Retards de salaires, conditions de travail difficile et insuffisance alimentaire, sont autant de maux qui rongent les employés du Centre régional d’initiative et de formation en agriculture et technologies innovantes dans le département du Nkam. Le Président-directeur général de la structure promet d’améliorer leur situation.
Quelques employés du Crifat assis sous une tente le mercredi 27 octobre 2021. Photo: LPA
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Champs agricoles de Djeng : les cultivateurs du Crifat en détresse 

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Retards de salaires, conditions de travail difficile et insuffisance alimentaire, sont autant de maux qui rongent les employés du Centre régional d’initiative et de formation en agriculture et technologies innovantes dans le département du Nkam. Le Président-directeur général de la structure promet d’améliorer leur situation.

13h 26 mn ce mercredi 27 octobre 2021 sur le site d’exploitation du Centre régional d’initiative et de formation en agriculture et technologies innovantes (Crifat), à Djeng, dans le département du Nkam, région du Littoral au Cameroun. 80 employés cultivent la terre en permanence sur ce vaste domaine de 3500 hectares. En ce début d’après-midi ensoleillé, une vingtaine d’entre eux s’abrite sous la tente emménagée juste en face du bureau administratif. Regards médusés, mains sur les joues, ils scrutent à distance, les moindres faits et gestes de leur employeur en séjour sur les lieux. Gustave Nkonga Puga et deux de ses partenaires d’affaires Israéliens parcourent, depuis plus de deux heures, quelques coins des champs d’agriculture.

Sous la tente, les employés étouffent de colère. Redoutant la présence du Président-directeur général, certains n’osent pas hausser le ton. Toutefois, quelques courageux vont briser le silence. «C’est ma première fois de venir travailler ici. Nous voulons le changement. Depuis que je suis arrivé, je travaille on me dit que le salaire vient, mais depuis, le salaire ne vient pas. On nous dit d’attendre, mais on ne voit rien. J’aime avoir le cash quand je travaille», lance l’un des cultivateurs.

Son intervention va ouvrir la fenêtre à une série de plaintes. Ses collègues apeurés, vont finalement délier leurs langues. «Je travaille dans les champs de bananeraies. Je coupe les plantains. Il y a les zones de 100 FCFA, de 75 FCFA, et 50 FCFA…. Jusqu’à présent, on ne m’a pas encore dit comment ça se passe avec les salaires. Je ne sais même pas combien je dois toucher», s’indigne une nouvelle recrue du Crifat. Son collègue d’en face quant à lui, soulève le volet alimentaire. «On ne mange pas bien. On ne vit pas bien. Je pensais que c’était une société où on donnait la ration aux ouvriers pour leur permettre de travailler leurs salaires tranquillement. Ici, quand tu manges et bois, à la fin du mois, on coupe dans ton salaire. Je ne peux pas supporter ça. On mange deux fois par jour, mais ce n’est pas vraiment ça», explique ce dernier, indigné.

Gustave Nkonga’a Puga et deux de ses partenaires d’affaires Israéliens parcourent

Les cultivateurs du Crifat rentrant des champs après une journée chargée. Photo : LPA

100 employés jettent l’éponge

Anselme Ewané est régisseur du site du Crifat de Djeng depuis plusieurs années. Il nous apprend que sur les 3500 hectares que compte ce domaine agricole, 600 hectares sont réservés à la culture de bananes plantains ; 40 hectares à la production des ananas, 52 hectares de manioc et 8 hectares de poivre. Un projet d’arbres fruitiers, en partenariat avec Israël, devant s’étendre sur 1500 hectares, y est développé depuis deux ans. Parmi ces arbres, le régisseur cite les orangers, mandariniers et les pamplemoussiers. «Les premiers arbres ont déjà commencé à produire», affirme-t-il.

Au départ, Anselme Ewané se souvient que «nous étions 180 employés sur le site. Aujourd’hui, avec la crise du Covid-19 et les autres difficultés que nous traversons, nous sommes maintenant à 80 employés».

En termes de production, les plantations de Djeng génèrent six camions (conteneurs) par semaine, dans lesquels l’on retrouve 1200 régimes de bananes plantains et 4000 têtes d’ananas. Selon M. Ewané, «la production était carrément le triple avant la crise du Covid-19 et les nombreuses difficultés que le centre traverse».

Parmi les 80 employés restants, l’on retrouve 12 femmes. A en croire le régisseur, elles exercent des travaux moins pénibles que les hommes, mais perçoivent le même salaire. Soit 2500 FCFA par jour.

Les promesses du boss 

En plus des problèmes cités supra, le site d’exploitation de Djeng ne dispose que d’une petite boite à pharmacie. Ce mercredi, le seul infirmier des lieux, qui n’a visiblement pas de remplaçant, a pris ses congés. Malgré cet état de chose, le Pdg du Crifat estime que ses collaborateurs «ont les meilleures conditions de travail que la plupart des exploitations dites industrielles au Cameroun».

Retards de salaires, conditions de travail difficile et insuffisance alimentaire, sont autant de maux qui rongent les employés du Centre régional d’initiative et de formation en agriculture et technologies innovantes dans le département du Nkam. Le Président-directeur général de la structure promet d’améliorer leur situation.

Gustave Nkonga Puga, Président-directeur général du Crifat et ses partenaires parcourent les champs agricoles du Djeng. Photo: LPA

Alors que la crise du Covid-19 qui plombe les économies mondiales, n’a pas encore dit son dernier mot, Gustave Nkonga Puga rassure que les solutions aux revendications de ses collaborateurs «sont en chemin». S’il annonce un retour à la normale avec l’accompagnement promis par l’Etat du Cameroun, le timing reste confus.

Didier Ndengue, de retour de Djeng          

 

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