Affaire Liyeplimal : comment la Cosumaf et la Cobac ont contraint les banques de ‘’geler’’ les fonds des investisseurs
Nagoum Yamassoum, président de la Cosumaf
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Affaire Liyeplimal : comment la  Cosumaf et la Cobac ont contraint les banques de ‘’geler’’ les fonds des investisseurs

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Au moment où Emile Parfait Simb, le président directeur général de Global investment trading fait face à un emballement judiciaire et médiatique, les acteurs de l’ombre se frottent les mains en attendant sa chute. La chronologie des faits.

Les ennuis judiciaires d’Emile Parfait Simb n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Le 26 mai 2022, alors qu’il s’apprête à prendre un vol pour le Maroc, où il est attendu à un forum sur les crypto-monnaies, le président directeur général de Global investment trading (GIT) est interpellé à l’aéroport international de Douala par des policiers qui mettent en exécution un mandat d’amener du procureur de la République près du Tribunal de première instance de Yaoundé. L’opérateur économique de 39 ans passera deux jours en garde à vue dans la capitale camerounaise, selon des sources médiatiques qui s’adonnent à cœur joie à cette actualité.

Le promoteur de GIT est traité d’escroc, de vendeur d’illusion….Les premières personnes à lui coller ces nombreuses étiquettes dégradantes dans le but de le discréditer dans l’opinion, sont en réalité tapis dans les institutions financières et de lutte contre le blanchissement.

Cryptomonnaie

Informaticien de profession, Emile Parfait Simb crée GIT en août 2017. La structure est spécialisée dans le trading des crypto-monnaies (achat et vente en temps réel et développement des applications Blockchains). Comme toute entreprise novatrice, elle connait plusieurs difficultés dans ces échanges. «Des personnes qui ne connaissaient pas bien le fonctionnement des crypto-monnaies les achetaient quand-même contre le CFA, mais dès que ces cryptomonnaies perdaient la valeur, ces mêmes personnes couraient en entreprise à GIT criant au scandale de l’arnaque pour être remboursées. Et lorsque l’entreprise refusait de leur rembourser, celles-ci se dirigeaient soit dans un commissariat ou dans une  gendarmerie et l’entreprise se trouvait contrainte de leur rembourser», explique une source au sein de GIT.

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L’alerte de la Cosumaf  

Malgré ces péripéties, Emile Parfait Simb poursuit son aventure. En nombre 2017, l’homme d’affaires lance la plateforme Liyeplimal. La même année, il crée un centre de formation appelé «Trading academy».

En 5 ans, plus de 2500 jeunes au Cameroun et plus de 10 000 hors du pays sont passés à l’école de GIT selon les chiffres communiqués par l’entreprise.

En février 2020, le top management de l’entreprise se rapproche de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) pour lui présenter ses activités et solliciter un encadrement du secteur des crypto-monnaies au Cameroun. En lieu et place d’un texte qui encadre le secteur, la Cosumaf va servir une « alerte » après la sollicitation de Emile Parfait Simb. Le 23 octobre de la même année, l’institution régionale informe les populations de la Cemac que l’exercice des activités de crypto-actifs ne fait pas l’objet d’encadrement réglementaire dans la sous-région. «Par conséquent, aucun prestataire d’actifs numériques ne peut proposer de tels services », alerte l’ambassadeur Nagoum Yamassoum, président de la Cosumaf.

Le 6 mai 2022, après l’adoption du bitcoin comme monnaie officielle par les autorités centrafricaines, le président de la Cobac, Abbas Mahamat Tolli préside une session extraordinaire pour examiner «les impacts des crypto-actifs sur la stabilité du système bancaire et financier de la Cemac». Au cours de ladite réunion, le président de la Commission va rappeler certaines interdictions liées à l’utilisation des crypto-actifs dans la région, notamment « la souscription ou la détention des cryptomonnaies de quelle que nature que ce soit pour compte propre ou pour compte des tiers, l’échange ou la conversion, le règlement ou la couverture en devise ou en franc CFA des transactions relatives aux cryptomonnaies ou ayant un lien avec celles-ci, l’interdiction du bitcoin ou de toute autre cryptomonnaie comme moyen d’évaluation des éléments d’actif, de passif ou de hors-bilan des établissements assujettis.»

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Avant cette sortie musclée du régulateur, les banques partenaires de GIT subissaient déjà des pressions de la Banque centrale. De janvier 2019 à décembre 2020, tout se passait correctement. Tous les investisseurs avaient à leur disposition pour certains, des cartes visa, d’autres recevaient leurs paiements par virement bancaire à partir des banques partenaires de l’entreprise (UBA, Afriland First Bank, CBC).

En octobre 2020, GIT est en rupture de stock des cartes. L’entreprise se rapproche de UBA pour une nouvelle commande, qui ne sera jamais livrée. Le partenaire banquier va officiellement brandir la carte «Covid» pour justifier son refus. L’on apprendra plus tard qu’il était obligé de se conformer aux exigences en vigueur de peur d’écoper d’une sanction. «GIT avait effectivement ouvert un compte ici à UBA. Il était un revendeur de cartes prépayées qui ne sont pas liées à un compte bancaire. Après on s’est rendu compte qu’ils utilisaient notre logo dans leur publicité. On a fermé leur compte parce que la banque centrale l’interdit», explique un responsable à la direction générale de UBA à Akwa.

La filiale camerounaise de la banque panafricaine nigériane se séparera ainsi de l’un de ses meilleurs clients.

«Ayant constaté que UBA ne veut plus nous livrer, nous avons fait un partenariat avec un autre partenaire de UBA à qui nous avions commandé 5000 cartes, ensuite 10 000. En août 2021, celles-ci sont épuisées, et nous n’avons plus la possibilité d’en avoir d’autres parce qu’eux aussi ont des problèmes avec UBA», apprend-on au sein de GIT.

L’offensive de la Cobac  

Février 2021, Emile Parfait Simb, pour sauver son activité et les fonds de ses investisseurs, achète une micro-finance qu’il compte utiliser pour faire des paiements. La stratégie fonctionne d’avril à septembre 2021. L’entreprise est contactée par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) qui lui conseille de ne plus faire les paiements issus des crypto-monnaies dans la micro finance de peur de perdre son agrément.

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Le même mois, les membres Liyeplimal reçoivent un message de UBA stipulant que «désormais, l’utilisation des cartes visa hors de la zone Cemac sera conditionnée par la présentation du visa du pays où vous êtes, du billet d’avion et de la durée de votre séjour». La banque est consciente que 80% des membres Liyeplimal qui utilisent ces cartes sont hors de la zone Cemac. Deux mois plus tard (novembre), comme si elles se sont passées le mot pour clouer leur partenaire d’affaires, Afriland First Bank ferme tous les comptes du groupe Simb et refuse de faire le virement de son argent qui y était logé dans ses comptes dans une autre banque. Elle décide de lui remettre en cash plus d’un milliard et demi. UBA va également fermer les comptes de GIT. Le motif avancé est que la structure ne dispose pas d’un agrément de cryptomonnaie. Un document qui n’existe pourtant pas au Cameroun.

Coincé, le CEO lance Liyeplimal 2.0, «c’est-à-dire la tokénization des Limo qui deviennent désormais le Limocoin, crypto-monnaie à part entière cotée en bourse comme le Bitcoin, le Ripple, l’Etherium, le USDT… ».

Didier Ndengue

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