Suite à l’augmentation des prix du carburant à la pompe le 2 février dernier, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun a saisi le Représentant résident du FMI au Cameroun, en vue d’obtenir des éclaircissements sur la question de la subvention du carburant et les politiques sociales du FMI au Cameroun.
Dans sa correspondance, le Président du MRC, Maurice Kamto relève que « dans le rapport de son voyage au Cameroun du 19 octobre au 1er novembre 2023, dans le cadre de la cinquième revue du programme appuyé par la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et le Mécanisme Élargi de Crédit (MEDC), Mme Cémile Sancak, cheffe de mission du FMI pour le Cameroun, souligne que » l’exécution du budget du (Cameroun) a été facilité par une augmentation significative des recettes non pétrolières. Cependant, elle a été affectée par les subventions au carburant en 2022 qui ont été nettement plus élevées que prévu et reportées en 2023. Une part substantielle des subventions en 2023 devrait également être reportée en 2024 ».
Selon le Président du MRC, c’est sur cette déclaration que les autorités camerounaises se sont fondées pour décider de la hausse des prix du carburant du 2 février dernier, laissant supposer, selon lui, que l’ancienne tarification du carburant à la pompe, reste un produit subventionné par le gouvernement du Cameroun.
Le paradoxe
Prenant l’exemple de quelques pays voisins, Maurice Kamto fait une observation selon laquelle, « le Nigeria, qui a arrêté la subvention des produits pétroliers dans la 2eme moitié de l’année 2023, à un prix à la pompe de 440 FCFA/litre de Super en janvier 2024, alors que lorsque la subvention y était appliquée, le prix à la pompe était largement inférieur à 200 FCFA/litre, le coût international moyen de production d’un litre de super étant environ de 225 Fcfa. Dans le même ordre de comparaison, le litre de super coûte 595Fcfa au Gabon, 570Fcfa en Guinée Équatoriale, sans subvention aucune de ces pays », note-t-il. Et de poursuivre : « Depuis le 3 février 2024, les prix à la pompe au Cameroun sont de 840 FCFA le litre de super (près du double du prix au Nigeria) et 828 Fcfa le litre de gasoil ».
Au vue d’un tel paradoxe, le Président du MRC sollicite des éclaircissements du FMI afin d’être convaincu que « le Cameroun ne fonctionne pas sur un marché international parallèle, où les prix et les coûts n’ont rien de commun avec l’espace des échanges internationaux connus de tous ».
Maurice Kamto évoque par ailleurs d’autres faits marquants qui selon lui, se sont déroulés en contradiction avec les réalités d’un pays sous ajustement structurel et sous surveillance du FMI, sachant la rigueur qui est prônée par cette institution. Il cite entre autres le scandale dit de la « Cangate » à travers « la gestion calamiteuse au travers des marchés de gré à gré, qui aurait porté le coût total à près de 2000 milliards Fcfa ».
Autre fait, Maurice Kamto cite la mal gouvernance et la corruption qui, affirme-t-il, sévissent au Cameroun. Pourtant, déplore le Président du MRC, « l’une des missions principales de l’ajustement structurel est pourtant de réduire substantiellement la dépense publique et le train de vie de l’État (…) Depuis le premier plan d’ajustement structurel mis en place au Cameroun par le FMI en 1988, les populations appauvries ont supporté le coût le plus élevé de l’ajustement structurel alors même que ce sont les gouvernants qui sont la cause première des dérapages observés de l’économie nationale… ».
De tout ce qui précède, le Président du MRC a donc sollicité du FMI dans sa correspondance du 7 février 2024, une rencontre avec les acteurs intéressés, à laquelle prendra part le MRC, « afin de mettre en lumière le concept de subvention » tel que pratiqué par le FMI, et de comprendre leurs visées sociales dans le contexte camerounais.
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