Victime d’une cabale injustifiée depuis quelques mois, le Président directeur général de Simb Group rassure ses plus de 300 000 clients qu’ils ont tous leur argent dans leurs téléphones.
Il est 15h15 minutes ce mardi 1er mars 2022 à Bonapriso, un quartier résidentiel du deuxième arrondissement de Douala, dans la capitale économique camerounaise. Un grand immeuble de sept niveaux impose le respect au lieu-dit «Rue Koloko». C’est ici que sont logées quelques entreprises du milliardaire Emile Parfait Simb, 39 ans. Le Président directeur général de Simb Group qui souffle sur une bougie de plus aujourd’hui, est à la tête de plus de 20 entreprises au Cameroun et en Afrique.
Il est dans la finance, l’agriculture, les travaux publics, les transports, l’élevage, les télécommunications, etc. Sous le feu des projecteurs depuis quelques mois avec son entreprise de crypto-monnaie, véritable source de sa richesse, l’homme d’affaires se dit victime de «sabotage» et de «chantage». Celui qui se considère comme le « tocard » qu’on n’attendait pas, a fait fortune dans la monnaie virtuelle.
En cet après-midi ensoleillé, le 7e étage de ce bâtiment flambant neuf qui lui sert de lieu stratégique de prise de décisions, grouille de monde. Dans un costume bleu roi, Emile Parfait Simb affiche un air particulièrement serein. Il accueille les visiteurs avec un large sourire aux lèvres. «Cette positive-attitude ne lui quitte presque jamais », souffle l’une de ses collaboratrices chargée de nous rediriger vers une salle de réunion du 6e étage.
Après quelques minutes d’attente, Emile Parfait Simb, accompagné de deux de ses collaborateurs, fait son entrée dans cette salle climatisée pour s’entretenir avec les journalistes venus s’abreuver à la source.
Sur ses mains, le jeune homme d’affaires tient deux smartphones et un mini-ordinateur de marque Apple, connectés sur plusieurs plateformes de crypto-monnaie. Ces outils de travail représentent le cerveau de son empire qui emploie environ 800 personnes au Cameroun et près de 8000 en Afrique. «Mon passe-temps favoris c’est l’ordinateur», lance-t-il, tout souriant.
De 50 000 FCFA de salaire mensuel à milliardaire
Pendant neuf ans, entre 2005 et 2016, l’ingénieur en informatique enseigne dans plusieurs établissements secondaires de la ville de Douala. Où il touche un salaire mensuel de 50 000 FCFA. C’est au collège Chevreul que son salaire va grimper jusqu’à 92 000 FCFA. En 2016, Emile Parfait Simb jette l’éponge pour tenter une nouvelle aventure dans son domaine de compétence. La même année, il découvre la crypto-monnaie. En réalité, avoue Simb, « je voulais aller au Canada comme tous les jeunes Camerounais ». A l’époque, vivre au Cameroun et émerger était le cadet de ses soucis.
Après avoir renoncé à la craie, Emile Parfait Simb s’envole pour Dubaï pour suivre une formation sur la crypto-monnaie. Ce sera le début d’une nouvelle aventure parsemée d’embuches, mais prometteuse. L’ascension est fulgurante. En août 2017, le jeune visionnaire crée Global Investment Trading, spécialisée dans la vente de la crypto-monnaie. L’entreprise va rencontrer quelques difficultés avec des souscripteurs locaux. Ces derniers ne comprennent pas le nouveau business. Emile Parfait Simb retrousse les manches et passe à la vitesse supérieure en novembre 2017, en créant la plateforme ‘’Liyeplimal’’, qui signifie « la pauvreté est finie » en Bassa, langue qu’il affectionne au point d’en avoir gardé un accent marqué.
Il n’échappe pas aux critiques de ceux qui comparent son entreprise de crypto-monnaie à un réseau d’arnaque. «C’est en janvier que la Mida ferme les portes. Alors quand on arrive sur le marché, on nous appelle la Mida digitale. C’était très compliqué. Pour faire même un séminaire, il fallait l’autorisation du Préfet, du Sous-préfet, à qui il fallait tout expliquer. C’était très compliqué », explique le patron de Simb Group.
Africa tour
En 2018, Emile Parfait Simb se lance un nouveau défi : imposer la nouvelle plateforme dans les mœurs des Camerounais et de l’Afrique. Il organise le «Liyeplimal Cameroun Tour», qui le conduira tour à tour à Douala, Bafoussam, Ngaoundéré, Garoua, Maroua…Ce périple va permettre de former les participants sur la crypto-monnaie. Le tour du Cameroun peine à porter ses fruits. Emile Parfait Simb va alors engager une tournée dans plusieurs pays francophones d’Afrique avec la même ambition. Il fera la Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Sénégal, Mali, Guinée Conakry, Madagascar, Togo, et Bénin. « J’ai ciblé les pays d’Afrique francophone parce que la crypto-monnaie était déjà très avancée dans les pays anglo-saxons d’Afrique ».
Liyeplimal trouvera un terrain fertile au Burkina Faso, qui deviendra le premier client de la plateforme. Malgré son succès à l’étranger, le cœur d’Emile Parfait Simb bat très fort pour son pays. Mais au Cameroun, l’incompréhension autour du business de la monnaie décentralisée subsiste tant du côté des pouvoir publics que de la population. Le cadre réglementaire tarde à voir le jour. La Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) et le ministère des Finances (Minfi) restent sourds aux cris de cœur des acteurs du secteur. «La réglementation tarde parce que je me dis qu’ils ne comprennent pas encore le fonctionnement et très certainement ils vont comprendre. J’ai foi que d’ici la fin d’année, la réglementation va voir le jour», se console-t-il.
Malgré le fait que sa structure soit cotée en bourse, cabale et chantage s’enchaînent contre le promoteur de Liyeplimal. Une campagne de dénigrement amplifiée selon lui, par les nouveaux acteurs du secteur qui veulent s’installer au Cameroun et en Afrique. Toutefois, rassure-t-il, «dans l’industrie de la crypto-monnaie, on ne ment pas. Tout est vérifiable en ligne».
L’argent ne souffre de rien
Emile Parfait Simb a élargi ses activités jusqu’à Dubaï, où le business de la crypto-monnaie est règlementé. Il explique qu’il lance le Limocoin, qui est une crypto-monnaie à part entière pour surmonter les difficultés rencontrées au Cameroun, où il compte environ 20 000 clients (300.000 à travers le monde). « C’est pour que les gens ne soient plus coincés faute de carte pour le retrait de leur argent. C’est pour donner plus de possibilités aux clients, où qu’ils se trouvent, de pouvoir convertir leur argent en dollars américain, en bitcoin et de pouvoir le retirer », ajoute Simb.
Il lance cette opération au mois d’octobre 2021 et la met en application en décembre. Depuis décembre, juste après la mutation, sabotage, chantage et incompréhensions s’entremêlent. «Ça va dans tous les sens. Aujourd’hui, je me retrouve dans une situation où, j’ai de l’argent, mais je ne peux pas payer parce qu’il n’y a pas de moyens de paiement. Tout le monde a son argent, son Limo dans son téléphone…», rassure Emile Parfait Simb.
Didier Ndengue
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