion Obam, présidente du SNJC et son secrétaire général Hilaire Ngoualeu Ham Ekoue pendant le point de presse du 2 octobre 2024. Photo: LPA
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Dérives autoritaires contre les journalistes: Yaoundé ne s’en cache plus, le Snjc dénonce « avec vigueur cet acharnement sur la presse et ses acteurs »

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Convoqués par les renseignements généraux, intimidés et sanctionnés par le Conseil national de la communication, obligés de payer pour couvrir les évènements d’envergure,…les seigneurs de la plume et du micro sont muselés sous le regard complice du gouvernement.

« L’heure est très grave pour la presse au Cameroun !» Marion Obam tire la sonnette d’alarme au cours d’un point de presse ce mercredi 2 octobre 2024 à Douala. Assisté par son secrétaire général Hilaire Ngoualeu Ham Ekoue, la présidente du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) présente un tableau sombre de la pratique du journalisme au Cameroun ces derniers mois. Dans la locomotive de la sous-région Afrique centrale, la liberté de la presse et l’accès à l’information affichent un visage hideux. Le pays est, « globalement aujourd’hui sous le coup d’une restriction de l’espace des libertés de presse, des libertés d’expression et c’est quelque chose que le Syndicat national des journalistes du Cameroun a décidé de dénoncer ». Marion Obam et son bureau exécutif national ont recensé de nombreux cas de violation des droits des journalistes en septembre dernier dans plusieurs régions du Cameroun.

De prime abord, le syndicat dénonce les récentes sanctions infligées à plusieurs médias et journalistes par le Conseil national de la communication (Cnc). « Les journalistes qui présentent les débats télévisés et radios au Cameroun, ont reçu individuellement des lettres d’intimidation, de menaces et des sanctions avec une orientation de leur traitement de l’information. Dans ces lettres, il leur est demandé de faire attention à la sélection de leurs invités. Il leur est également demandé de choisir des gens qui parlent du Cameroun en bien. Cela est inadmissible dans le travail des journalistes », s’indigne Marion Obam.

A la même période, le Snjc apprend que sept journalistes installés dans la région du Grand-Nord du pays ont été convoqués par les renseignements généraux dans le  cadre de leurs activités professionnelles. Le même mois, le Snjc a aussi appris la convocation d’un cadre de Galaxy TV, une chaîne émettant à Garoua pour des raisons similaires. Sur les réseaux sociaux, les menaces contre les journalistes sont également réelles. Un reporter de l’Observateur du Septentrion et un animateur de la CRTV sont accusés par un commissaire de police d’animer un forum (WhatsApp) appelé « Dénonciateurs de Yagoua ». Ces derniers ont été convoqués le 24 septembre pour répondre « des fautes d’injures publiques et diffamation par voie électronique ».

La présidente du Snjc est convaincue que ces agissements ont pour objectif « de restreindre l’espace des libertés des journalistes et des médias et finalement même du citoyen à qui on voudrait livrer des informations taillées sur mesure pour plaire à certains esprits ».

100 000 FCFA pour couvrir un évènement  

En plus des menaces qui pèsent sur la liberté de la presse, les poches des journalistes sont également attaquées. « Nous avons également constaté pour le dénoncer que dans la Loi des finances de l’année 2024, il est dorénavant demandé aux journalistes de payer 100 000 FCFA pour toute accréditation pour la couverture d’un évènement au Cameroun », relève la dirigeante syndicale, courroucée. Deux exemples pour illustrer son propos: « l’organisation de la 50e session du Conseil des ministres des affaires étrangères et de l’organisation de la coopération islamique, et il y a quelques jours, la sortie du ministre de la Communication pour la finale du Cameroun. Dans les 23 documents exigés, il est demandé de fournir une quittance de 100 000 FCFA pour être accrédité. Ce qui est une atteinte grave au droit de l’accès à l’information. On ne peut pas demander aux journalistes de payer 100 000 FCFA par évènement, alors que ces mêmes journalistes ne sont pas protégés par le gouvernement ».

Le Snjc observe et dénonce avec vigueur cet acharnement sur la presse et ses acteurs. Sa présidente déclare que « rien, même pas le prétexte de la période pré-électorale ne peut justifier ce comportement, qui, non seulement ternir l’image de notre pays, mais nous fait dégringoler dans les ranking des organisations internationales en ce qui concerne la liberté de la presse et l’accès à l’information ».

 

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