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Bataille pour le contrôle des mines d’or et de diamants centrafricaines : Washington et Paris en rangs serrés face à Faustin Archange Touadera et Moscou

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Les deux puissances mondiales et leurs alliés sont engagés dans une campagne de dénigrement de l’action du chef de l’Etat centrafricain.

La République centrafricaine (RCA) est au cœur de toutes les convoitises. Le président Faustin Archange Touadera, réélu à la magistrature suprême en décembre 2020, ne cède à aucune pression, ni chantage de ses ennemis jurés qui lorgnent le sous-sol centrafricain. Les Forces armées centrafricaines (FACA), soutenues par des instructeurs russes, ont mis les groupes rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (Cpc) en déroute.

L’autorité de l’Etat est en train d’être restaurée sur l’ensemble du territoire national. En quelques mois, Moscou corrige la copie de Paris dans le domaine de la sécurisation de la RCA. Une défaite qui, selon Mediapart, a poussé la France à prendre ses distances en catimini avec la Centrafrique. «Ces derniers jours, des coopérants français déployés en République centrafricaine (RCA), parmi lesquels des militaires, ont pris l’avion en direction de Paris pour un vol sans retour», rapporte le journal le 4 juin 2021.

Emmanuel Macron a également engagé une série d’actions visant à asphyxier l’économie centrafricaine et à ternir l’image de son dirigeant. Le président français a gelé l’appui budgétaire direct de son pays à la RCA. Les relations entre Bangui et Paris ont atteint un point de non-retour. Dans la même mouvance, des experts des Nations Unies et des journalistes français ont rendu public il y a quelques jours, un rapport d’enquête sur de présumées violations des droits de l’homme attribuées aux militaires centrafricains (FACA) et à leurs alliés russes lors d’une contre-offensive menée contre la rébellion de la Cpc. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision panafricaine Afrique Média il y a deux semaines, l’Ambassadeur de Russie en Centrafrique, Vladimir Titorenko remet en question ce rapport, qui de son point de vue, n’est pas crédible.

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«Ce qui a été fait comme investigation, n’était pas légitime. Comment on peut organiser des investigations sans l’approbation du gouvernement légitime ? Il y a une autre interrogation. Pourquoi cette investigation contre les instructeurs russes et pourquoi pas contre les autres militaires étrangers qui sont présents ici en RCA?» S’interroge le diplomate russe qui s’étonne de ce que son pays, qui est membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu n’ait pas été informé de cette enquête. Le diplomate ajoute: «C’est impossible d’expliquer comment quelques groupes d’experts de l’Onu dépendants ou indépendants peuvent organiser des investigations contre les membres permanents du Conseil de sécurité sans informer mon gouvernement».

Bangui avait également contesté ledit rapport. Toutefois, les inquiétudes de Vladimir Titorenko semblent trouver des réponses dans la déclaration du général Nick Carter, plus haut gradé britannique qui considère la Russie comme une «menace aiguë». Cette position a été exprimée en marge du sommet de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) tenu lundi après celui du G7.

« Nos relations avec la Russie sont à leur point le plus bas depuis la fin de la guerre froide », a déclaré Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN rapporté par l’Agence Ecofin. «Ces prises de positions, qui suggèrent une hostilité grandissante entre l’Occident et Moscou, pourrait annoncer encore plus de rivalités entre ces deux blocs, pouvant affecter notamment des intérêts africains », analyse le confrère Ayi Renaud Dossavi, qui rappelle que «Moscou est de plus en plus engagé géopolitiquement sur le continent, notamment en Centrafrique».

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Soutien fraternel

Le terrain centrafricain est fertile au point d’engendrer des querelles entre grandes puissances, membres du Conseil de sécurité. Après le rapport des experts indépendants des Nations Unies et des journalistes français contre les instructeurs russes en Centrafrique, qui semble avoir accouché d’une souris, The Sentry, une structure américaine et la chaîne de télévision CNN ont publié, le 15 juin 2021, un autre rapport d’enquête contre le groupe Wagner, qui, selon eux, est « une machine à piller et à tuer».

