Assainissement de la ville de Yaoundé : que vaut le veto du Premier ministre ?

Le chef du gouvernement camerounais donne une semaine aux autorités locales pour élaborer un plan spécial d’assainissement de la capitale. Sera-t-il suivi ?

« Yaoundé doit changer de physionomie. Et c’est maintenant ! » Tel est le vœu pieux du Premier ministre, chef du gouvernement. Joseph Dion Ngute l’a réitéré hier à Yaoundé au terme d’une réunion interministérielle.

Le Premier ministre a donné une semaine aux principaux acteurs concernés pour proposer « un plan spécial d’assainissement de la ville ». À l’immédiat, a-t-il ordonné, « doivent être engagés des travaux d’urgence pour traiter, 24 heures sur 24, tous les tas d’immondices; les nids de poule, ainsi que l’éclairage public de la cité capitale ».

Le constat du proche collaborateur du président de la République est clair : Yaoundé est devenue une ville poubelle. La dégradation de son réseau routier laisse croire qu’elle sort d’une guerre armée. Ce qui n’est pas vrai. Des tas d’immondices jonchent presque tous les grands carrefours de la capitale sous le regard impuissant des autorités administratives. Seuls quelques axes habituellement empruntés par le chef de l’Etat lors de ses sorties, affichent fière allure.

Les recommandations de Joseph Dion Ngute produiront-ils les résultats attendus quand on sait qu’il l’a déjà fait plusieurs fois sans être suivi ? Sera-t-il écouté dans une ville où les pesanteurs sont monnaie courante et où des sanctions exemplaires ne sont pas à l’ordre du jour ? Le veto du Premier ministre aura-t-il l’effet escompté dans un gouvernement où même les instructions du président de la République sont ignorées ? C’est autant de questions qui taraudent l’esprit des Camerounais à l’annonce d’un plan spécial d’assainissement de la ville de Yaoundé. Même si ce plan venait à être élaboré, rien ne nous rassure, au regard des expériences passées, que des dispositions adéquates seront prises pour qu’il ne soit pas bricolé sur le terrain ?

Il serait souhaitable que le Premier ministre tienne ladite réunion interministérielle devant les tas d’immondices et de nids de poule de Yaoundé pour montrer qu’il mesure la gravité de la situation. Espérons que les prochaines sorties se feront sur le terrain et non dans des bureaux climatisés, loin des réalités et du calvaire des populations.