C’est la connotation qu’il y avait à donner à l’accueil plutôt très chaleureux qui a été réservé ce 13 octobre 2024, au révérend Justin Njikeu, ancien pasteur principal de la paroisse du Centenaire dont on sait qu’il avait été poussé à l’exil au lendemain de la grande crise qui a secoué cette congrégation religieuse en 2017.
La paix et la réconciliation sont assurément de retour au sein de l’Église évangélique du Cameroun (Eec). En témoigne l’attitude affichée par le corps pastoral et les fidèles chrétiens de la paroisse mère du Centenaire de cette Église à l’endroit du Rev. Justin Njikeu qui, de retour au Cameroun, a pris part au culte d’adoration du 13 octobre 2024 à Douala en présence de Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la région du Littoral.
A l’observation, on pourrait parler d’une « nouvelle naissance » pour laquelle les anciennes choses ne relèvent plus que du passé. Mais pour que cette paix du cœur, cette réconciliation puisse être effective au sein de l’Eec en général et à la paroisse du Centenaire en particulier où Justin Njikeu avait été pasteur principal pendant plus de 30 ans sans aucun grief, l’officiant du jour, Pasteur Georges Ngankou, s’inspirant de trois textes, à savoir : Proverbes 3 : 13-20 ; Hébreux 4 : 12-13 et Marc 10 : 17-30, s’est appesanti sur la renonciation. « Nous sommes tous riches en quelque chose qui nuit aux autres et dont on doit s’en débarrasser pour suivre Jésus », pour que, ayant regardé cet homme qui a accouru vers lui, Jésus l’aima, et il lui dit: «Il te manque une chose: va vendre tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, charge-toi de la croix et suis-moi».
Il faut dire qu’à la suite de la crise qui avait déchiré l’Eec au sortir des élections de 2017 et dont la bataille se jouait principalement à la chapelle mère du Centenaire, le pasteur Justin Njikeu qui en était le pasteur principal en avait fait les frais avant, pendant et après ce scrutin. Ayant fait l’objet de persécutions diverses, allant jusqu’à son remplacement au poste de pasteur principal à sa décharge après 30 ans de carrière sans le moindre grief, avait fini par s’exiler aux USA. Pour autant, et poursuivant son œuvre d’évangélisation, il n’avait cessé de travailler dans l’ombre pour un retour à la paix au sein de l’Eec. « Je suis et ne peut qu’être honoré d’être là. C’était un honneur, c’était un plaisir. C’est avec beaucoup de joie que je retrouve les fidèles, les hommes enfants avec qui on a prié, avec qui on a adoré Dieu et de voir que le Seigneur les a préservés », a souligné le pasteur Justin Njikeu avant d’ajouter : « C’est toujours une grande joie de voir que l’Église malgré les vents, malgré les tempêtes, malgré la pluie, malgré tout ce qui s’est passé, retrouve ses hommes fidèles dans la foi. C’est ça qui est essentiel (…) La crise peut être très positive et très utile permettant aux uns et aux autres de prendre de nouveaux départs ». Un point de vue qu’a partagé Pasteur Georges Ngankou : « Quand des frères, des sœurs se retrouvent effectivement, on connecte les parties de cette parole (…) Aucune structure humaine ne peut avancer sans critique, sans difficultés. Mais le plus important, ce ne sont pas les difficultés qu’on rencontre. Mais, c’est comment et où trouver des réponses pour résoudre ces problèmes. Et là ça veut dire qu’on peut échouer. Mais que l’échec ne soit pas fatal. Faut pas que l’échec soit un drame, on peut avoir des problèmes. Il faut que les hommes aient le courage de s’asseoir pour reconstruire, pour bâtir une nouvelle dynamique. Et c’est ce que notre Église affronte pour reconstruire une nouvelle dynamique (…) Il y a plusieurs autres combats que les chrétiens devraient vivre pour avoir la victoire, pour que la gloire revienne toute seule».
Né le 12 février 1954 à Bangoulap, Justin Njikeu est à l’origine de la création de plusieurs paroisses. Professeur de théologie, c’est un expert en développement, enseignant, éditeur consultant des villes, avec élaboration du diagnostic de la pauvreté, formulation des stratégies de développement urbain. Il est également membre consultant de la coalition des ONG sur les établissements humains (Congeh). Avec autant de flèches qu’il a dans son carquois, le pasteur Justin Njikeu sait mieux que quiconque à quoi renvoie les paroles tirées de l’Evangile de Marc 10 : 17-30.
Martin Paul Akono
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