L’ancien directeur général de la chaîne de télévision privée Vision 4 a passé sa deuxième nuit au Groupement de Gendarmerie de Yaoundé.
Les téléspectateurs de Vision 4 sont remontés contre Jean-Pierre Amougou Belinga. Le promoteur de la chaîne de télévision pro-régime a fait arrêter l’un de ses meilleurs collaborateurs le jeudi 18 juin 2020 au siège de son groupe de médias au quartier Nsam à Yaoundé. Le journaliste est accusé de « haute trahison, complot contre l’Etat du Cameroun, détournement de fonds, malversations financières etc. », selon un reportage diffusé sur la télévision bleue, après son arrestation. Depuis son interpellation, Ernest Obama est gardé à vue au Groupement de Gendarmerie de Yaoundé.
Aucune plainte n’avait été déposée contre lui au moment de son interpellation. Un tweet de Dénis Nkwebo, président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) renseigne que la plainte n’a été déposée que vendredi, soit 24h après l’arrestation de l’ancien directeur général de Vision 4 et directeur de rédaction du bihebdomadaire « L’Anecdote ». Un abus de pouvoir condamné à l’unanimité sur les réseaux sociaux par les confrères d’Ernest Obama.
« Donc Amougou Belinga à lui tout seul est une institution dans ce pays. Comment des charges aussi saugrenues comme celles-là peuvent-elles être retenues contre un employé du secteur privé dont le patron n’est ni un ministre, ni un homme d’État ni un ancien quelque chose dans ce pays?» S’interroge le journaliste Auréole Tchoumi sur sa page Facebook.
Au sein du gouvernement de la République, le sujet alimente les conversations. Si aucune sortie officielle n’a été faite jusqu’à ce samedi 20 juin 2020 par le ministère de la justice, une source proche du sérail nous informe que la vague d’indignation a également affectée les membres du gouvernement qu’Ernest Obama a défendu bec et ongles à Vision 4, où il officiait depuis plusieurs années.
Injustice
Le journaliste a souvent pris des risques au péril de sa vie. Il est allé jusqu’à tenir des propos jugés négatifs contre le principal syndicat de défense des droits des journalistes camerounais (Snjc). Mais le président Dénis Nkwebo, en bon leader syndical, au regard de ses nombreux tweets depuis son arrestation, ne compte pas lâcher ce confrère en détresse, malgré des voix discordantes au sein de la corporation.
« Ce qui gêne dans ce cas de figure c’est entre autres, le caractère ubuesque de son interpellation. Une humiliation manifestement congénitale selon les pratiques antécédentes du même organe de presse. Le silence de la corporation sur ce cas, serait synonyme de complicité dans ce processus de mise aux enfers d’un journaliste et la plume qui l’a relaté, les voix qui l’ont porté au public resteront à jamais complices du supplice d’un confrère/collègue », pense Eric Kouamo, ancien rédacteur-en-chef d’Equinoxe télévision.
Didier Ndengue
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