«Le groupe Wagner, étroitement lié au Kremlin, commet des atrocités de masse sur des civils en Afrique centrale », affirme le rapport. Ces organismes de Washington croient savoir qu’une « armée de mercenaires liée au Kremlin se livre à un carnage dans le but de contrôler des mines d’or et de diamants en République centrafricaine et renforcer l’influence russe en Afrique.»

CNN et The Sentry reprennent tout simplement un morceau choisi d’Emmanuel Macron, qui, pour justifier la perte de l’influence française en République centrafricaine, avait récemment déclaré dans le JDD qu’il existe des «mercenaires prédateurs russes au sommet de l’Etat (RCA) avec un président Touadéra qui est aujourd’hui l’otage du groupe Wagner…ce groupe s’empare des mines, et par là même du système politique

Retour de la guerre froide

En Afrique centrale, les experts en politique internationale suivent la guerre de l’Occident contre la Russie de près. Joseph Vincent Ntuda Ebodé, professeur titulaire des universités en relations internationales et études stratégiques à l’Université de Yaoundé II-Soa et à l’Université panafricaine pense que le dernier rapport des institutions américaines contre Faustin Archange Touadera et la Russie « se situe dans le sillage de la guerre de communication que se livrent depuis plusieurs mois la France et la Russie en Centrafrique. Il intervient dans un contexte où la France est en perte de vitesse dans plusieurs théâtres d’Afrique centrale et de l’Ouest. Il montre néanmoins qu’une coalition de pays occidentaux est en train de se former contre l’engagement Russe en Afrique et tout cela rappelle l’époque de la guerre froide. Il faudrait donc s’attendre aussi à la formation d’une contre alliance favorable aux positions Russes et qui pourrait compter au moins la Chine, la Syrie et l’Iran. Par ailleurs, le recourt aux sanctions économiques, militaires et politiques contre la Centrafrique ou le Mali risque plutôt produire des effets pervers; débouchant d’une part sur la radicalisation des pays cibles et sur leur basculement total dans les mains russes, mais aussi et d’autre part, sur un effet domino de certains autres États des deux sous-régions

Le colonel à la retraite, Didier Badjeck partage le même point de vue que le géo-stratège. « Il est évident que la France perd ses empreintes en Afrique du fait de l’implantation chinoise et les autres BRICS sur le plan commercial, et de la Russie qui veut conquérir son influence grâce à  la coopération militaire. Il faut noter que ces deux pays s’attachent la sympathie des dirigeants qui ne s’accoutument d’alternances dictées par Paris et essentiellement motivées par les intérêts des holding qui sollicitent des pions plus malléables à la tête des Etats africains au motif de principes démocratiques très cosmétiques et soporifiques. Les Russes sont en plein marketing et travaillent pour le long terme. La Chine quant à elle consolide ses acquis économiques investis depuis un moment. Washington se rend bien compte de la situation qui bascule en faveur de ces deux pays, et sait pertinemment qu’en 2050, sera maître du monde qui sera mieux étreint en Afrique. Les USA ne peuvent plus laisser la France seule dans ce combat, ses atouts d’antan s’étant transformés en une sorte de Françafrique nauséabonde aux yeux d’une opinion harassée par une coopération de dupes cinquantenaire, basée  sur une économie rentière. Les USA plongent donc dans le combat, mais il est bien tard. L’Afrique se vend désormais au mieux disant, et cette concurrence permettrait aussi de la faire sortir de sa déliquescence», argumente le Directeur de la Cameroon consulting and prospective.

Joseph Vincent Ntuda Ebodé est convaincu que les mois à venir risquent d’être tumultueux tant en Afrique Centrale qu’en Afrique de l’Ouest. «Ni les reconfigurations de la puissance, ni les déstabilisations ne sont pas à exclure», prévient l’universitaire camerounais.

Didier Ndengue  

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