Au 21ème siècle, des journalistes sont payés deux à trois fois par an, 6 à 9 mois sur trois ans. Ils sont payés au guichet, parfois sans enveloppes, à travers Orange Money au point où ici les arriérés de salaire se comptent en années.
Charles Cacharel Ngah Nforgang, Journaliste et enseignant de journalisme
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Coup de gueule : la presse au Cameroun est-elle maudite ?

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Par Charles Cacharel Ngah Nforgang, Journaliste et enseignant de journalisme 

La situation que traverse la presse au Cameroun doit être portée directement à l’attention du Bon Dieu lui-même, si jamais il existe. Les journalistes, les promoteurs de médias et même l’Etat régulateur jouent chacun, consciemment sa partition, la tête dans les ailes, tels des autruches.

Des promoteurs de médias, parmi eux des enseignants de journalisme, qui maitrisent parfaitement l’économie des médias recrutent, exploitent des journalistes sans aucun état d’âme. Ce qui tient lieu de salaire, leur est versé en fonction de la découverte de la lune dont ils disposent seuls, de la loupe qui permet de l’observer.

Au 21ème siècle, des journalistes sont payés deux à trois fois par an, 6 à 9 mois sur trois ans. Ils sont payés au guichet, parfois sans enveloppes, à travers Orange Money au point où ici les arriérés de salaire se comptent en années.

Les promoteurs de médias roulent carrosse, vivent dans des villas cossues, prennent des vacances de leur choix, envoient leurs enfants dans des écoles en occident pendant qu’au même moment, leurs employés se contentent des per diems et des retombées d’arnaque au propre comme au figuré pour vivoter.

Les journalistes, complices de leurs bourreaux acquiescent, applaudissent, jouent les traitres, se contentent du menu fretin et de leur pseudo-titre. Ils sont prompts à dénoncer ce qui se passe ailleurs et taisent leurs souffrances.

Les journalistes devenus promoteurs des médias, lesquels médias n’ont pour seul capital que la volonté du promoteur, alors, c’est la catastrophe. Chantres des promesses fallacieuses, ils utilisent leurs confrères en les invitant d’attendre « quand ça va donner ». Une date probable qu’on peut situer à, après le retour de Jésus-Christ.

Les mêmes journalistes oublient leurs principaux adversaires et cherchent le bouc émissaire partout. Si ce n’est pas l’Etat avec qui il n’ont aucun contrat, c’est leur syndicat qui ne fait rien, ou alors ce sont les aînés ou les collègues entre autres. Il faut se donner bonne conscience et refuser de croire que le problème c’est le journaliste c’est lui-même.

Les règles professionnelles, l’éthique, la déontologie sont devenues de vains concepts pour les hommes de médias. On multiplie des émissions de débat, qui sont parfois des comptoirs pour exister, ou des subterfuges pour masquer l’incapacité du média à financer la collecte et la production des émissions de qualité. On importe des revues d’histoires vraies ou fausses, non vérifiées d’internet. On se contente des ragots puisés sur les réseaux sociaux qui sont devenus la principale source d’information des journalistes. On joue le mauvais jeu des patrons  qui copulent avec le gouvernement et ses membres la nuit et tirent sur eux le jour.

Et comme si cela ne suffisait pas, l’Etat régulateur tire les marrons du feu et est résolument opposé à la structuration d’une presse forte et de qualité, portée par des journalistes professionnels. Si c’est le cas, alors, plus de manipulation, plus d’amalgame. L’Etat n’en veut pas.

Le gouvernement et ses membres sont pourtant régulièrement mordus et attaqués par ce monstre qu’ils ont fabriqué et entretiennent chaque jour. Ils n’hésitent pas à le vilipender et le traiter de tous les noms d’oiseaux quand le monstre prend des libertés avec le traitement de l’information.  Bien fait pour vous.

Mais au fait, la presse au Cameroun est-elle maudite ?

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